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8 Avril 2004
Chronique "Si on me laisse dire" publiée dans le quotidien belge "La Dernière Heure", en marge du procès de Marc Dutroux et consorts
Des criminels polyvalents (29- Le 9 avril 2004)
Autrefois membre de la BSR de Bastogne, Jean-Pierre Verduyckt est actuellement commissaire de la police fédérale à Neufchâteau. Enquêteur expérimenté, cet homme avait déjà fait ses preuves dans le cadre des investigations sur les «titres volés», contribuant à découvrir des renseignements essentiels dans le cadre de l’affaire Cools. C’était avant que Neufchâteau soit… dessaisi de ce dossier. A l’époque, ce fut sans aucun doute une épreuve difficile pour l’ex-gendarme. M. Verduyckt ne l’a pas dit explicitement hier, mais il semble qu’il n’ait guère mieux vécu le «saucissonnage» du dossier Dutroux.
En effet, dans l’affaire actuellement jugée à Arlon, ce limier fut, pendant un temps, chef du d’enquête du «dossier 87». Une subdivision du dossier Dutroux qui comprenait notamment les volets relatifs à divers trafics de voitures impliquant notamment de potentielles protections policières. On le sait, c’est toute cette partie du «87» qui, dès 1998, a quitté Neufchâteau pour être instruite à Nivelles. A l’égard de cette décision des autorités judiciaires, M. Verduykt n’a pas fait de commentaire. Ce n’est évidemment pas son rôle. Toutefois, rien n’empêchait le témoin de donner son sentiment sur le milieu qui fut l’objet des ses investigations. Surtout, à l’invitation d’un juré.
Le commissaire a donc exprimé, ce qui m’apparaît être l’enseignement principal de ses recherches fouillées. Il en ressort, en substance, que le cloisonnement entre différentes formes de criminalité est une pure vue de l’esprit. M. Verduyckt a en effet décrit «la polyvalence» des criminels auxquels il s’est intéressé. Ceux qui réalisent des enlèvements d’enfants et/ou de la traite des êtres humains sont également actifs sur d’autres fronts du banditisme. Ceux qui volent des voitures se retrouvent aussi dans le secteur des armes ou des faux papiers et vice-versa…
M. Verduyckt n’a donc pas dit que le «saucissonnage» du dossier Dutroux fût… une mauvaise chose. Il ne nous a pas dit non plus qu’on avait ainsi pris le risque de couper les liens potentiels entre certaines personnes suspectes et la mouvance Dutroux-Nihoul. Il n’a pas dit tout cela, mais son exposé nous a permis pourtant permis de comprendre un peu mieux encore, la non-pertinence de la disjonction du dossier Dutroux décidée naguère par la Cour d’appel de Liège. Sans doute, faut-il mettre ce constat en rapport avec cette petite phrase lourde de sens qui concluait l’exposé de l’ex-gendarme : «Je voudrais terminer par ce message aux parents des victimes. Dans ce dossier, on n’a pas pu faire tout ce que l’on aurait dû faire. Beaucoup d’enquêteurs ont encore certains échec en travers de la gorge.». Une considération qui fait penser au témoignage du commissaire Jean-Pierre Adam, mercredi dernier. Lui aussi aurait aimé pousser les investigations un peu plus loin… Mais, en novembre 1997, alors qu’il demandait de perquisitionner dans un certaine boîte de nuit carolo, le juge Langlois lui avait répondu, devant plusieurs autres enquêteurs : «Je ne vais pas mettre les pieds dans la fourmilière de la mafia de Charleroi»...
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