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Amiante dans les écoles, enfants et enseignants en danger ?

Une enquête évoquée sur le plateau de "L'info confidentielle" (RTL-TVI), le dimanche 2 septembre 2007 et publiée dans l'hebdomadaire "La Libre Match", le 6 septembre 2007

Craignant une sanction disciplinaire, ce professeur de secondaire qui donne cours au sein d’un établissement du Sud du pays préfère s’exprimer de manière anonyme. En 2004, il a la mauvaise surprise de découvrir un morceau de faux plafond contenant de l’amiante dans sa classe. Se renseignant plus avant, l’enseignant inquiet constate que ce matériau dangereux est quasi omniprésent dans plusieurs locaux de son école. Il alerte sa direction, ses collègues. En vain. « C’est un sujet tabou », dénonce-t-il. Obtenant le soutien de son syndicat, il poursuit sa petite enquête pour constater que la question de l’amiante se pose dans de très nombreuses écoles de la Communauté française : « Certaines constructions préfabriquées en sont remplies ! ». Et de mettre en question « la politique actuelle du gouvernement Arena qui consiste à « gérer » le risque avec des moyens insuffisants, sans même avoir fait un inventaire complet de la situation, plutôt qu’à l’éradiquer au nom du principe de précaution. C’est de la non-assistance à personnes en danger ! » « Du côté du cabinet Arena, on rétorque fermement que « ce professeur fait peur à la population pour rien car la situation est sous contrôle ». Totalement ? Ce n’est certainement pas l’avis d’un parlementaire et d’une syndicaliste qui témoignent aussi dans le cadre de ce dossier… 
 
 
Dans quelles circonstances avez-vous découvert qu’il y avait un problème d’amiante dans votre établissement ?Le professeur : Un élève m’a montré une sorte de planche tombée du plafond. Ce gosse, qui était issu d’une section technique, m’a tout de suite dit : « Monsieur, je crois bien que c’est de l’amiante ». A cette époque, je n’y connaissais pas grand-chose et, plutôt sceptique, j’ai décidé de faire analyser la « pièce à conviction ». En effet, il s’agissait bien d’amiante…
 
Comment avez-vous réagi ?
 
Comme n’importe quel enseignant est en droit de le faire en Communauté française : je me suis rendu au secrétariat de l’école et j’ai demandé à consulter un document que tous les établissements scolaires doivent normalement tenir à disposition. Cela s’appelle « Inventaire des matériaux contenant de l’amiante et programme de gestion du risque d’exposition ». Rien que l’intitulé pose question : la politique actuelle ne consiste donc pas à éliminer le risque mais à le « gérer ». Ce n’est pas tout à fait la même option que dans le dossier du Berlaymont à Bruxelles où l’on a dépensé énormément d’argent pour totalement désamianter le bâtiment au nom d’un élémentaire principe de précaution.
 
Qu’avez-vous trouvé dans l’inventaire « amiante » de votre école ?
Cet audit réalisé par A.i.b.-Vinçotte m’a fait tomber de ma chaise ! Dans mon école, il y a de l’amiante partout ! (N.d.l.r. : il nous donne le document pour prouver sa bonne foi.) Il y en a dans les classes, dans l’internat, dans le réfectoire, dans la salle de gym, dans la conciergerie. C’est impressionnant.Sous quelle forme ?Des allèges de fenêtres et des habillages de portes en Glasal, des faux plafonds en Pical, des tablettes de fenêtres en Masal, des regards de cheminée, des cloisons de séparation, des panneaux peints et même des tableaux noirs en amiante-ciment… La liste est interminable.
 
Glasal, Pical, Masal ?
Tous ces noms renvoient à des matériaux à risque contenant de l’amiante… J’ajouterai que mon inquiétude n’a fait que s’accroître en constatant que l’inventaire dont j’ai pu prendre connaissance datait de 2001.Et alors ?Au moment où je l’ai consulté, nous étions en 2004. Trois années s’étaient écoulées depuis la réalisation de ce rapport alors que sa conclusion prévoit explicitement que « cet inventaire doit être tenu à jour annuellement ». Cela démontre l’importance que l’on accorde à cette question. Plus tard, j’ai appris que de nombreux établissements scolaires, particulièrement dans le Hainaut, ne disposent pas d’inventaire du tout !
 
C’est incroyable !
De plus, les gens qui ont pour mission d’actualiser ces inventaires au sein des écoles n’ont généralement pas les compétences techniques suffisantes. Il s’agit du préfet en tant que responsable de la sécurité ou de son adjoint. Et de conseillers en prévention, soit des gens du personnel d’entretien, de profs qui disposent d’un crédit d’heures. Des personnes qui ne sont, en tout cas, pas des spécialistes du désamiantage. On a donc envoyé Vinçotte pour le constat de départ et, pour le suivi, il a fallu se débrouiller.
 
Comment se fait-il qu’il y ait tant d’amiante dans une école comme celle où vous enseignez ?
C’est vrai qu’avec ce que l’on sait aujourd’hui des dangers que représente l’amiante, l’omniprésence de ce matériau paraît démentielle. Pourtant, la situation de mon établissement n’a rien d’exceptionnelle. En cause, principalement, le fait que nous utilisons beaucoup de bâtiments de type « R.T.G. ». Ces initiales renvoient aux noms des ingénieurs qui les ont conçus : Reubsaets, Thibaut et Gilles. C’était dans les années 1960, une époque dorée pour les industriels de l’amiante. Ces bâtiments préfabriqués en bois, bourrés de Glasal, Pical, Masal ou encore de Foorflex, un autre produit amianté, avaient été pensés pour être rapidement mis sur pied vu qu’il fallait faire face au baby-boom de l’après-guerre. Il y a en partout en Communauté française. Normalement, leur durée de vie ne devait être que de dix ou quinze ans, mais ils sont toujours là.
 
En piteux état ?
Dans certaines classes, la situation est catastrophique. Je vous parle bien de classes où l’on donne cours, pas d’une arrière-cave visitée de temps en temps par le personnel d’entretien. Je vous ai raconté la mésaventure qui m’a alerté : le « morceau » d’amiante tombé du plafond. Je pourrais aussi vous parler d’appuis de fenêtres brisés où l’on voit les fibres d’amiante à l’œil nu… Dans un local où nos élèves mangent, ils posent leurs boîtes à tartines sur l’un de ces appuis de fenêtre. Certains d’entre eux ont parfois été « rescellés », passez-moi l’expression, avec des vis… Je veux dire que des ouvriers de l’école ont foré là-dedans sans aucune mesure de protection spéciale. Quand on regarde derrière, c’est encore plus incroyable, parce qu’il y a des plaques dans une espèce de carton constitué à base d’amiante complètement amoché. Là, on est dans le danger absolu.
 
Partout où il y a des bâtiments R.T.G., c’est du pareil au même ?
D’abord, le problème ne se pose pas que dans les bâtiments R.T.G. Dans notre école, jusqu’il y a peu, les patins de frein d’un ascenseur situé dans une construction en dur étaient en amiante. Ce qui, par déplacement d’air, libérait des fibres dans un espace collectif… Cela dit, il est évident les constructions R.T.G. ont beaucoup vieilli. Au fil des ans, elles ont été entretenues vaille que vaille. En forant, en clouant, en découpant… En utilisant des systèmes « D » pour réparer des vieilles portes et châssis pourris, des murs endommagés…
 
Que faire d’autre ?
La vraie solution, surtout depuis que l’on connaît très précisément les dangers de l’amiante, aurait dû être de raser tous ces bâtiments et d’en construire d’autres à la place.
 
Cela coûterait une fortune…
Moi, je trouve que la santé de nos gosses n’a pas de prix. Mais les politiques estiment peut-être qu’ils peuvent se permettre de prendre certains risques parce que l’exposition actuelle de cette population n’aura de répercussions que dans plusieurs dizaines d’années. Si c’est cela le raisonnement, c’est de la non-assistance à personnes en danger !
 
Cette question n’est pas gérée avec le sentiment d’urgence qu’elle requiert ?
Exactement. Je reviens au cas de mon établissement. Cela fait donc trois ans que je m’active, que je dénonce, que j’interpelle en interne. En plus, la direction de mon école fait tout son possible malgré l’inertie du système. Par conséquent, je crois que l’on est mieux suivi qu’ailleurs : sous l’impulsion de l’administration générale de l’infrastructure (A.g.i.), des réparations sont faites à droite et à gauche… Mais cela revient, la plupart du temps, à placer des emplâtres sur une jambe de bois. Un récent rapport de l’A.g.i. montre bien la philosophie de ces « rénovations », cette « gestion du risque », comme ils disent. Après avoir inspecté nos bâtiments au début de cette année, cette administration diagnostiquait que : « D’après l’inventaire amiante, il appert que de nombreuses parties du bâtiment contiennent ce matériau. Notamment, dans les linteaux, les appuis de fenêtres, la protection des colonnes. (…) Il y a lieu de trouver une solution rapidement car les linteaux, les appuis de fenêtres, les parois (derrière les radiateurs) et les protections des colonnes sont abîmés et pour certains assez fortement. De plus, dans un local, une partie du faux plafond risque de s’effondrer ». Et de préconiser ceci : « Dans un premier temps, il faudrait « fixer » les parties abîmées. L’enlèvement ou l’encapsulage sera proposé à la prochaine programmation. » Ces gens font certainement ce qu’ils peuvent avec les moyens dont ils disposent, mais c’est loin d’être suffisant ! Quand on se contente de surcoller une plaque en matière plastique sur un panneau en amiante de manière à ce que les élèves ne puissent pas être en contact direct avec les fibres, je trouve cela un peu juste…
 
Pourquoi préférez-vous témoigner de manière anonyme ?
En tant que fonctionnaire, je suis tenu à un devoir de réserve. En clair, je n’ai pas le droit de dire que l’on donne parfois cours dans des taudis où la santé des gosses est mise en péril. Formellement, on pourrait me reprocher une faute grave. Bien que si tel devait être le cas, je défendrais chèrement ma place car un juge pourrait estimer que, vu le danger potentiel couru par les enfants, il était de mon devoir d’en témoigner. Et puis, ne pensez-vous pas que d’autres personnes que moi devraient se retrouver devant un tribunal ? Par exemple les préfets et les adjoints à la sécurité de certaines écoles où des situations intolérables perdurent. Sans parler des responsabilités politiques…
 
L’amiante dans les écoles, c’est un sujet tabou ?
Très clairement. C’est l’omerta. Une chape de plomb pèse sur ce sujet. Des enseignants sont obligés de prendre des risques, et d’en faire prendre à leurs élèves, en raison d’un véritable chantage à l’emploi : pour les pouvoirs organisateurs, c’est la crainte de la mauvaise réputation de leurs établissements, de la chute des inscriptions, qui domine.
 
Un matériau particulièrement dangereux
Les fibres d’amiante sont particulièrement dangereuses pour la santé de ceux qui les manipulent et/ou les respirent. C’est scientifiquement établi : l’inhalation de ces particules peut déboucher – au bout d’une période de latence qui peut durer jusqu’à trente ou quarante années – sur l’apparition de plusieurs maladies très graves : asbestose, mésothéliome (tumeur de la plèvre ou du péritoine) et cancers du poumon ou du larynx. Certains milieux professionnels particulièrement exposés en ont déjà fait l’expérience malheureuse. On connaît, par exemple, le cas des anciens de l’usine Coverit dans le Hainaut où l’on travaillait en contact direct avec les fibres d’amiante : 129 des 250 travailleurs qui travaillaient sur ce site fermé en 1987 sont morts et les « survivants » ayant établi un lien de causalité entre le nombre élevé de cancer chez les anciens de Coverit et leur travail ont créé un collectif pour obtenir réparation. On estime généralement que, dans les vingt prochaines années, plus ou moins 20 000 décès en Belgique seront encore liés à l’amiante. Une estimation fiable ? Difficile à dire quand l’on constate qu’en Communauté française, où l’équivalent de 3 500 000 m2 de bâtiments n’échappent pas au risque de contenir de l’amiante (écoles, crèches, IPPJ, centres sportifs, centres culturels et bâtiments administratifs), l’inventaire de la présence de ce matériau dangereux
 
Yves Reinkin (Ecolo) : «Ce n’est pas une priorité du gouvernement Arena»
 
Député au parlement de la Communauté française, Yves Reinkin (Ecolo) a aussi mené sa petite enquête pour essayer de déterminer l’ampleur du problème « amiante » dans les établissements scolaires. Résultat ? « On est dans le brouillard. Je ne veux pas affoler la population, mais il faut tout de même se dire que l’absence de données fiables est particulièrement préoccupante », déplore-t-il.
 
En juin dernier, pour forcer le gouvernement de la Communauté française à, au moins, déterminer l’ampleur du risque, le parlementaire Yves Reinkin a déposé une « proposition de résolution visant à éradiquer l’amiante dans les écoles et autres bâtiments de la Communauté française ». Il y dépeignait un tableau peu réjouissant qu’il nous confirme être toujours d’actualité : « Il est aujourd’hui impossible de savoir combien d’écoles contiennent de l’amiante, quel est le volume de travaux urgents à réaliser et quelle stratégie la Communauté française entend mettre en place pour remédier à ce problème. Il n’existe pas non plus d’estimation des fonds qui seraient nécessaires pour assurer le désamiantage de l’ensemble des écoles de la Communauté française. En ce qui concerne les autres réseaux d’enseignement, il est tout bonnement impossible de se faire une idée de l’état d’avancement des inventaires amiante. Aucune démarche de sensibilisation n’a, par ailleurs, été réalisée par la Communauté française à l’attention de ces réseaux. Au niveau des fonds disponibles pour effectuer les travaux de désamiantage des écoles, même constat de gestion laxiste : en 2006, le programme de travaux de première nécessité n’a simplement pas été utilisé à sa pleine mesure ». Par conséquent, M. Reinkin pose une question somme toute logique : « Comment gérer cet important dossier de santé publique sans données fiables, sans planning de travail et avec un budget pour le moins limité ? En juin dernier, j’ai conclu mon interpellation au Parlement de la Communauté française par une requête claire et précise afin que l’on sorte de l’impasse. J’ai demandé au gouvernement Arena de réaliser, dans un délai de douze mois, les inventaires non encore effectués. Notamment dans de trop nombreuses écoles du Hainaut, la province de la ministre-présidente, où il y a beaucoup de bâtiments en R.T.G… J’ai aussi insisté pour qu’il y ait une mise à jour systématique et générale des inventaires qui ont été déjà effectués… Ma proposition de résolution a été renvoyée en commission et le Parlement ne l’a pas encore abordée. Ce qui démontre que ce n’est pas une priorité du gouvernement Arena ».
 
 
« La Communauté française pratique la politique de l’autruche... »
Permanente au Syndicat Libre de la Fonction Publique, Pascale Vander Straeten y préside la « Cellule amiante » et elle abonde dans le même sens que le parlementaire Ecolo. Ayant pris connaissance du témoignage du professeur qui s’est exprimé anonymement sur le plateau de « L’info confidentielle Match », elle affirme sans ambages que « tout ce que dit cet enseignant est parfaitement exact. J’ajouterai simplement que la question de l’amiante ne se pose pas uniquement dans l’enseignement relevant de la Communauté française. Dans une mesure moindre (bâtiments plus anciens ayant échappé à l’heure de gloire de l’amiante), le réseau libre et subventionné est certainement aussi concerné ». Quel est, selon elle, l’état du malade ? « Je dirais que la situation est devenue catastrophique car la Communauté française pratique la politique de l’autruche. Pour preuve, prenez l’inventaire de la présence d’amiante dans tous les établissements : cela fait douze ans qu’il aurait dû être bouclé. Dans certains endroits, cela a été fait depuis des années sans jamais être actualisé, et dans d’autres, dans le Hainaut par exemple, beaucoup d’établissements n’en disposent toujours pas! Se rend-on compte que l’on joue avec une potentielle bombe à retardement ? Ce qu’on économise aujourd’hui en gérant cette question importante de santé publique avec légèreté et un manque de moyens évident, la Communauté risque de le payer un jour ou l’autre… Lorsque des gens malades viendront frapper à sa porte pour lui demander des comptes. » Faisant allusion, elle aussi, au dossier du Berlaymont, Mme Vander Straeten estime que « dans le dossier des écoles, il n’y a pas que des enjeux financiers. C’est avant tout une question d’éthique, de respect des enfants et des enseignants : comme les fonctionnaires européens, ils ont le droit que toutes les précautions soient prises pour les protéger de risques sanitaires aussi importants». La permanente SFLP dénonce également le fait que « les conseillers en prévention des écoles de la Communauté française n’ont qu’une formation de base. Il s’agit d’ouvriers du personnel d’entretien, de chefs d’ateliers, de profs, de chefs d’établissements qui ne disposent que de quelques heures par semaines pour s’occuper de sécurité, se former et s’informer… Pour eux, la question de l’amiante qu’ils ne maîtrisent pas nécessairement s’ajoute à mille autres problèmes. Un tel boulot demanderait un temps plein pour chaque école et, pour des raisons d’indépendance, un engagement par l’administration de Mme Arena plutôt que par les chefs d’établissements… ».
 
« La situation est sous contrôle », rassure-t-on au cabinet de la ministre-présidente
A la Communauté française, Tony Pelosato, le directeur de cabinet de la ministre-présidente Marie Arena, tempère : « La situation est sous contrôle. Il est faux de prétendre que l’on prendrait cette question de l’amiante à la légère. On a donné l’impulsion pour que des inventaires soient réalisés dans toutes les provinces». Nous soulignons que la réglementation sur la protection du travail oblige explicitement tous les employeurs du Royaume à disposer d’inventaires amiante pour tous leur bâtiments… Et ce depuis 1995 ! «Ce qui montre bien que la question de ces inventaires est antérieure à notre arrivée à la tête de la Communauté française. On a hérité de ce dossier et on le gère avec tout le sérieux nécessaire pour rattraper certains retards qui ne peuvent nous être imputables ». Ainsi, le cabinet Arena admet que 120 écoles dans le Hainaut ne devraient disposer que « prochainement » d’inventaire amiante. L’art de gouverner est difficile, la critique est aisée... Une réflexion qui s’impose avec force dans ce dossier, surtout au regard de certaines données chiffrées que nous communique M. Pelosato : les bâtiments R.T.G. en Communauté française occupent l’équivalent d’une surface de 300 000 m2. Si l’on devait raser ces préfabriqués contenant beaucoup de matériaux en amiante pour les remplacer par des constructions en dur, il faudrait investir un montant avoisinant les 360 millions d’euros ! Une somme colossale dont ne dispose pas le gouvernement. Pour donner un ordre de grandeur, le budget annuel du Fonds des bâtiments n’est que de 31 millions d’euros, dont l’essentiel (25 millions d’euros) est mangé par les frais d’entretien (remplacement des chaudières, réparations diverses, …). Pour débloquer la situation et donner ce coup de jeune tant nécessaire aux bâtiments scolaires – tous réseaux confondus –, le gouvernement de Marie Arena travaille sur un projet de parteneriat privé-public qui « devrait permettre de débloquer des fonds à hauteur d’un milliard d’euros ». En attendant, on ne saurait trop conseiller aux professeurs qui se sentiraient concernés par cette problématique de l’amiante de se rendre au secrétariat de leur établissement scolaire pour demander à consulter le document intitulé : «Inventaire des matériaux contenant de l’amiante et programme de gestion du risque d’exposition ». La loi impose non seulement la présence de cet audit, mais aussi sa mise à jour annuelle.
 
« L’amiante n’est dangereuse que par inhalation… »
Le « Service interne de prévention et de protection du travail » (SIPPT) de la Communauté française dispose d’un site Internet dont le but est « d’assurer l’information continue des personnes ressources ayant en charge la sécurité au sein des établissements » scolaires : http://www.espace.cfwb.be/sippt/index.htm. Si le cadastre global de la présence d’amiante dans les écoles de la Communauté française se fait dramatiquement attendre, on constate en cliquant sur les pages de ce site que la problématique des bâtiments R.T.G. a été clairement cernée par l’administration de la ministre-présidente Arena. Photos édifiantes à l’appui, le SIPPT explique notamment que «ces bâtiments contiennent de nombreux matériaux contenant de l’amiante, dont notamment l’amiante-ciment ou encore fibro-ciment qui contient entre 10 et 15 % d’asbeste », avant de donner un descriptif « pas exhaustif », mais assez impressionnant. Nous citons : « Les caniveaux sont des tuyaux d’asbeste-ciment qui servent pour les entrées des canalisations électriques et autres. Ils sont en général posés dans le sol en tranchée à 70 ou 80 cm de profondeur (…). Les plinthes extérieures sont en « masal » constituées de bandes étirées de plaques en asbeste-ciment (…). Les seuils des portes extérieures sont constitués d’une bande étirée de plaques d’asbeste-ciment (…). Les allèges et les frises au-dessus des châssis sont constituées de revêtements extérieurs en glasal, panneaux sandwich plaques planes d’asbeste-ciment (…). Les sous-toitures sont des plaques de menuiserite composées d’un mélange de fibre d’asbeste et de ciment additionnées de fibres organiques (…) La couverture de toiture est en ardoises d’asbeste-ciment (…). Avant l’installation du chauffage central, de nombreux R.T.G. étaient encore chauffés par des poêles à mazout ou encore au charbon. Les conduits de fumées sont en tuyaux d’asbeste-ciment, la protection des pièces en charpente et en plafond étant constitué de plaques d’amiante de 10 mm d’épaisseur, au passage de plafond de bandes d’amiante entourant le tuyau et d’une couronne en amiante de 10 mm. La souche, quant à elle, est constituée de pièces spéciales moulées en asbeste-ciment de 8 mm. Les plafonds intérieurs sont en plaques isolantes à base d’asbeste-ciment ou en recouvrement sur la face du plafond d’une plaque en asbeste-ciment émaillée et souvent perforée. Les éléments de cloison et revêtement sur une paroi des allèges sont également en plaques planes d’asbeste-ciment comprimées et émaillées sur une ou sur les 2 faces. Certains pignons (rares) sont parfois revêtus de plaques d’asbeste mais souvent les tuyaux d’aération des combles sont en asbeste-ciment. Dans certains R.T.G. ateliers où nous avons des forges, les plafonds, parfois les murs sont en glasal et les hottes en fibro-ciment (Eternit©) Dans certaines classes, on trouve encore parfois des lave-mains à dosserets moulés sur panneaux en asbeste-ciment. La protection anti-feu des cuisines et restaurants scolaires est assurée dans ces pavillons par des revêtements intérieurs en glasal, plaques d’asbeste-ciment comprimées et émaillées, les plafonds incombustibles étant en plaques d’asbeste-ciment surfacées et émaillées. Enfin, pour la décoration extérieure, on a installé des cuvelles ou des vasques en asbeste-ciment pour les plantations. ». Rassurant ? Le SIPPT prend le soin de rappeler que « l’amiante n’est dangereux que par inhalation et que, pour ce faire, il doit être sous forme de fibres microscopiques. Aussi, soyez attentif et vigilant à ne pas abîmer ces matériaux (par forage, disquage, friction, bris, …) ».
 
 
 
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Michel Bouffioux


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