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Le journaliste était un espion (05/01/2012)

Un entretien avec Claude Moniquet publié dans Paris Match (Belgique), le 5 janvier 2012

 

Claude MONIQUET 3Pendant vingt ans – peut-être plus? –, Claude Moniquet a mené une double vie. Journaliste a la ville, il écrivait des articles et des livres sur des conflits internationaux et sur des affaires judiciaires pour plusieurs journaux belges et étrangers. Agent de la DGSE côte cour, il servait le service de contre-espionnage de l’Etat français. Range des voitures (selon lui), devenu le boss d’une société privée de renseignements depuis 2002, il lève un coin du voile sur un passe qu’il assume et dont il est fier.

Etes-vous disposé à dire toute la vérité, rien que la vérité?

Claude Moniquet. Non! Toute la vérité, ce n’est pas possible. D’ailleurs, qu’est-ce que la vérité? La mienne ne sera pas celle d’un autre… Puisqu’il s’agit de parler de mon métier, de la double vie que j’ai menée pendant vingt ans, je suis tenu par des engagements légaux et éthiques qui restreignent le champ de ce qui peut être aborde publiquement. La seule chose que je puisse vous promettre, c’est de ne pas mentir.

Votre métier, était-ce plus l’espionnage que le journalisme?

Je me suis trouvé dans une position réellement schizophrénique qui m’a conduit pendant près de vingt ans (NDLR: entre le début des années quatre-vingt et le début des années 2000) a exercer ces deux métiers à temps plein. Bien sûr, il s’agissait d’activités très complémentaires. Le journalisme est la meilleure couverture qui soit pour faire du renseignement. C’est un excellent alibi pour rencontrer des gens, pour justifier des voyages et pour poser des questions. Il y a une économie d’échelle: quand vous êtes en mission, vous écrivez un papier et un rapport. Toutefois, ce n’est pas tout à fait le même contenu. Cela m’a fait deux journées de travail pendant très longtemps!

Mais le premier métier, c’était lequel ?

J’étais déjà journaliste quand j’ai été recruté par la DGSE. Ensuite, j’ai considère que mon métier principal, celui qui m’apportait le plus de satisfaction sur le plan intellectuel et moral, c’était le renseignement.

Jean Guisnel, un spécialiste des affaires de défense, écrivait récemment que ce profil de reporter-espion «n’est pas si rare que cela ».

C’est exact. En France et ailleurs dans le monde, j’ai connu plusieurs journalistes qui travaillaient dans le renseignement. C’est une couverture assez classique. On se souviendra par exemple du cas célèbre de Kim Philby, l’espion britannique qui travaillait pour les Soviétiques et qui a été correspondant du Times de Londres. En 1936, il a notamment couvert la guerre civile en Espagne…

Comme vous avez couvert la guerre des Balkans dans les années 1990.

Voilà! Avec ma carte de journaliste, des ordres de mission de titres de presse, j’avais des raisons légitimes de me trouver dans cette zone de guerre.

Commençons par le début. Le vrai. Pas votre recrutement par les services secrets français, plutôt votre enfance. Un père juif, une mère catholique. Quoi encore?

Je suis né à Bruxelles dans une famille ≪métisse≫. Mon père, un juriste qui a fait carrière dans les assurances, était belge. Ma mère est française. C’est l’identitéfrançaise qui a très rapidement pris le dessus: ma mère m’a élevédans l’amour de la France et de la République. Très naturellement, j’en suis arrivé à me définir en tant que Français, à penser et à agir comme tel. L’identité belge, si elle existe administrativement, n’a jamais été très prégnante pour moi.

Vous étiez, paraît-il, un adolescent plutôt révolté?

Un rebelle, voire un révolutionnaire! Plus exactement, j’étais un gauchiste. Et comme tous les gauchistes, je me vivais tel un révolutionnaire alors que je n’étais qu’un ≪révolté≫qui cherchait sa voie.

Aujourd’hui, on dirait un «indigné»?

Chez les gens qui forment le noyau dur des ≪indignés≫, je reconnais en effet beaucoup d’idées et de sentiments qui devaient être les miens quand je militais àl’extrême gauche. Une révolte contre l’ordre établi, contre l’injustice, contre la famille. J’avais un désir de changement qui, je le crois, est assez naturel quand on est jeune.

Quarante ans plus tard, le sentiment d’indignation s’est-il estompé?

Je renvoie à la formule célèbre de Sir Winston Churchill: ≪Si on n’est pas de gauche a 20 ans, c’est qu’on n’a pas de cœur, si on l’est encore a 50 ans, c’est qu’on n’a pas de tête.≫Je suis donc devenu un homme de droite. Je me reconnais dans les idées défendues par l’UMP, le parti du président Sarkozy. Mes indignations ne sont plus les mêmes mais ce qui est reste constant, c’est mon aversion pour l’extrême droite.

Votre passage de l’extrême gauche à la droite apparaît comme une première zone mystérieuse de votre parcours.

Je sais que cela a intrigue beaucoup de gens. Toutefois, l’époque de l’extrême gauche remonte à un moment de ma vie ou je cherchais à m’extraire du cocon familial. J’étais en colère, y compris contre l’autorité au sein des groupes que je fréquentais. J’avais un caractère assez entier. Je voulais être le chef. J’ai donc eu régulièrement des querelles de jeunes coqs avec des ≪camarades ≫. Faut dire que je n’avais que 15 ans quand tout cela a commencé !

Un gamin!

Certes mais on parlait tellement plus de politique à l’époque! Dans ces années qui suivaient mai 68, les organisations d’extrême gauche étaient très présentes dans les écoles ou se constituaient des comités d’élèves. Il y avait tout un noyautage qui facilitait le contact avec ces idées, qui pouvaient paraitre séduisantes. J’ai fait tout le spectre. Les trotskistes. Les mao. Pour terminer chez les plus radicaux: les Comités de soutien à la Fraction Armée Rouge.

Vos «camarades» d’alors accusent : « Il était en mission, c’était déjà un flic.»

Absurde! Les gens d’extrême gauche ont une vision complotiste de l’histoire. Ce n’est jamais leur faute si quelque chose tourne mal ou si quelqu’un claque la porte. C’est celle des forces obscures qui s’acharnent dans l’ombre contre le progrès, voire contre le peuple lui-même. Un type en désaccord avec eux ne pouvait être qu’un agent du capitalisme ou des forces de répression de l’Etat.

Quel a été le point de rupture?

Dans le Comité de soutien à la Fraction Armée Rouge, des gens prônaient le recours systématique à la violence.

Cela vous a tenté ?

Oui, cela m’a tenté. Parce que j’avais ce côté rebelle. J’aurais, sans doute, pu être un terroriste. J’ai failli le devenir. J’étais très jeune. Influençable. Je me cherchais. Il y avait aussi le gout de l’aventure… Dans une vie, beaucoup de choses tiennent au hasard des relations, à l’enchainement imprévisible des circonstances et des faits.

Pourquoi n’êtes-vous pas passé à l’acte?

Ma structure morale était suffisamment forte. A cette époque, je pouvais admettre qu’un type d’extrême gauche enlève un patron, voire même qu’il tire sur la police. J’avais plus de mal à comprendre que l’on tue un homme comme Aldo Moro après l’avoir séquestre pendant cinquante-trois jours, comme l’avaient fait les Brigades rouges. Et je n’acceptais pas du tout que l’on s’attaque à des civils, à des innocents. Le clash s’est produit après un attentat en Israël. Plusieurs enfants avaient été tues par des terroristes palestiniens qui avaient pris une école en otage. J’ai affirmé que ces actes injustifiables ne faisaient pas avancer la cause. Un des ≪camarades≫proche de la Fraction Armée Rouge s’est emporté et m’a dit que je n’étais qu’un ≪petit-bourgeois≫qui n’avait rien à faire avec eux: ≪Que vaut la vie de cinq ou de cent enfants face à la Révolution!≫Je suis rentré chez moi, je n’ai pas dormi. Le matin, je n’étais pas devenu un homme de droite mais j’avais rompu avec l’extrême gauche.

La fin qui justifie les moyens, en même temps, c’est un peu aussi la logique des services secrets, non ?

En démocratie, je pense que l’usage de la violence est l’apanage de l’Etat.

Mais l’Etat peut se tromper, commettre des bavures!

Les Etats démocratiques peuvent être injustes mais dans une situation normale, hors des situations de guerre, ils commettent rarement des crimes. Et puis, ne tombons pas dans les cliches, les ≪services ≫sont beaucoup moins violents que le public ne le pense. L’Etat ne va pas faire sauter un avion ou une école pour tuer des innocents ! Les forces de sécurité sont soumises au contrôle démocratique.

Le contrôle des services secrets, même dans les démocraties occidentales, est très imparfait…

C’est exact. Et pourtant ce contrôle est nécessaire parce qu’effectivement, dans les services secrets comme dans le reste de la population, il peut y avoir des idiots, des extrémistes ou des malades. De plus, l’utilisation constante du mensonge, de la manipulation et de méthodes qui ne sont pas légales peut conduire à des estompements de la norme. Ceci dit, un contrôle existe à l’intérieur des services. La plupart des gens dangereux que j’ai connus ont été mis sur des voies de garage ou écartés. Il y a un autocontrôle. Mais nous avons encore beaucoup à apprendre, des Américains par exemple, qui déclassifient nombre d’informations avec le temps. Cela permet une autre forme de contrôle par le biais des écrivains, des historiens, des chercheurs…

Donc, à 19 ans, vous quittez les mouvements d’extrême gauche sans avoir commis d’attentat…

La chose la plus grave que j’ai faite était d’avoir eu des contacts avec des gens de la Fraction Armée Rouge, que je savais recherchés par la police.

Illégal, mais prescrit.

Pas vu, pas pris.

Vous les avez balancés ?

Non. Même si je pensais qu’ils se trompaient.

Pas de formation universitaire?

J’ai quitté les bancs de l’école à 16 ans avec l’idée maoïste que je ne devais pas être un intellectuel bourgeois mais un ouvrier pour participer au combat socialiste. J’ai donc enchaine une série de petits boulots. Dans une imprimerie, dans des bistrots. Un travail physique pendant deux ou trois ans. A 19 ans, quand j’ai rompu avec l’extrême gauche, j’ai passé deux examens d’entrée à l’université que j’ai réussis. Mes ces études universitaires ont été un échec complet parce que je militais encore à gauche et que cela m’occupait beaucoup. Surtout, j’avais rompu avec l’école depuis trop longtemps pour y trouver encore ma place. Cela ne m’a pas empêché d’apprendre. Sur le tas. Outre la fierté d’être français, mes parents m’ont légué le goût de la lecture. Quand je militais, j’étais un rat de bouquinerie et j’emmagasinais beaucoup de choses.

Après l’échec universitaire, aviez-vous le sentiment d’être dans une impasse?

Oui, ma situation était difficile parce que j’étais en butte à pas mal d’agressivité de la part de mes anciens camarades d’extrême gauche. La rupture avec ce milieu très inclusif avait brisé ma vie sociale. Je n’avais pas de diplôme. Je me sentais mal parti dans la vie. J’ai décidé de faire un break. Et d’aller le faire en Israël, dans un kibboutz.

D’où est venue cette idée ?

Apres l’extrême gauche, j’ai milité avec des juifs de gauche, pro-sionistes. Et l’expérience collective du kibboutz m’a séduite. C’était un travail d’agriculteur: cueillette des oranges, des citrons et des pamplemousses, taille des arbres fruitiers, irrigation… Je suis reste au kibboutz pendant deux ans. Cela m’a donné le temps de la réflexion. C’est là, quelque part dans le désert, le soir après mes journées de travail, que je suis devenu un homme.

La «révélation» dans le désert? On dirait Moïse !

Je ne me prends pas pour Moïse! Simplement, c’est là que j’ai compris ce que je voulais faire: analyser les situations politiques et écrire. C’était envisageable: pour être écrivain ou journaliste, il ne fallait pas de diplôme. De plus, lors de mon séjour en Israël, j’avais entretenu une correspondance avec Vercors. Cet écrivain avait un parcours dans lequel je me retrouvais. Il avait été communiste et avait rompu avec le parti. Cette idée de rupture avec le communisme me fascinait. Quand je suis rentre en France, je lui ai demandé conseil et il m’a présente des gens. Pierre Daix, d’autres encore. C’est comme cela que je suis devenu journaliste. J’ai commencé à Combat socialiste, un journal qui a soutenu la campagne électorale de François Mitterrand, puis a été sabordé, l’objectif atteint.

Vous écriviez sur quoi ?

Sur tout. J’étais un opportuniste. Beaucoup d’interviews. Pas encore d’enquêtes. Apres « Combat socialiste », je suis devenu le correspondant à Bruxelles du « Quotidien de Paris ».

La révélation dans le désert, ce n’était pas plutôt un type du Mossad qui s’était présenté avec un plan de carrière?

Pas du tout! Bien que je reconnaisse que j’avais un profil qui était intéressant pour le Mossad. Je peux dire aujourd’hui que j’ai été approché par des agents de ce service secret. Ils m’ont fait des propositions que j’ai refusées. Certes, j’aimais beaucoup Israël et j’aime toujours beaucoup ce pays, mais je n’étais pas Israélien et je n’avais pas l’intention de le devenir. Ces propositions intéressantes, je les ai déclinées parce que je suis français.

C’est donc la DGSE qui vous a recruté. Pourquoi vous?

Parce que les espions lisent les journaux. Début des années 80, en rupture avec la gauche, j’avais pris contact avec beaucoup de dissidents en Europe de l’Est. Des Tchèques de la Charte 77, des Russes qui éditaient des samizdats, des Polonais de Solidarnosc… Etant devenu fondamentalement anticommuniste, j’étais attiré par des gens qui avaient été victimes du système communiste. Un vent de liberté commençait à se lever. J’y voyais une opportunité journalistique formidable. Humainement, c’était très fort. Et donc j’ai beaucoup voyage. Entre 81 et 83, je me suis rendu au moins une vingtaine de fois en Pologne.

Avec quel argent?

J’avais une grande capacité de travail, j’écrivais énormément. J’avais une quinzaine de clients en France, en Belgique et en Suisse. Je n’ai jamais investi dans l’immobilier ou la bourse, mes ressources ont toujours servi à financer mes voyages, mes projets.

D’où vient cette grande énergie?

L’envie d’être dans l’Histoire, de me trouver là où elle s’écrit. J’ai une vision très romantique du journalisme. Sans doute parce que j’y suis arrivé par des chemins détournés… En 1936, je serais certainement allé en Espagne. Plus que d’être spectateur, j’ai le besoin d’être un acteur. J’aime le danger, le risque physique. L’idée d’aller ou on ne peut pas aller. De découvrir le dessous des cartes. J’aime vivre ces moments paroxystiques ou l’on fait des rencontres extraordinaires avec des gens qui paraissaient courageux et nimbes de toutes les qualités. Notamment des femmes superbes!

Comment passiez-vous si souvent le rideau de fer ?

Pendant tout un temps, j’ai expliqué à l’ambassade que j’avais une petite amie à Varsovie et cela suffisait pour que je reçoive mes visas. Là-bas, je rencontrais des sources et j’écrivais des articles.

Qui étaient lus par la «boîte» à Paris ?

Voilà. A la DGSE, ils ont vu apparaitre la signature d’un Hugues Krasner qui se rendait souvent à l’Est et racontait des histoires tenant la route… J’ai obtenu des scoops sur la Pologne qui ont fait le tour de monde! En parallèle, je signais aussi de mon vrai nom des papiers sur l’euroterrorisme. Le contre-espionnage français a fait le lien. Il y avait là un type binational avec un passe un peu bizarre mais qui n’était pas un agent soviétique. Qui s’intéressait beaucoup à l’extrême gauche, a l’Europe de l’Est et qui avait une aptitude manifeste, presque instinctive à la clandestinité. Ils m’ont donc approche.

De manière consciente ou inconsciente, vous êtes-vous créé un personnage qui devait nécessairement faire l’objet d’un tel recrutement?

Ce n’est pas impossible. Je voulais avoir une vie différente. Ne pas m’emmerder dans une existence bourgeoise ou je saurais ce que j’allais faire dans les dix années suivantes. Je ne voulais pas créer une famille, acheter une maison. J’étais encore très révolte. Je me vivais tel un aventurier. Oui, j’ai sans doute pave le chemin qui m’a conduit vers le renseignement.

Comment se passe le premier contact?

C’est un enchainement. Apres l’expérience du Quotidien de Paris, je me suis constitué un portefeuille de piges me permettant de vivre de mes papiers sur les pays de l’Est et je suis parti m’installer à Vienne. J’avais d’abord essaye de m’implanter plus durablement en Pologne, mais j’en avais été expulsé après que le contre-espionnage polonais m’ait propose de balancer mes amis de Varsovie, ce que je n’avais pas accepté. Depuis Vienne, je me suis souvent rendu en Hongrie, en Bulgarie, en Roumanie. Et bien sûr en Russie. Je connaissais les dissidents, j’ai compris avant des ≪soviétologues≫réputés l’importance de la ≪perestroika ≫naissante sous l’ère Gorbatchev. J’écrivais beaucoup.

Vous étiez déjà «sous couverture»?

Je concède que mes centres d’intérêts, alors qu’on était en pleine Guerre froide, pourraient donner cette impression. C’est vrai que j’avais le profil mais le recrutement est venu plus tard. Un soir, dans une réception de l’ambassade de France à Vienne, j’ai rencontré un type très sympathique qui s’intéressait à mon travail. Je l’ai revu quelques jours plus tard dans un parc. Il m’a parlé franco: ≪Je sais que vous avez déjàeu des soucis avec les Polonais, je travaille pour les renseignements français et je serais intéresséque l’on se voie et que l’on discute sans engagement. Vous allez en Europe de l’Est, vous y faites votre boulot, vous revenez, on déjeune ensemble, vous me racontez ce que vous avez vu et entendu. En échange je vous donne des informations.≫Beaucoup de journalistes font ce genre de deal avec des flics, des gens des services, des fonctionnaires ou des hommes politiques. L’information est une marchandise: pour l’acquérir, il faut l’acheter, l’échanger ou la trouver.

A quel genre d’informations s’intéressait votre officier traitant ?

Cet homme qui travaillait sous la couverture d’attaché d’ambassade voulait savoir ce que les fonctionnaires soviétiques pensaient des reformes, si au sein du Parti communiste hongrois ou des syndicats roumains, il y avait des velléités réformatrices ou conservatrices. Il s’agissait donc de prendre le pouls de ces sociétés en mutation. C’était du renseignement d’ordre politique et social assez ≪soft≫. Apres quelques mois, il m’a pose de plus en plus de questions et une relation de confiance s’est nouée. Jusqu’à ce que mes recherches soient orientées. Genre: ≪Si vous vous intéressez à cela, vous devriez aller voir monsieur “Machin”qui est un syndicaliste hongrois. Comme c’est moi qui vous ai orienté vers lui, ne racontez pas tout dans le journal, laissez-moi des choses.≫On est donc clairement arrivés a une manipulation de recrutement. Cela ne me dérangeait pas. Je savais dans quel processus j’évoluais. Ce n’était évidemment plus une relation normale d’un journaliste avec une source. C’était de l’échange de services mais il n’y avait pas encore d’argent. Ensuite, je me suis fait payer un premier voyage et les choses se sont enchainées jusqu’à mon engagement comme contractuel civil au sein de la DGSE.

Vous avez reçu une proposition d’emploi en bonne et due forme?

Oui, ils m’ont proposé de travailler pour eux à plein temps en gardant mon job de journaliste comme couverture. De me payer tous mes frais et un salaire. Je devais continuer à exister comme journaliste et leur réserver certaines informations. Je me suis dit qu’il fallait essayer. Que je travaillerais pour un Etat démocratique. Que le jour où j’en aurais marre j’arrêterais et que personne ne me jetterait dans un goulag.

Quel genre de missions avez-vous menées?

Avant même que je signe mon contrat, on m’a demandé de reprendre contact avec les autorités polonaises en leur donnant l’impression de vouloir être plus coopératif. Et comme le service l’espérait, les Polonais ont marche. Cette mission de ≪contre-espionnage offensif≫a duré deux ans et a permis d’identifier un certains nombres d’officiers de renseignement polonais qui travaillaient contre les intérêts français ou occidentaux. J’ai pu apporter aussi nombre de renseignements sur les jeux de pouvoir au sein de l’appareil répressif polonais, qui était déstabilisé  par les reformes en Union soviétique.

Vous avez reçu une formation?

Une formation sur le tas, au contact d’officiers. On m’a appris à rédiger un rapport, comment approcher quelqu’un, toutes les questions de sécurité et de contre surveillance: parcours, ≪boites aux lettres mortes≫, rupture de filature…

Combien de temps êtes-vous resté basé à Vienne?

Trois ou quatre ans. Ensuite, j’ai commencé à m’intéresser aux pays arabes, au nouveau terrorisme, a la criminalité organisée en Europe de l’Est, au trafic d’armes et de matières fissiles… Sous le prétexte de reportages, je me déplaçais pour répondre à des ≪listes de courses≫établies par la DGSE.

Des « listes de courses»?

Oui, répondre à telle ou telle question que se pose le service. Et puis, évidemment, puisque le fond du renseignement est de recruter et manipuler des sources, je devais aussi repérer des gens. J’ai fait des profils, prépare des évaluations aux fins de déterminer si des gens étaient recrutable. Je ne peux pas être plus précis. Beaucoup de personnes sont encore vivantes. Certaines sont encore en activité. Même si le régime a changé, elles n’ont certainement pas envie d’être identifiées.

Avez-vous tué quelqu’un en mission?

Non. Je n’ai jamais déposé de bombe, fait sauter un train, égorgé quelqu’un ou passé une valise d’armes. Mais j’ai donné les renseignements qui ont éventuellement permis au service action de réaliser ce genre d’opération. J’ai connu la finalité opérationnelle de certaines missions de renseignement et je les ai réalisées sans états d’âme. Au début des années 90, pendant la guerre des Balkans, j’ai fait ce qu’on appelle du RFA, c’est à dire du ≪renseignement à fin d’action≫. Il s’agit de s’intéresser à une personne, de s’en approcher le plus près possible, de tout savoir sur elle (ses habitudes, ses horaires, l’endroit où elle travaille, son véhicule, la composition de sa famille…) dans le but de documenter des dossiers opérationnels. Le jour venu, ces informations aident à une élimination si cela s’avère nécessaire. J’ai notamment fait du RFA relativement à des responsables de service de renseignement ou de milice impliques dans des crimes de guerre.

Avez-vous risqué votre vie ?

Il m’est arrivé de crapahuter sans papiers dans une zone de guerre. De partir avec un guide, de passer les lignes ennemies. Durant ces missions d’observation, j’ai parfois pris le risque de me faire flinguer. J’ai fait toutes les guerres des Balkans. En neuf ans, j’ai été confronté à quatre incidents de sécurité sérieux. Une fois, cela s’est joue à un cheveu.

Vous voulez bien nous raconter?

Mon interprète et moi séjournons dans un village de Bosnie centrale qui avait été ≪épuré ethniquement≫par des miliciens serbes qui y campent encore. Les habitants ayant été déportés, il n’y a plus que leurs bourreaux. Officiellement, je suis journaliste et je circule sans arme. On a sympathise avec les miliciens dans le but d’estimer leur moral, de voir l’état de leur armement et leur état de préparation au combat. Au début, tout va bien. Mais ensuite mon interprète n’encaisse pas bien l’alcool qui coule à flot. Il se brouille avec un des miliciens. Il se lève et vient vers moi : ≪On s’en va ! ≫Notre véhicule est à 3 km. On marche. Apres quelques centaines de mètres, j’entends une cavalcade derrière moi. Je me retourne. Arrivent une douzaine de Serbes aussi saouls que mon interprète, avec des bêches, des râteaux, des marteaux. Je devine tout de suite qu’ils ne sont pas là pour faire du jardinage. Ils nous entourent, nous bousculent. Je crois à ce moment que je vais finir dans un champ bosniaque déchiqueté à coups de râteaux. Une mort désagréable et stupide… In extremis, des types de l’armée bosno-serbe passent par là. Ils se doutent que nous sommes des journalistes ou des humanitaires, dans le pire des cas des espions, mais de toute manière des étrangers et ils ne veulent pas d’emmerdements. Donc ils racontent aux miliciens que nous sommes les ≪espions≫qu’ils cherchaient. On passe vingt-quatre heures à leur caserne en semi-détention et ils nous remettent en liberté.

Avez-vous mené des missions en Belgique?

Il m’est arrivé de travailler sur des sujets qui avaient des aspects belges. Des sujets liés au terrorisme, à l’espionnage soviétique et à la criminalité organisée.

Avez-vous recruté des sources pour la DGSE en Belgique?

J’aurais pu être amené à recruter en Belgique.

Drôle de réponse! C’est oui ou c’est non.

Si je dis oui, c’est gênant. Si je dis non, vous ne me croirez pas. Si je vous dis que je ne peux pas vous répondre, cela voudra dire ≪oui≫. Alors, voilà: j’aurais pu être amené à recruter des gens en Belgique ou dans d’autres pays.

Y a-t-il dans le monde politique belge des «honorables correspondants» des services secrets français?

Dans le monde politique belge, j’ai connu un certain nombre de personnes, pas beaucoup mais bien réparties dans les différents partis politiques, qui travaillaient de manière consciente et parfois rétribuée pour des services secrets de différents pays.

Vous pouvez répéter?

J’ai connu des personnalités politiques, homme ou femme, qui travaillaient consciemment pour des intérêts qui n’étaient pas des intérêts belges mais des intérêts étrangers. Qui étaient en contact avec des services qu’ils savaient être des SR étrangers. Et qui recevaient des rémunérations pour ce faire. D’autres pays que la France étaient concernés...

Comment vous qualifiez cela?

De mon point de vue d’ex-agent, c’est tout à fait normal! Mon travail aurait pu consister à recruter des gens comme ceux-là.

Tout à l’heure, vous disiez : «Je ne voulais pas travailler pour les Israéliens parce que je suis français.»

Ethiquement, je désapprouve le comportement de ceux qui font cela. Ce comportement est d’ailleurs puni par le Code pénal.

Puisqu’il s’agit de trahison.

En effet, c’est de ≪l’intelligence avec une puissance étrangère≫. Cela dit, c’est très difficile de juger les gens. Dans le renseignement, on n’est pas conduit à le faire. Un ≪espion≫n’est pas un professeur de morale politique. Je servais les intérêts de la France. La personne qui donne des renseignements peut avoir –ou estimer avoir –des raisons légitimes de le faire. Elle peut être en désaccord total avec la politique de son pays. Parfois, c’est moins noble. Interviennent alors des enjeux financiers, d’ambition. Des fragilités. C’est la nature humaine. Le métier que j’ai pratiqué rend extrêmement tolérant quant à la nature humaine.

Tolérant ou cynique?

Pour avoir vu le dessous des cartes, je prends avec beaucoup de réserve les grandes déclarations éthiques. C’est statistique: il y a toujours une réserve de recrutement dans les catégories de personnes qui ont des problèmes personnels, des problèmes de conscience, de carrière, d’argent…

Vous avez payé des mandataires politiques belges ?

Pas en ce qui me concerne. Si j’ai recruté et rétribué quelques sources en Belgique, ce n’était pas dans le monde politique.

Ne pourrait-on dire que par votre travail il y a eu un peu d’ingérence des Français chez les Belges ?

On n’a jamais travaillé sur les intérêts belges ou contre des intérêts belges. Il nous est arrivé de travailler en Belgique sur des affaires qui nous intéressaient nous. Les Belges en ont parfois profite. Il y a beaucoup de services secrets étrangers qui opèrent sur le territoire belge. C’est le jeu normal entre les Etats. Apres cela, pas vu, pas pris.

Les services secrets belges sont les seuls à ne vous avoir jamais appelé: ils vous avaient pourtant sous la main!

A mes yeux, techniquement, la Belgique n’a pas de service de renseignement. La Sureté de l’Etat, c’est un service de sécurité intérieure. C’est très respectable mais il n’y a pas de service extérieur.

Avez-vous travaillé sur des ONG belges qui étaient susceptibles de menacer des intérêts français?

J’ai investigué sur des organisations islamistes belges qui étaient liées à des attentats terroristes en Algérie. J’ai recruté des gens dans ce milieu. Il fallait rassembler un maximum de renseignements pour empêcher ces criminels d’agir, voire pour les détruire physiquement nous-mêmes. Il s’agissait d’éliminer des tueurs qui venaient mettre des bombes

à Paris.

 

 

 

 

Votre statut de « reporter-espion» vous a-t-il conduit à faire passer des messages, à influencer l’opinion et les politiques via les journaux pour lesquels vous écriviez ?

 

Non, la DGSE n’a jamais tenu ma plume. La boite se foutait royalement de ce que j’écrivais. Dans mon cas, le journalisme était seulement une couverture. Je me suis toujours limite à recueillir du renseignement pouvant intéresser la sécurité extérieure de la France.

 

 

 

Mais des «agents d’influence», cela existe, non?

 

A une époque, il était de notoriété publique que les Renseignements généraux manipulaient certains journalistes pour leur faire écrire des papiers pouvant nuire à tel ou tel personnage de la vie politique française. Certains de vos confrères français ont fait cela et continuent à le faire. Des gens qui, via les RG, travaillent au profit du pouvoir, en respectant fort bien l’alternance. Bien qu’aujourd’hui, ce type de travail s’est beaucoup plus déplacé du côté d’officines privées.

 

 

 

Comme celle que vous dirigez aujourd’hui ?

 

Comme la mienne, oui! A part que la mienne ne fait pas ce genre de boulot.

 

 

 

Sans rire ?

 

Je trouve ces magouilles politiques tout à fait détestables! Il y a eu récemment en France le dossier Karachi , qui vise lentourage du président de la République. En constatant les signatures que lon retrouve dans le dévoilement de cette affaire, je suis certain que ce n’est pas du journalisme. C’est autre chose, de l’information alimentée dans un but politique: il s’agit de décrédibiliser le président de la République a l’approche des élections. Des officines sont à l’œuvre, cela me semble clair. Des gens sont payes pour que certains résultats soient atteints.

 

 

 

Il y aurait de la corruption dans la profession des journalistes ?

 

Vous me posez sérieusement la question?

 

 

 

Euh, oui…

 

Bien entendu, il y a de la corruption dans la presse. Bien sûr, ce n’est pas toujours aussi caricatural que de recevoir des enveloppes. Mais en France plus encore qu’en Belgique, beaucoup de journalistes font des ménages. Voyez le journaliste économique qui assure des formations aux médias dans une grande entreprise dont il commentera plus tard l’actualité. Cette corruption larvée existe parce que les journalistes exercent une profession fragile et mal rémunérée. Le besoin d’argent, l’envie d’être acteur aussi, peut conduire à des dérapages. Les services jouent aussi sur l’envie qu’ont beaucoup de journalistes de relayer des infos, sans même le souci de les vérifier. Par souci du scoop, certains vendraient leur mère.

 

 

 

Mais vous ? Etiez-vous tout à fait libre ? Si vous vous fâchiez avec la DGSE, celle-ci était en mesure de vous faire perdre deux emplois !

 

Cela ne se fait pas. Je n’ai pas connu un seul cas dans toute ma carrière. Il y a une éthique dans ce milieu. J’ai toujours été correct et ils l’ont toujours été.

 

 

 

N’empêche. Il y a quelques mois, un ancien de la DGSE a balancé votre identité dans un livre.

 

Je ne sais pas pourquoi il a fait cela! Vingt ans d’abus d’alcool. Cet homme-là et moi, nous avons travaillé ensemble pendant deux ans, au début de ma carrière. Cela s’était bien passe. On a eu de belles réussites. Une enquête a été ouverte par le département français de la Défense. De très hautes autorités ont demandé que je sois une des premières personnes à être entendue puisque j’étais mis en cause. Dans la boite, personne ne comprend les frustrations de ce fonctionnaire qui a terminé sa carrière comme sous-directeur d’administration. Il émargeait à 10000 euros par mois, avec voiture, chauffeur, etc.

 

 

 

Cet ancien de la DGSE révélait que vous avez été son agent dans l’affaire Dulcie September, la représentante de l’ANC à Paris, assassinée en mars 1988...

 

Oui mais les choses ne se sont pas passées comme il l'a écrit! A l'époque, j’ai établi un lien entre l'affaire September et un autre attentat contre l’ANC qui avait été commis à Bruxelles. Cette affaire est un cas d’école. Elle prouve que dans le renseignement comme dans le journalisme, il faut de la chance. En mars 1988, je suis encore un jeune agent et je vis en France, de retour de l’Est. Entre diverses missions à l’étranger, je m’intéresse d’assez près à certains milieux d’extrême droite que nous suspections d’être liés aux intérêts iraniens. Les Iraniens, par antisémitisme, ayant lié des relations avec les milieux néonazis. J’ai pénétré ce milieu et j'ai recruté une source en son sein.

 

“Pénétrer ce milieu”, dites-vous?

 

Disons que je me suis rendu dans les endroits où se réunissaient ces gens. J’ai sympathisé avec eux sans pour autant me déclarer néonazi. Un soir, une source que j’ai recrutée vient me trouver. Paniquée. Elle me dit avoir été mêlée des repérages sur un certain Godfrey Motsepe, le représentant de l’ANC à Bruxelles. Ils ont suivi l’homme, l’ont photographié… Un mois plus tard, le militant de l’ANC s’est fait tirer dessus. Je prends note de tout cela. Je vais me coucher. Le lendemain matin, en me rasant, j’apprends que Dulcie September a été abattue à Paris. Evidemment, j’établis le lien. On savait donc qu’on n’était pas en face d’un « simple » crime haineux, raciste mais d’une organisation. J’ai menée l'enquête pendant plusieurs semaines dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Belgique et en Allemagne. En France, nous avons identifié des gens qui ont été sans doute les soutiens d’une cellule de tueurs sud-africains. L’histoire racontée dans le livre par mon ex collègue de la DGSE est un délire à partir de ces faits. Je ne sais pas où il est allé chercher qu’un français d’extrême droite m’aurait confié : «J’ai tué Dulcie September». C’est n’importe quoi!

 

Dans vos contacts avec des autorités en Belgique avez-vous parfois œuvré en vous annonçant comme agent d’un service secret français?

 

Oui. J’avais un très bon contact avec un officier de la gendarmerie belge à l’époque de l'affaire September. Je lui ai donné des éléments pour avancer dans le volet bruxellois des attentats commis contre l'ANC. Un échange de bon procédé dont les Français ont ensuite récolté les fruits.

 

Personne n’a été condamné en Belgique et en France pour ces attentats…

 

Le boulot du renseignement est de trouver et de transmettre. Le reste ne nous regarde pas. Ce n’est pas la DGSE, heureusement, qui décide qui va en prison et qui n’y va pas.

 

Il y a un côté gratifiant dans ce travail ?

 

Quand on est patriote, c’est vraiment exaltant de servir son pays. Cela le reste aujourd’hui. J’ai le plaisir d’être souvent invite dans des régiments, en France, pour donner des formations : c’est une reconnaissance du service que j’ai rendu par des gens qui continuent à le rendre.

 

 

 

Le côté moins gratifiant ?

 

Mener deux vies en parallèle, c’est une contrainte assez lourde. Au bout d’un moment, vous pouvez développer une frustration a toujours vous trouver dans l’ombre. Enfin, cette activité force tout de même a vivre dans le mensonge, notamment vis-à-vis de gens auxquels on n’a pas envie de mentir.

 

 

 

Pourquoi cela s’est-il arrêté après vingt ans ?

 

C’est un métier dans lequel je ne suis pas certain que l’on vieillisse très bien. Au bout de vingt ans, j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour. Depuis un moment, je pensais passer dans le renseignement prive et j’ai créé ma boite, l’ESISC, a Bruxelles.

 

 

Oui, on pourrait se dire que…

 

… ce pourrait être la couverture d’un service? Si c’était cela, je ne serais pas en train de vous parler comme je le fais.

 

 

 

Ce serait assez subtil, non ?

 

Certains pays pratiquent comme cela. Ils ont des faux anciens espions qui sont toujours de vrais espions. Les Russes font beaucoup cela. Pas les Français.

 

 

 

Ils sont moins malins ?

 

Quand on quitte la DGSE, on la quitte vraiment. Cela dit, j’ai des contacts avec d’autres services de renseignement parce que je défends notamment les intérêts d’entreprises françaises.

 

 

 

Que fait l’ESISC?

 

Dans toute une série de pays difficiles, notre rôle est de collecter tous les renseignements sur les menaces qui pourraient peser sur les entreprises que nous protégeons et leur personnel. On a des gens qui travaillent dans ce domaine 24 h/24. Il s’agit de prévoir des troubles, voire d’anticiper les risques d’attentat. D’établir des procédures de sécurité pour empêcher que le directeur local d’une société soit enlevé. On a aussi une action de lobbying, d’influence pour faire évoluer des situations politiques dans certains pays au profit de gens pour lesquels nous déployons ces moyens. Nous sommes les conseillers de plusieurs Etats arabes et africains et de nombreuses entreprises. Nous faisons du conseil en image et communication pour des gouvernements. Il y a également un accroissement de puissance des grandes sociétés qui peuvent se payer les services prives de renseignement de sécurité. En ce moment, nous assurons la formation d’un service secret d’un Etat africain. Nous réfléchissons à d’autres domaines à investir, notamment face à la piraterie maritime ou aux attaques contre les installations industrielles a l’étranger. Mais il y a une ligne rouge que nous refusons de franchir: jamais nous n’enverrons des hommes sur le terrain d’un conflit arme. Question d’éthique et de politique. La guerre, c’est l’affaire des Etats, pas du privé.

 

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Michel Bouffioux


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