21 Avril 2015
Rouge Sambre
A propos de de la tragédie de Tamines, l'archiviste Joseph Cuvelier écrit notamment : Cinq cents corps tombèrent les uns sur les autres, mais beaucoup avaient esquivé la charge. Leurs bourreaux se doutaient bien du stratagème, car bientôt le cri retentit : “Debout, tous debout !” Machinalement d’aucuns se redressèrent, beaucoup gardant leur sang froid restèrent obstinément couchés. Des soldats parcoururent la place, distribuant des coups de baïonnette et forçant même les moribonds à se lever. Puis un second coup de sifflet fut suivi d’une seconde salve. Cette fois le nombre de victimes fut plus considérable (...) Les scènes qui suivirent dépassent en horreur les atrocités de la barbarie la plus reculée. Comme une bande de sauvages, les soldats qui venaient de tirer se ruèrent sur leurs victimes, plongèrent leurs baïonnettes dans les monceaux de corps, enfilant les vivants et les morts. D’autres martelèrent de la crosse de leurs fusils les crânes jusqu’à en faire jaillir la cervelle où jusqu’ à les aplatir “comme des figures ”. Ils frappaient dans les tas, grimpaient sur les monticules de corps humains, hurlant comme des possédés. Ils moururent de mille morts, les infortunés que les salves n’avaient pas tués sur le coup et on se demande comment les vivants – car il en restait quelques-uns qui n’avaient pas eu la moindre écorchure – n’ont pas vu chavirer leur raison à ce spectacle à jamais déshonorant pour la race humaine."
Publié dans Paris Match (Belgique), le 14 août 2014. Pour lire, en format PDF, cliquez à côté du trombone.
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