11 Juillet 2024
Un reportage publié le 11 juillet par l'hebdomadaire Paris Match Belgique et le 14 juillet par le site Paris Match.be
"Le 9 octobre, je larguerai les amarres ! J'ai déjà réservé mon billet d'avion : un aller simple pour Hô Chi Minh-Ville. Les prochaines années de mon existence s'écriront au Viêt Nam. Je n'ai rien prévu de précis, les rencontres que je ferai m'ouvriront le chemin de cette nouvelle vie. " Corentin De Boeck a 39 ans. C'est un homme bien installé dans sa vie professionnelle : depuis cinq ans, il dirige une équipe au sein de la formation continue HeLSci de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Ses employeurs sont très satisfaits de ses prestations et son CDI lui offre pas mal d'avantages, notamment en termes de congés. " L'ULB est un bon employeur et j'adore les gens avec qui je travaille ", confirme-t-il. Pourtant, il y a quelques jours, Corentin en a fait l'annonce à ses collègues : il démissionne pour recommencer sa vie à quelques milliers de kilomètres de Bruxelles. Surpris, son boss lui a bien proposé de réfléchir. Il lui a même offert l'opportunité de pouvoir reprendre ses fonctions dans un délai d'un an. Toutefois, Corentin a décliné : " Mon but est de vivre pleinement ce nouveau défi, d'ouvrir une page blanche. "
Une fuite en avant ? Un pari un peu fou ? " Pas tant que ça ", réplique-t-il. "Je crois profondément qu'il faut oser être à l'écoute de soi-même, qu'il s'agit dans la vie de "devenir soi". En ce qui me concerne, cela passe par des remises en question permanentes, le besoin de challenges, l'envie de sortir de ma zone de confort. Ces dernières années, ma mission a été de réorganiser tout un service. Elle a abouti. Ça tourne bien, je dirais même que ça tourne trop bien ! Cette routine parfaite aurait très bien pu continuer pendant des années et, pourquoi pas, jusqu'à l'âge de la retraite. Et c'est bien ça qui m'angoisse, ce sentiment de m'installer dans quelque chose d'immuable. C'est comme une petite mort. Moi, j'ai besoin de me sentir vivant, de me projeter dans quelque chose d'inédit et d'excitant, de franchir un "step". Et forcément, pour être enviable, l'objectif ne doit pas être trop facile à atteindre."
Soulignons-le, Corentin ne se lance pas dans cette nouvelle aventure sans filet de sécurité. D'abord, il a une longue expérience dans le domaine de la mobilité professionnelle : "Mon premier job après mes études ? Je suis parti en Australie où j'ai été cueilleur de fruits pendant un an. De retour en Belgique, j'ai été chauffeur de taxi, puis commercial chez Mini avant d'être débauché par BMW. J'ai aussi connu une expérience de vendeur chez Prémaman, une autre comme représentant en gouttières ! En outre, j'ai été entrepreneur, propriétaire d'un garage à Zaventem. Cette affaire fonctionnait à merveille et, bien entendu, j'ai fini par la revendre. La finalité ultime de toutes ces expériences professionnelles fut toujours de me payer mes nombreux voyages." C'est là l'autre atout de ce célibataire : une expérience de globe-trotter averti. « J'ai déjà visité 89 pays », raconte-t-il. « Mon truc, c'est d'éviter les routes touristiques, d'emprunter des chemins de traverse, de rencontrer des gens, de me baigner dans la vie locale et même, quand cela se présente, de dormir chez l'habitant. Que vous voyagiez au Danemark, en Transnistrie ou au Laos, vous finissez toujours par rencontrer des gens accueillants."
Dernière corde à l’arc de ce curieux invétéré, sa situation financière. Car Corentin n’a pas vocation à revisiter le trip hippie des Sixties : « De toute ma vie, je n’ai jamais fait aucun crédit et, au bout de vingt ans de travail, je suis propriétaire d’un appartement à Bruxelles dont la mise en location financera mon entrée en scène au Viêt Nam. L’audace, oui, la témérité, non ! Ma stratégie est claire : je débarque avec deux valises et je loue un Airbnb. Ensuite, pas question de farniente (paresse). Je travaille ma vie sociale sur tous les fronts : cours de langue, inscription dans une salle de sport, prises de contact avec d’autres expats… Cela devrait préparer le chemin vers une nouvelle activité professionnelle qui m’ouvrira l’accès à une autorisation de séjour permanente. Je me donne deux ou trois ans pour être bien installé. Et si ça ne marche pas, je recommencerai ailleurs."
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