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Publié par Michel Bouffioux

Jean Claude Van Cauwenberghe

Jean Claude Van Cauwenberghe

Enquête publiée dans l'hebdomadaire belge Ciné-Télé Revue, le 6 octobre 2005.

Au travers de cinq témoignages concordants d’ouvriers de «La Carolorégienne», Ciné-Télé Revue révèle tous les détails de l’un des aspects très peu reluisant du scandale qui a causé la démission du ministre-président du gouvernement wallon, Jean-Claude Van Cauwenberghe. A savoir, les heures de travail illégales que les membres du personnel de la société de logement étaient obligés de prester chez leurs patrons socialistes. «On n’avait que le droit de se taire et d’exécuter les ordres sinon c’était le C4.», expliquent-ils. Qui a bénéficié de ces prestations gratuites? Six noms sont cités. Ceux des trois (ex) échevins Claude Despiegeleer, Serge Van Bergen et André Liesse. Mais aussi celui non encore évoqué publiquement dans ce dossier de Gilbert Lamoline, un ex-administrateur de la Carolo. Et puis, last but not least, ceux d’un ex-sénateur socialiste, Francis Poty et de Jean-Claude Van Cauwenberghe himself…

1. «Ils m’ont envoyé travailler dans le kot du fils Despi à Bruxelles»

Avec ses 23 ans d’ancienneté au sein de la Carolo, Jacqueline Geeraaerts (49 ans) connaît très bien l’histoire et les petites histoires de cette société de logement social. Quelques heures après avoir confié son témoignage à la justice – c’était vendredi dernier-, elle a accepté de répondre à toutes nos questions. C’est une première : jamais jusqu’à ce jour un membre du personnel de la Carolo n’avait osé dire tout ce qu’il savait sans se dissimuler derrière un nom d’emprunt. «Je n’ai rien à me reprocher. Si j’ai dû travailler chez certains administrateurs de la Carolo pendant mes heures, c’était sur ordre. Alors je ne vois vraiment pas pourquoi je me cacherais», explique-t-elle.

- Depuis quand êtes-vous employée par la Carolo ?

- J’y suis rentrée en 1982, en temps que peintre. A l’époque, cela s’appelait encore «Maison pour tous» et Jean-Claude Van Cauwenberghe en était l’administrateur-délégué. C’est lui qui a signé mon contrat. Au fil du temps, j’ai été amenée à remplir aussi d’autres fonctions. Cette société m’emploie aussi comme vitrier et, c’est moins amusant, pour la désinfection quand il y a des cafards dans un logement. Je fais un peu de tout, quoi!

- Pour quelle rémunération ?

- Quand je suis rentrée, je gagnais 26.000 francs par mois. Aujourd’hui, cela tourne autour des 1.150 euros, plus environ 100 euros de chèques repas. Quand je découvre que des gens comme Despi pouvaient déjà dépenser plus que mon salaire en deux notes de restaurant, cela me reste évidemment en travers de la gorge.

- Comme d’autres ouvriers de la Carolo, avez-vous été amenée à devoir travailler pour le compte d’administrateurs pendant vos heures de travail ?

- Oui. La première chose du genre que l’on m’a demandée est venu très rapidement après mon engagement : il s’agissait, avec cinq ou six autres membres du personnel de la Carolo, de préparer des enveloppes pour une campagne électorale. On a fait cela dans l’appartement de Jeanine G. à Lodelinsart, pendant les heures de travail. Les enveloppes contenaient des tracts du PS carolo à distribuer dans les boîtes aux lettres. Je me souviens qu’à cette époque, on m’a bien fait comprendre qu’il ne fallait pas rechigner face à ce genre de tâche. Et surtout qu’il fallait faire allégeance au PS tout puissant. Je me souviens d’ailleurs d’une anecdote éclairante. Lors de ces mêmes élections, ma sœur s’était présentée aux élections sur la liste d’un autre parti que le PS. Francis Poty, l’un des dirigeants, m’a convoquée pour me demander des comptes : «Si tu es du même parti que ta sœur, on te vires!». C’est le genre de phrase qui marque.

- Avez-vous été l’objet d’autres demandes un peu spéciales ?

- Oui, il y a quelques années, on m’a ordonné d’aller travailler à Bruxelles. Il s’agissait de faire de la rénovation intérieure dans un kot d’étudiant qui se trouvait près de l’Université Libre de Bruxelles. Ce logement privé était destiné à l’un des fils de Claude Despiegeleer. Ne connaissant pas la capitale, je m’y rendais en compagnie de Fernand D., un magasinier de la Carolo qui, depuis lors, a quitté la société. Deux autres membres du personnel m’avaient précédée en cet endroit mais Despi et Jean-Claude Tison (Ndlr : l’ex-directeur des travaux de la société de logement, lequel a quitté la Carolo avec quelques 450.000 euros d’indemnité) n’étaient pas contents de leur travail. Or, il fallait que tout soit impeccable pour accueillir le petit de Despi.

- Donc, il y a quatre personnes qui ont travaillé dans ce «kot» ?

- Quatre personnes en peinture. Mais il y en a eu d’autres, parce qu’il y avait aussi des choses à faire en menuiserie et en plomberie…

- D’autres administrateurs ont-ils bénéficié de vos services pendant vos heures de travail ?

- En 2000 ou 2001, avec mon collègue Christophe P., nous avons reçu l’ordre d’aller installer des doubles vitrages dans une maison qui se situait rue de Villers à Couillet. Cette maison appartenait à l’administrateur André Liesse et à cette époque, il y logeait un joueur de foot de l’Olympic de Charleroi. Je me souviens que Liesse était tout de même un peu mal à l’aise. Il m’a dit quelque chose du genre : «Madame, ne vous inquiétez pas, je vais les payer les carreaux». Quelque temps plus tard, Claude P., un autre ouvrier de la carolo a été invité à faire des travaux de charpente au domicile de Liesse. Toujours, pendant ses heures de travail… Par ailleurs, il y a trois ans, j’ai dû aussi aller changer des vitres au domicile de l’échevin Van Bergen. C’était dans son arrière-cuisine.

- Avez-vous connaissance d’autres «travaux spéciaux» auxquels vous n’avez pas participé ?

- Beaucoup d’informations circulent en ce moment dans le personnel. Il est question de travaux qui auraient été fait dans un appartement à la mer du nord et dans une maison en France, du côté de Carcassonne.

- Avez-vous le sentiment que la justice va aboutir dans ce dossier ?

- Les enquêteurs qui m’ont interrogé m’ont donné l’impression d’être très compétents. J’ai juste un regret : ils ne s’intéressent qu’aux cinq dernières années de la vie de la société, en raison de la prescription sur le plan pénal.

2. «Il était très exigeant sur la qualité de la décoration»

Olivier (prénom d’emprunt) est un autre ancien de la société de logement social. 25 ans de bons et loyaux services en temps que peintre. Avec un brun d’humour, il nous a fixé rendez-vous au «Carolo», un café situé juste en face de l’Hôtel de ville de Charleroi. Un bâtiment que, du reste, il connaît bien. «En compagnie de deux collègues, Fernand D. et Eddy E., j’ai dû y aménager le cabinet de l’échevin Despiegeleer. J’y ai mis de la moquette rouge. Cela s’est fait pendant mes heures de travail pour la Carolo. Or, à ma connaissance, l’hôtel de ville n’est pas un logement social ! C’est le genre de truc qui me mettait mal à l’aise parce que je savais bien qu’il y avait du travail pour les locataires. Toutefois, on n’avait pas le choix. Tout le monde avait peur de perdre son emploi.»

- A quelle époque a-t-on commencé à vous imposer de travailler illégalement pour le compte d’administrateurs de la Carolo ?

- En ce qui me concerne, cela a commencé quand Despiegeleer est devenu président de la Carolo, au début des années ’90. La première chose du genre que l’on m’a demandé, c’était d’aller peindre et tapisser au domicile privé de Gilbert Lamoline, rue Tourette à Charleroi. C’était un mandataire du PS qui a été vice-président de la Carolo et qui a présidé aussi «L’Ecrin», une asbl liée à notre société de logement. Cet homme était un grand copain de notre ancien directeur des travaux : Jean-Claude Tison. Dans la foulée, Lamoline m’a aussi imposé d’aller rafraîchir la maison d’une amie à lui à Lodelinsart : un peu de peinture à l’intérieur et tout à l’extérieur. Par après, on m’a rappelé pour tapisser la cuisine de cette dame.

- Avez-vous aussi travaillé chez l’échevin Despiegeleer à Lodelinsart ?

- Oui. Egalement, pour de la peinture et du tapissage. On appelait sa maison «La Cathédrale». Il était très exigeant sur la qualité de sa décoration. Sur les murs nus, on mettait du «Tasso», soit de la poudre de verre, et ensuite seulement on pouvait mettre en couleur selon les conseils de l’architecte d’intérieur de Despi qui venait nous rendre visite sur le chantier. Avant cela, j’ai également travaillé dans une autre maison que Despi possédait rue de la Tourette à Charleroi. J’y ai fait l’intérieur comme l’extérieur. J’y ai été rappelé plusieurs fois pour résoudre des problèmes d’humidité. Quand on travaillait chez lui, Despi venait souvent voir l’évolution des travaux. On avait le droit d’aller dans le frigo pour se servir à boire et à manger. Faut dire que, par ailleurs, ces travaux ne lui coûtaient rien puisque tout se faisait pendant nos heures sur le compte de la Carolo.

- Lamoline, Despi, chez qui d’autre encore ?

- Chez le sénateur Francis Poty. Chez lui, j’ai été mettre de la moquette dans la grande pièce de séjour d’une maison qui se situait à Charleroi-Nord. J’ai dû faire un travail similaire dans un bureau qu’il occupait à L’Apollo de Lodelinsart.

- Van Bergen ?

- J’ai du aller mettre en couleur la corniche extérieure de sa maison, rue Motte. D’autres collègues sont aussi allés chez lui, à sa demande, pour tapisser et peindre l’intérieur.

- Van Cauwenberghe ?

- Je ne suis pas allé chez lui. Mais sur ordre de Despi, j’ai dû me rendre chez une avocate qui faisait partie de l’association Van Cauwenberghe-Lemal. Elle venait d’emménager dans de nouveaux locaux au centre-ville de Charleroi, près de l’endroit où se trouve le Consulat d’Italie et je devais y faire les travaux de peinture.

- Selon nos sources, certains de vos collègues sont allés au domicile de Van Cau ?

­- C’est vrai. Je les connais. Mais c’est à eux de vous le confirmer, s’ils en ont envie. (Ndlr : Nous lui citons deux noms donnés par l’un de nos informateurs. «Si vous avez pris note, c’est que c’est vrai», nous répond Olivier).

- D’autres endroits encore ou vous auriez travaillé pour le compte d’intérêt privé aux frais de la Carolo ?

- Il y a en plusieurs mais quand Despi m’envoyait faire des prestations extraordinaires de ce genre, je ne savais pas toujours chez qui je me trouvais. Je me souviens entre autres d’immeubles privés se situant à Ransart, à Jumet et à Marchienne. Si nécessaire, je suis prêt à les montrer aux enquêteurs.

- Par ailleurs, avez-vous dû travailler dans le cadre de campagnes électorales ?

- Oui, mais c’est très ancien. Du temps où Van Cau n’était pas encore bourgmestre et qu’il dirigeait «La Maison pour Tous», j’ai dû aider à la préparation de sa campagne électorale. Il s’agissait de plier des tracts et de les mettre dans des enveloppes. Cela se faisant dans un appartement de l’Appolo à Lodelinsart. Il y avait plusieurs membres du personnel de la société de logement qui se tapaient ce boulot. Ensuite, il fallait aller taper les tracts dans les boîtes aux lettres des logements sociaux. Je me souviens aussi d’avoir dû porter un grand panneau dans une école de Charleroi-Nord. Sur celui-ci, il y avait la tête de Van Cau.

3. «On a fait de tout. De la peinture, de la tapisserie, de la plomberie, de l’électricité»

«Moi, j’ai du faire des fournitures et des travaux de peinture dans des endroits qui n’avaient rien à voir avec la Carolo». Autre témoignage, mais contenu similaire. Gérard (prénom d’emprunt) est très attentif au respect de son anonymat. Nous ne dirons donc pas son ancienneté et sa fonction exacte au sein de la Carolo, mais nous savons que ce qu’il dit, il l’a également déclaré à la justice.

- Etes-vous de ceux qui ont reçu des ordres un peu spéciaux au cours de ces dernières années ?

- Oui. Par exemple, on m’a plusieurs fois demandé de faire des fournitures de matériel à des sociétés de logement qui n’avaient rien à voir avec la Carolorégienne. Par exemple, on m’a envoyé déposer des rouleaux de vynil à Châtelineau dans une maison qui ne dépendait pas la Carolo.

- En l’espèce, c’était pour qui ?

- Ah, cela Monsieur, je n’en sais rien. L’enquête va peut-être le révéler. Nous, on avait un ordre et on l’exécutait sans poser de question.

- D’autres exemples ?

- Chaque année, aux frais de la Carolo, on devait aller rafraîchir la salle de la Garenne parce que l’échevin Van Bergen faisait son souper là-bas.

- Etes-vous allé travailler aux domiciles privés de certains administrateurs ?

- Oui, chez Despi, Van Bergen et Poty.

- Quels types de travaux étaient réalisés chez ces gens ?

- On a fait de tout. De la peinture, de la tapisserie, de la plomberie, de l’électricité.

- Comment étiez-vous traités quand vous alliez chez eux ?

- On ne recevait même pas un verre d’eau. Et bien sûr, on n’avait pas de rémunération, c’était sur nos heures de la Carolo. Il y a eu une exception. Quand on est allé remplacer des vitres au cabinet d’avocat Van Cauwenberghe-Lemal, l’associé de Van Cau nous a donné une petite enveloppe qui contenait 25 euros…

- Et au domicile privé de Van Cau, vous y êtes allé ?

- Non, ce n’est pas moi. Il faut demander à d’autres personnes. Au sein du personnel, on ne parle pas que de son domicile à Charleroi. Il est aussi question d’un appartement à la mer mais je n’en sais pas plus.

- Pourquoi les ouvriers acceptaient de faire des prestations chez les administrateurs pendant leurs heures ?

- Ils nous faisaient du chantage à l’emploi, de manière à peine déguisée.

4. «Il y aurait aussi une maison en France»

Notre quatrième témoin se veut aussi discret que le précédent. Entendu à plusieurs reprises par la justice, il explique que, lui aussi, il a dû travailler chez l’un des administrateurs de la Carolo. Il nous donne le détail de ce qu’il a fait – c’est du même tonneau que les témoignages précédents- mais inquiet, il refuse que nous l’écrivions. «De toute façon, j’ai tout dit aux enquêteurs». La discussion s’engage.

- Il y a beaucoup de témoignages sur des travaux illégaux réalisés aux frais de la Carolo chez les administrateurs Despiegeleer, Liesse, Potty et Van Bergen. Par contre, en ce qui concerne d’éventuels travaux au domicile de Van, il est plus difficile d’objectiver les faits ?

- Ces travaux ont pourtant bien eu lieu. D’après ce que je sais, cela s’est passé dans les années ’90. Il y avait des grandes grèves à Charleroi. Van Cau avait peur que des œufs lancés en direction de son domicile n’endommagent une verrière. Alors des ouvriers de la Carolo ont été dépêchés chez lui pour installer un plexiglas afin de protéger le bien de cet homme politique. Ils ont fait cela pendant leurs heures de travail, aux frais de la société de logement.

- Certains parlent aussi de travaux dans un appartement à la mer ?

- Je l’ai entendu comme vous. Il serait aussi question d’une maison en France mais cela concernerait plutôt un ex-sénateur. A ma connaissance, les enquêteurs doivent encore entendre pas mal de témoins. Notamment des gens qui ont quitté la société.

5. «Comment savez-vous cela ?»

Dernière étape de notre enquête. Chercher à identifier, le ou les ouvriers qui auraient travaillé dans l’une ou l’autre propriété de Jean-Claude Van Cauwenberghe. De diverses sources, quatre noms sont cités. A ce stade, nous avons pu retrouver l’une des ces personnes. Elle était plutôt surprise de notre appel, mais finalement elle confirme.

- Est-il vrai que durant vos heures de travail prestées pour la Carolo, vous auriez travaillé au domicile privé de Jean-Claude Van Cauwenberghe ?

- Je n’ai pas de commentaire à faire. Si j’ai des choses à dire, je le ferai face aux enquêteurs. A ce stade, ils ne m’ont pas encore interrogé.

- D’après ce que nous savons, il s’agissait d’installer un plexiglas pour protéger une verrière. Nous savons aussi que vous avez fait ce travail en compagnie d’un collège et que cela s’est fait pendant vos heures de travail aux frais de la Carolo (ndlr : Nous lui donnons le nom du collègue concerné) ?

- Comment savez-vous cela ?

- De plusieurs sources…

- Bon d’accord… Oui, j’ai travaillé au domicile de Van Cau. Ce que vous décrivez s’est bien passé. C’était tout près de la polyclinique de Charleroi. Je préciserais toutefois que ce travail date d’il y a plusieurs années et qu’il ne nous a pris qu’une heure ou deux, tout au plus. Nous, on faisait ce qu’on nous demandait. Sans poser de question. S’il y a d’autres choses du genre ont été faites, personnellement, je ne suis pas concerné.

Un petit travail d’une heure ou deux au domicile privé du bourgmestre de Charleroi, il y a plusieurs années. A priori, l’ex-ministre président de la Région Wallonne ne risque aucun ennui pénal pour cela. Même si, sur le plan des principes, il est contestable d’avoir utilisé les services d’ouvriers de la société de logement social à des fins strictement personnelles. L’avenir proche nous dira si d’autres témoignages viendront aggraver les aveux de cet ouvrier. Pour l’heure, nous n’avons pas pu recouper certaines allusions, comme celle concernant un appartement à la mer. Jusqu’à nouvel ordre, il convient donc de les considérer comme des rumeurs…

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Du social trois étoiles pour les amis

Manque d’entretien des bâtiments, réparations renvoyées aux calendes grecques, charges illégales imposées par leur bailleur, argent détourné par certains dirigeants de leur société de logement… Beaucoup de locataires sociaux de la Carolorégienne ont de quoi se plaindre. Beaucoup, mais pas tous! A Marcinelle, la société de logement qui est au centre de toutes les polémiques gère aussi un petit paradis immobilier. Bienvenue à la «Cité de l’Enfance», 800 avenue Mascaux à Marcinelle. Un endroit plein de charme et de verdure où il fait bon vivre. Rien à voir avec les tours impersonnelles et décrépies de Lodelinsart! Mais pour habiter à la Cité de l’Enfance, vaut mieux montrer patte… rose. Quelques exemples édifiants.

Un grand porche sépare la «Cité de l’Enfance» du trafic automobile qui inonde l’avenue Eugène Mascaux à Marcinelle. Lorsque vous l’avez franchi, vous quittez les bruits de la circulation avec le sentiment immédiat de pénétrer dans un petit coin de paradis. Des pelouses immenses, des arbres, beaucoup d’espace, le calme… Qui plus est, ce havre de paix à l’avantage de se situer à quatre kilomètres à peine du centre de Charleroi.

Certes, la vingtaine de pavillons résidentiels qui sont noyés dans cet océan de verdure ont une allure un peu vieillotte – ils ont été construit en 1939-, mais ils semblent bien entretenus et le poids des ans ne leur donne que plus de cachet.

Bigre, cela doit coûter cher d’habiter dans un tel endroit! Mais non, pas du tout ! Ici c’est du logement social… géré par la désormais célèbre «Carolorégienne». Les loyers varient entre 335 euro pour un appartement deux chambres et 410 euros pour un «pavillon», 4 chambres d’une superficie avoisinant les 200 m2.

Mais bon dieu, comment fait-on pour obtenir les clés de ce paradis ? Nous aurions aimé le demander à Claude Despiegeleer, l’ex-administrateur délégué de la Carolo, lequel, jusqu’il y a peu, régnait en maître sur les attributions de logements dans cette cité. Malheureusement, pour cause de mandat d’arrêt, il n’était guère joignable ces jours-ci. C’est d’autant plus regrettable que le cas d’un certain nombre de «locataires sociaux» qui vivent dans ce petit paradis pose vraiment question.

1er exemple : Comment se fait-il que l’un de ces «logements sociaux» - 4 chambres pour 410 euros par mois depuis le mai 1993- soit occupé par Eric Van Sevenant qui n’est autre que le directeur général d’Aquasambre, l’Intercommunale de Production et de Distribution d'eau potable du Bassin de Charleroi ? Est-ce un hasard si cette personne est liée au PS de Charleroi et qu’elle connue comme faisant partie de la galaxie Van Cau ? Ce directeur général de la troisième société de production et distribution d’eau de Wallonie connaît-il des fins de mois de difficile ? A moins que l’homme qui a aussi été secrétaire de la Communauté du Pays de Charleroi, Val de Sambre et Sud Hainaut, directeur des services économiques de la Ville de Charleroi et membre du Comité de direction d’Aquawal, on en passe, n’ait disposé d’un petite faveur accordé par l’ami Despi ?

2nd exemple : Il est lié au premier cas. Eric Van Sevenant est domicilié «Cité de l’Enfance» avec sa compagne Valérie Decoster. Et qui trouve-t-on dans le pavillon voisin ? Une certaine Dominique Decoster. C’est la sœur de Valérie. Egalement depuis mai 1993, elle dispose aussi de quatre chambres pour un logement habité avec un seul enfant pour un loyer de 410 euros. Que les deux sœurs aient obtenues en même temps les clés du paradis, ce n’est pas de la chance mais un vrai miracle! Faut-il aussi l’attribuer à Saint Despi ou à Saint Van Cau? Même question pour Dominique que pour son beau-frère Eric Van Sevenant : en tant que co-directrice de l’IGEAT (Institut de Gestion de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire) de l’Université libre de Bruxelles n’a-t-elle pas les moyens de se payer autre chose qu’un «logement social» à 500 euros. Est-ce un hasard, si cette personne, qui a été également attachée au Département Santé et Famille de la Ville de Charleroi et directeur de l’aménagement urbain de la Ville de Charleroi dispose de quelques affinité avec le PS carolo ?

3ème exemple : Le dénommé Lucyan Papiernik ne loue pas un pavillon, mais il dispose d’un appartement deux chambre à la «Cité de l’Enfance» qu’il loue pour 335 euros – le prix d’un garnit dans le marché locatif privé- depuis février 1994. Encore la même question que nous aurions bien aimé à Monsieur Despiegeleer : ce chef du département de développement économique de l’Intercommunale carolo «Igretec» ou il gère notamment les Fonds Objectif 1 et Région wallonne serait-il payé au minimex? Ce qui justifierait bien entendu son maintien dans un logement social. Faut-il voir encore une bien malheureuse coïncidence dans le fait que cet administrateur de la société Carolidaire qui vise à favoriser l'essor de l'économie sociale marchande dans le Pays de Charleroi, soit également proche du Parti socialiste ?

4ème exemple : Tiens? Depuis août 2002, Michel Barbier, l’attaché de presse de Claude Despiegeleer a aussi son quatre chambres… à la Cité de l’Enfance où il est déclaré en temps qu’isolé. 410 euros par mois. 10 mois d’arriérés de loyer à ce jour. Or, il faut savoir qu’il arrive régulièrement que la Carolo envoie le huissier de justice chez les locataires «normaux», lorsqu’ils ont un retard de payement de 50 ou 60 euros. Est-ce le cabinet d’avocats Van Cauwenberghe-Lemal qui s’occupera de la récupération de cette créance? Pas d’autre question.

5ème exemple : Pas de chance, un audit fort médiatisé de la Carolo a rendu public le salaire brut d’une autre locataire de la «Cité de l’Enfance», elle aussi déclarée «isolée» dans son quatre chambres de 300 m2. Loyer : 410 euros. Ex-femme de l’ex sénateur Francis Poty, lequel fut aussi jusqu’il y a peu vice-président de la Carolo, Mme Emilia Meurens gagne exactement 3545,44 euros bruts par mois. Il est vrai que cette dame, qui est secrétaire administrative au sein de la société de logement «La Carolorégienne», a aussi beaucoup milité pour le PS de Charleroi. Plus de questions…

PS : Il va de soi que les situations évoquées dans cet article n’impliquent pas que tous les locataires de la Cité de l’Enfance aient bénéficié de passe-droits pour y habiter. Lors de notre enquête sur place, nous avons d’ailleurs rencontré des personnes qui étaient outrées par certains abus en termes d’attribution de logements sociaux. Ce qui choque beaucoup de monde n’est pas prioritairement que les gens nommés dans cet article habitent cette cité mais plutôt le fait qu’ils ne payent pas un loyer adapté à leurs revenus tandis que, dans le même temps, leur société de logement creuse un gouffre financier depuis de nombreuses années.

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Vive le Sport !

Avoir des relations au PS, cela aide pour obtenir un logement social à la Carolo. Mais il y aussi un autre moyen efficace de bénéficier de passe-droits. Faites du sport! Mais alors du sport du haut niveau. Par exemple à Action 21, un club de foot en salle dont plusieurs joueurs ont pu disposer ou dispose encore d’un logement social. Où au Sporting de Charleroi. Si votre rejeton rentre à l’ «Ecole des Jeunes du Sporting», il pourra aussi disposer d’un logement à la Cité de l’Enfance dans le grand pavillon qui réservé au club de foot – 400 mètres carrés, une dizaine de lits. Pour ce bâtiment, le Sporting paie un loyer mensuel très social : 1265 euros par mois. Mieux encore, faites du Volley-ball. Jusqu’à l’année dernière, plusieurs joueuses des Dauphines de Charleroi ont été logées au 47, rue du Gurgeat à Lodelinsart. Les mauvaises langues prétendent qu’elles sont parties avec un arriéré de 5.000 euros de loyer mais que le directeur-gérant de la Carolo, Luc Frère aurait fermé les yeux sur cette ardoise. Il faut dire que ce dernier, ancien dirigeant du Sporting de Charleroi, est aussi commissaire vérificateur aux comptes de l’ASBL Charleroi Volley qui préside à la destinée des Dauphines… C’est aussi sa société Coreva qui fait la comptabilité du club de Volley. Charleroi est un si petit pays.

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