30 Mai 2024
Un reportage publié par l'hebdomadaire Paris Match Belgique, le 30 mai 2024 et par le site Paris Match.be, le 3 juin 2024.
Dans des habitats solidaires, participatifs, intergénérationnels, des « tiers-lieux ruraux » ou encore des « colivings », ils partagent de l’espace et des ressources en cultivant l’intelligence collective. Parade à la crise du logement, remède à l’ultramoderne solitude, volonté de construire des micro-sociétés résilientes, les motivations des personnes qui vivent groupées sont diverses. Ces communautés intentionnelles demeurent marginales, mais dans une société en croissance démographique et en quête de sobriété, seraient-elles des laboratoires du futur ?
"Voilà un reportage sur des originaux, des doux rêveurs, des naïfs, voire des sectaires", se diront probablement certains lecteurs. Tant il est vrai que, dans notre société, l'habitat individuel est la norme. Chacun dans sa petite ou grande cabane ! Villa quatre façades avec jardin, maison mitoyenne, appartement, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Ou presque, car les inégalités en termes d'accès au logement sont là, les marchands de sommeil se remplissent les poches dans les grandes villes et certaines personnes doivent se résoudre à vivre dans des clapiers, "solitaires dans un trois-pièces ", comme le chantait Pierre Rapsat. Cela dit, l'habitat individuel circonscrit au noyau familial nucléaire est-il vraiment une évidence ? "Oui, c'est devenu la norme pour la plupart des gens dans notre société, mais ça n'a pas toujours été le cas ", relativise la docteure en urbanisme (UMons) Ornella Vanzande.
Depuis le temps de nos lointains ancêtres, les chasseurs-cueilleurs, jusqu'au XIXe siècle, la règle était plutôt d'habiter dans des logements intergénérationnels, voire multifamiliaux, où l'on pouvait partager de l'espace et des ressources tout en bénéficiant d'un plus grand sentiment de sécurité. "C'est d'ailleurs encore ainsi qu'on conçoit la manière d'habiter dans de nombreux endroits du monde", poursuit Mme Vanzande. "En Afrique, dans des pays sud-américains, mais aussi dans certaines régions du sud de l'Europe, l'approche de l'habitat demeure très communautaire. En Occident, l'industrialisation et l'urbanisation galopante du XIXe siècle ont favorisé l'apparition d'un habitat individuel, y compris pour les classes laborieuses, comme en témoigne l'exemple des corons. Cette évolution s'est intensifiée au XXe siècle et particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, lorsque la maison unifamiliale avec jardin est devenue un marqueur social important, le symbole de la réussite et de la prospérité pour les classes moyennes et supérieures en Europe comme aux États-Unis (NDLR : les moins aisés ayant aussi, pour partie d'entre eux, accès à un "chacun chez soi", que ce soit dans les logements sociaux du modèle belge ou dans les HLM en France). Les promoteurs se sont mis à construire de manière de plus en plus uniformisée pour répondre à une forte demande. Une architecture clé sur porte s'est imposée, destinée à des individus standards, typifiés, destinés à vivre dans un environnement favorisant l'individualisme. "
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