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Paroles de philosophes : "Il faut cesser de traiter les animaux comme des marchandises"

Un article publié par l'hebdomadaire Paris Match Belgique, le 20 octobre 2022 et par le site Paris Match.be, le 24 octobre 2022.

Début octobre, quelques 450 philosophes du monde entier ont signé la « déclaration de Montréal », qui condamne « l’exploitation animale », qualifiée d’« injuste et moralement indéfendable ». Une invitation à élargir notre sensibilité morale, à étendre l’humanisme au-delà de notre espèce, à réfléchir à notre relation à la nature mais aussi à la représentation que nous nous faisons de nous-mêmes. Conversation avec l’un des signataires, Mark Hunyadi, professeur de philosophie morale et politique à l’UC-Louvain.

Quelle est l’essence de la « déclaration de Montréal » ?

Mark Hunyadi. L’intention fondamentale de ce texte, signé par des philosophes d’horizons très divers, est de réclamer l’abolition des souffrances inutiles qui sont infligées aux animaux, principalement du fait de l’industrialisation de leur élevage et de leur pêche. Il s’agit de la mise à mort quotidienne de millions d’êtres vivants à des fins mercantiles. Ce texte nous dit qu’il faut cesser de traiter les animaux comme des choses ou des marchandises.

Il y a quelques années, dans l’introduction d’un « Plaidoyer pour les animaux » (éd. Allary), Matthieu Ricard rappelait ce propos d’Alphonse de Lamartine : « On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas. » Ainsi, en des temps différents, un moine bouddhiste et un poète nous ont parlé de leur compassion à l’endroit des animaux. Est-ce de cela qu’il s’agit dans cette déclaration de Montréal ?

Partiellement, car le discours de ces deux auteurs fait plutôt appel à une sorte de sentimentalisme. Ils parlent avec leur cœur. Je n’ai pas de problème avec cela : leur exhortation est certainement utile, car elle invite à élargir notre sensibilité morale à l’endroit des animaux. Pour autant, il ne s’agit pas, à mon sens, d’une bonne argumentation philosophique. Autrement dit, on ne réglera pas cette très vieille question du rapport de l’homme à l’animal en faisant uniquement appel à l’affectivité de nos semblables. Peut-être que cette voie est empruntable pour ce qui concerne les animaux de compagnie, que nous pouvons identifier comme des membres de nos familles. Mais la question qui se pose à nous est bien plus large. Il y a aussi tout ce monde du vivant, avec lequel on a des rapports très abstraits. Notamment ces animaux dont on consomme la chair et qui, à nos yeux de carnivores, n’existent pas en tant qu’individus. Celui qui découpe un gigot ne songe généralement pas à ce que fut l’existence courte et difficile de l’agneau qui se trouve dans son assiette. Ce n’est pas un discours sentimentaliste qui mettra fin à ce déni.

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Michel Bouffioux


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