Mohamed Aziz : "Ce sont des ennemis de tous, des ennemis de l’humanité"
Désormais accessible en intégralité sur ce site, un entretien publié dans Paris Match (Belgique), le 24 mars 2016.
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A deux jours des attentats de Bruxelles, je publie dans Paris Match Belgique, un entretien avec Mohamed Aziz qui donne cours d’option philosophique à l’Université du Travail de Charleroi. D’origine marocaine, c’est un homme qui se veut multiculturel, ouvert sur les monde et sur les autres. C’est aussi un homme qui ose prendre la parole sans langue de bois. Il critique une certaine forme « d’explication » du terrorisme : « Perpétrer de tels crimes est inadmissible. Il faut arrêter de prendre en compte le discours de certains sociologues qui en arrivent presque à justifier cela par des facteurs de discrimination (…) « Il y a en Belgique, une Constitution, des lois, des droits, des possibilités de critiquer, de contester, d’avancer. Mais c’est un chemin, un combat, qui demande peut-être plus d’efforts pour certains que celui de fabriquer un détonateur » (…) (Ces terroristes) se battent pour quoi en fait ? Croyez-moi, le jeune marocain qui doit faire cinq kilomètres d’un chemin de montagne pour aller à l’école, il ne comprend rien à l’attitude de ces « révoltés » des pays riches. Rien n’est parfait bien sûr, il y a beaucoup à dire aussi sur le fonctionnement de l’ascenseur social en Belgique. Mais dans le même temps, il y a aussi des leviers, des possibilités qui existent pour progresser, pour s’instruire dans notre pays » (…) Si vous n’avez pas l’impression que vos droits sont respectés, il y a des voies qui existent pour les faire valoir dans un état de droit. Ouvrez-vous, étudiez. Il y a un avenir possible pour ceux qui le veulent avec force. Je connais des tas de personnes d’origine maghrébine qui sont juriste, médecin, enseignant, informaticien… Ce ne sont pas des extraterrestres ! Mais je constate que les poseurs de bombes sont souvent des repris de justice, des petits délinquants qui n’ont pas fait grand-chose avant de faire leurs grandes conneries ! (…) Des prédicateurs-arnaqueurs (se servent de la religion) pour manipuler des esprits fragiles. On les endoctrine. On les enferme. Alors qu’une ouverture sur le monde leur enseignerait qu’il n’y a en définitive que des êtres humains qui se ressemblent dans toutes les ethnies, dans toutes les communautés. D’ailleurs, je n’aime pas le mot de « communauté » (…) Je suis né au Maroc mais pour le reste, je suis un mélange de cultures : française, arabe, belge, anglo-saxonne… Je suis un homme dans le monde des hommes, un homme parmi les hommes, qui essaie d’agir avec une certaine bienveillance. Ces jeunes soi-disant révoltés devraient comprendre qu’il n’y a pas d’autre voie. »