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Publié par Michel Bouffioux

LE GENIAL REALISATEUR FRANcAIS PRIVE DE SON OEUVRE 


- Dossier évoqué sur le plateau de l'Info Confidentielle Paris Match, le 9 novembre 2008 et publié dans l'hebdomadaire Paris Match (Belgique), le 13 novembre 2008 -


Au moment de la publication de cet article dans Paris Match, les films du clown génial ne pouvaient plus être vus. En cause, un regrettable imbroglio juridique qui, récemment, a trouvé une issue favorable à Pierre Etaix, lequel a récupéré ses droits. 


Le 18 novembre prochain, Bruxelles rendra hommage à l’immense carrière d’un jeune homme de 80 ans. Gagman, dessinateur, magicien, écrivain, comédien et réalisateur de films, Pierre Etaix cultive de multiples talents. Mais surtout, depuis toujours ou presque, comme si son nez rouge avait été déposé par une fée dans son berceau, c’est son « état » de clown qu’il privilégie. Le meilleur ami français de Jerry Lewis nous a reçus dans son appartement de Pigalle pour nous conter une histoire qu’il n’aurait pas eu l’idée d’écrire. Ou comment tous les films qu’il avait réalisés avec son complice Jean-Claude Carrière dans les années 60 sont devenus invisibles. Sous toutes formes et dans le monde entier !

 

Comment aborder l’expérience d’un tel homme sans manifester trop d’ignorance ? Pierre Etaix amusait déjà son public sur les planches des cabarets parisiens avant même que Bruxelles eut construit son Atomium. Une vie entière consacrée à l’humour. En d’autres termes, à l’observation des petits et grands travers des hommes et de l’humanité. Une vie entière à faire rire et sourire, ce qui est certainement une activité très sérieuse si l’on veut aller au-delà de la grimace et des jeux de mots faciles. Roi du gag un peu oublié, Pierre Etaix fut autrefois le collaborateur de Jacques Tati. C’était en 1954. Il n’avait que 24 ans et ses talents de dessinateur avaient intéressé le créateur de Monsieur Hulot. Etaix avait pour mission de croquer sur papier des idées de scènes comiques. Plus tard, en 1958, il fut aussi assistant réalisateur sur le tournage de « Mon oncle ».

 

Ensuite, il concevra ses premiers films avec la complicité de son ami de toujours, Jean-Claude Carrière. Des courts métrages d’abord, dont le deuxième, « Heureux anniversaire », fut couronné, ni plus ni moins, d’un Oscar à Hollywood en 1963. Viendront ensuite plusieurs longs métrages. « Le Soupirant » en 1962, « Yoyo » en 1964, « Tant qu’on a la santé » en 1965, « Le Grand Amour » en 1968 et « Pays de cocagne » en 1969. Des films récompensés par d’innombrables prix. Des films particuliers témoignant avec talent d’un imaginaire burlesque trop peu visité par le cinéma français. Des films qui ont forcé l’admiration des plus grands noms du cinéma… Mais des films aussi que l’on ne peut plus voir nulle part, alors qu’ils intéressent nombre de distributeurs. Que ce soit à la télé, au cinéma, sur DVD, les films d’Etaix ont disparu. En cause, un regrettable imbroglio juridique…

 

Paris Match Belgique. Par quel chemin êtes-vous arrivé dans cette impasse ?

Pierre Etaix. En 1996, j’ai estimé que la société qui avait produit mes cinq longs métrages ne les exploitait plus suffisamment. J’avais des propositions d’un important distributeur qui voulait leur donner une seconde vie. J’ai donc refusé de renouveler la cession de mes droits, mais le gérant de la boîte de production était un homme habile… Il a pu convaincre Jean-Claude Carrière, le co-auteur de ces films, de signer la prolongation du contrat. Voyageant beaucoup, mon ami a été abusé. Il ne savait pas que j’avais fait un autre choix…


Ce qui a conduit à une première situation de blocage ?

Oui, car faute d’accord commun entre les auteurs, l’exploitation des films devenait impossible pour dix ans. Le seul droit que je conservais encore était de les montrer lors de manifestations non commerciales. Six ans plus tard, en ayant assez de voir notre travail perdu dans cette oubliette juridique, Carrière et moi avons tenté une première action. Notre but était d’accéder aux négatifs afin de faire procéder à leur restauration, ce qui était le premier pas vers une nouvelle exploitation des films. En mai 2002 d’abord, puis en février 2003, nous avons gagné ce combat devant les tribunaux.


Tout était donc pour le mieux.

Oui, bien entendu. Jean-Claude et moi, nous étions très enthousiastes… Me Francine Wagner-Edelman, l’avocate parisienne qui nous avait obtenu cette belle victoire, nous a annoncé qu’elle pouvait aussi nous aider pour la restauration des films et leur remise en exploitation : Gavroche Productions, une société dont son frère était le gérant, pouvait se charger de tout.


Formidable !

N’est-ce pas ? Nous étions en confiance. On a signé un projet de contrat.


Et puis ?

Rien.


Comment cela, rien ?

Rien ne s’est passé pendant deux ans. Le contrat n’avait même pas été contresigné par le frère de notre avocate.


Pourquoi ?

Pour le savoir, on a cherché à entrer en contact avec Gavroche. Tout ce qu’on a trouvé, c’est une boîte aux lettres, une société fantôme !


Votre réaction ?

En novembre 2006, nous avons repris l’initiative, obtenant l’aide de la Fondation Groupama Gan pour le cinéma, ce qui a permis la restauration d’un premier film (« Yoyo »). Début janvier 2007, après des échanges de courriers improductifs, nous avons réclamé à notre avocate de nous restituer l’original du projet du contrat qui comportait nos signatures… et cela s’est encore envenimé. Désormais, elle se profilait comme l’avocate de son frère… lequel s’est alors décidé à signer le contrat. Et, très peu de temps plus tard, ce document était déposé au RPCA (Registre public du cinéma et de l’audiovisuel). Une clause avait été ajoutée sans être contresignée par nous.


Pardon ?

Oui, c’est du faux et de l’usage de faux ! Nos droits étaient entièrement cédés. On était pieds et poings liés. La société fantôme s’était octroyé une arme pour tout bloquer : rediffusions télé, éditions de DVD, projections publiques… Pour couronner le tout, on a découvert que l’avocate qui nous avait mis dans de si mauvais draps avait des intérêts dans la société de son frère.


N’avez-vous pas été un peu naïfs dans cette affaire ?

Est-ce naïf de faire confiance à son avocat ? J’ai mis du temps, c’est vrai, à comprendre qu’elle avait agi dans l’intérêt

de son frère.


Que fait la justice française ?

La ministre de la Culture connaît le dossier. Elle est sensible à notre cause. Mais, bien évidemment, les tribunaux sont indépendants. En juin 2007, une première action pour faire supprimer l’inscription du contrat litigieux au RPCA n’a pas abouti. Le tribunal s’est déclaré incompétent. Une nouvelle action judiciaire est en cours… Comme en 2002, il s’agit d’avoir accès à nos négatifs pour les restaurer et permettre une nouvelle exploitation des films…


Des distributeurs sont intéressés ?

En mai et en juillet 2007, il y a eu deux projections non commerciales de « Yoyo ». Dans le cadre de la « Sélection Cannes Classique » et au Festival de Paris Cinéma. On a fait salle comble. Il y a eu des demandes d’acquisition de distributeurs français et étrangers. Actuellement, il n’est pas possible d’y donner suite.


Vous perdez de l’argent…

Ce n’est pas une question d’argent. Pour moi, les recettes pourraient être mises sous séquestre en attendant que la justice clôture définitivement le débat sur les droits d’auteur. C’est une question de dignité, de respect d’une création artistique. Il est inacceptable d’ainsi priver des auteurs du droit de montrer leurs créations. J’attends avec beaucoup d’espoir un jugement qui doit être prononcé à la fin de ce mois de novembre.


En ne restaurant pas vos films et en ne les diffusant pas, vos adversaires ne gagnent pas grand-chose. Quel est leur mobile ?

Peut-être espèrent-t-ils un jour revendre leur société fantôme en valorisant son seul actif, c’est-à-dire le catalogue de mes films ? Peut-être que cela devra se faire quand j’aurai cassé ma pipe ? Peut-être avec des Japonais ou des Suisses ? Que sais-je finalement de leurs réels desseins ? Pour moi, la vraie question n’est pas là. Je souhaite de toutes mes forces que l’opportunité de faire revivre mes films puisse se concrétiser. J’ai travaillé beaucoup, pendant toute ma vie. Me voir ainsi dépossédé de mon œuvre est insupportable.


D’après le spécialiste belge des médias Alain Berenboom, la jurisprudence vous est favorable. Un producteur qui est en défaut d’exploiter une œuvre ouvre la possibilité à ses auteurs d’en récupérer les droits.

Tout à fait d’accord avec lui. Et dans cette affaire, c’est encore plus vrai, vu que le « producteur » n’a jamais rien produit.

Le seul acte qu’il a posé est d’avoir apposé sa signature au bas d’un contrat.


A malheur, il y a toujours quelque chose de bon : vous bénéficiez d’innombrables manifestations de soutien.

Cette sollicitude me dépasse complètement. Je la trouverais presque encombrante. Je n’ai jamais voulu être médiatique. Faire des déclarations sur la société, sur mon travail ou sur ma personne ne m’a jamais intéressé. Si cette levée de boucliers pour venir à mon secours me fait chaud au cœur, elle me met mal à l’aise. Je m’étonne que l’on puisse donner tellement d’importance à quelque chose qui me concerne… Je suis tout de même ravi qu’aujourd’hui encore des gens souhaitent voir ou revoir mes films.


Ceux-ci utilisent un procédé narratif qui renvoie aux pionniers du 7e Art : le « slapstick ». Vous pouvez nous expliquer ?

Voyez les films de Buster Keaton, de Laurel et Hardy ou d’Harold Lloyd. Ils proposent des enchaînements de gags qui peuvent être compris au premier degré, presque de manière universelle. C’est cela, le slapstick : un mode de récit ne s’appuie pas sur le verbe (les dialogues) mais sur la mise en situation des personnages. Si vous projetez « La Ruée vers l’or », qui a été réalisée en 1928, cela parle encore aux spectateurs d’aujourd’hui. Les modes, les décors changent mais, fondamentalement, les problèmes humains restent les mêmes : la faim, la mort, l’injustice. Le besoin de dérision et de rire aussi. Tati, notamment dans « Les Vacances de Monsieur Hulot », avait renoué avec cela : il ne racontait pas une histoire, c’était un pur produit d’observation des facéties d’un personnage qui part un mois en vacances.


Vous avez des héritiers dans le cinéma français ?

Je crains que non. Moi-même, je n’ai plus trouvé de producteur depuis que j’ai réalisé « Pays de cocagne », en 1969. Un film dans lequel, un an après Mai 68, je relativisais la portée de ces événements en montrant que le retour fulgurant de la société de consommation était déjà là. Je filmais les Français en vacances. Un peu dans le style de ce que fera plus tard une émission de télé belge comme « Strip-tease ». Il y avait énormément de dérision et à l’époque, cela n’a pas plu du tout à la critique. J’ai été descendu avec une violence inimaginable. Je n’ai plus jamais pu faire de cinéma. Cela m’a condamné complètement. Par la suite, quatre projets de film ont été refusés. L’un de ceux-ci devait se faire avec Coluche, un autre avec Jerry Lewis… Des expériences malheureuses qui m’ont permis de plus m’investir dans ma vraie passion, le cirque (NDLR : il a créé l’Ecole nationale de cirque en 1973) et dans d’autres formes d’expression. Je n’ai jamais arrêté de travailler.


A presque 80 ans, après l’avoir tellement observée, que pensez-vous de la société humaine ?

Tout est devenu si dérisoire. Et cela complique le rôle du comique. Il fut un temps où l’on pouvait s’amuser de l’aspect physique ou de l’habillement d’un personnage. Aujourd’hui, il y a trop d’« Iroquois » dans les rues pour qu’il suffise encore à l’Auguste de se couvrir la tête de cheveux rouges pour emporter un premier sourire. J’ai aussi le sentiment que les gens sont de plus en plus manipulés. Qu’ils sont conditionnés par une inflation d’informations qui leur fait perdre le sens des choses. Comme si tout se valait…


Vous êtes dessinateur, clown, illustrateur, cinéaste, scénariste, magicien… quoi d’autre ?

On peut s’arrêter là. Ma chance est que ces différentes formes d’expression se sont enrichies les unes les autres. Toutefois, j’ai la conviction profonde, au regard des grands modèles qui m’ont inspiré, que je n’ai été rien d’intéressant dans aucun domaine… sauf peut-être dans le domaine du cirque.


Que pensez-vous des humoristes d’aujourd’hui ?

Trop d’artistes montent sur scène pour donner des leçons et paraître plus intelligents que leurs spectateurs. Ils viennent se faire applaudir dans la position de ceux qui détiennent une vérité. Je préfère l’humilité du clown qui, comme le disait Stan Laurel, n’a jamais peur de se faire passer pour un imbécile. Cela demande, il est vrai, un certain panache. Du « courage », disait même Charlie Rivel (NDLR : célèbre clown espagnol disparu dans les années 80). C’est pour cela aussi qu’être clown est un « état », une manière de vivre et de penser. Pas une fonction. C’est aussi un don, comme celui d’avoir l’oreille musicale. On peut apprendre des techniques et des trucs. Mais apprendre à être comique, ce n’est pas possible. De même que le talent ne suffit pas. Il faut aussi beaucoup de travail, de la patience, de l’observation. Des essais. Des échecs. Et surtout des confrontations au public. Brassens disait que « le don sans travail devient vite une sale manie ». Les clowns qui ne comprennent pas tout cela chercheront leur nez pendant toute leur vie.


Etes-vous heureux de l’hommage que Bruxelles s’apprête à vous rendre ?

Ça m’inquiète beaucoup. C’est vraiment gênant d’être statufié de la sorte. J’espère que ce sera une fête.


A quoi consacrez-vous votre énergie créatrice en ce moment ?

A plusieurs choses, bien sûr. Je prépare un spectacle de music-hall. Je dessine, j’écris… des textes particuliers. Dans l’esprit de Chaval qui, dans un texte intitulé « Vantardise », proposait des phrases du genre : « J’ai très bien connu Louis XVI et Marie-Antoinette avant qu’ils ne fussent séparés. » Cela nous rappelle qu’il n’y a pas de situations proprement comiques, il n’y a que des situations dramatiques qui prêtent à rire. D’ailleurs, saviez-vous que j’ai bien connu le soldat inconnu avant qu’il soit célèbre ?

 

Une pétition circule sur la Toile :

www.ipetitions.com/petition/lesfilmsdetaix

 

Liste non exhaustive des personnalités qui soutiennent Pierre Etaix : Woody Allen, Edouard Baer, Guy Béart, Emilien & Alexandrine Bouglione, Michel Boujenah, Arturo Brachetti, Cabu, Nicole Calfan, Leos Carax, Leslie Caron, Jean-Pierre Coffe, Alain Corneau, Dolores & Eugene Chaplin, CharlElie Couture, Louis Chedid, Albert Dupontel, Terry Gilliam, Hippolyte Girardot, Gérard Jugnot, Mathieu Kassovitz, Claude Lelouch, Maud Linder, David Lynch, Christophe Malavoy, Julia Migenes, Eddy Mitchell, Yolande Moreau, Michel Piccoli, Charlotte Rampling, Jean-Paul Rappeneau, Claude Rich, Jacques Rivette, William Sheller, Shirley et Dino, Pierre Schoendoerffer, Barbet Schroeder, Bruno Solo, Bertrand Tavernier, Philippe Torreton, Serge Toubiana, Catherine Trautmann, Jaco Van Dormael, Lambert Wilson…

 

Un homme libre


« M. Etaix est un homme charmant et délicat, d’une grande courtoisie. Clown timide, trop timide. Pour qu’il se mette en colère et se jette dans la bagarre, il lui en faut beaucoup. Et c’est ce qui est en train de se passer… » C’est ainsi que Serge Toubiana, le directeur général de la Cinémathèque française, évoquait récemment la personnalité de Pierre Etaix. De fait, lorsque l’artiste ouvre la porte de son appartement sis dans le quartier de Pigalle, il séduit d’emblée par sa simplicité et sa modestie. Mais cela n’a rien à voir avec de la timidité. Cette attitude renvoie plutôt à un mélange d’humilité et de tendresse, des vertus devenues rares dans le monde des hommes, voire carrément étranges dans celui des « people ». Des qualités qui appartiennent à « l’état de clown » de notre hôte, lequel a toujours redouté la médiatisation comme d’autres se méfieraient d’un virus qui traîne dans l’air. William Shakespeare a écrit des clowns qu’ils sont des prophètes qui disent la vérité par le plus court chemin. Et, de fait, Pierre Etaix n’aime guère l’emphase et les discours de tribuns, fussent-ils distillés sous les habits de l’humoriste. C’est un homme libre, un créateur qui a toujours laissé des portes ouvertes dans ses œuvres pour respecter la liberté d’interprétation de ceux qui les regardent. C’est aussi un artiste qui a suivi son étoile. Bien sûr, aller au bout de ses rêves, cela a un prix. Pour le juste qui comprend le caractère dérisoire de toutes choses, il ne représente pas grand-chose. Si vous trouvez que Pierre Etaix vit dans un petit appartement, c’est que vous ne voyez pas qu’il s’agit de la réplique d’une roulotte de cirque. C’est que vous ne voyez pas les vraies richesses de ce palais, magnifiquement orné par les œuvres et les souvenirs de l’artiste.


Bruxelles fait la fête à Pierre Etaix


Ce mardi 18 novembre au Théâtre de la Toison d’Or, une soirée cabaret conçue par Véronique Navarre et Nicolas Crousse rendra un chaleureux hommage à Pierre Etaix. L’artiste sera présent et « entouré par quelques bobines dignes du meilleur cinéma burlesque », annoncent les organisateurs. On y verra ainsi, choisis par Pierre Etaix, des extraits de Tati, Harry Langdon, Jerry Lewis, Buster Keaton ou Laurel et Hardy. Un hommage particulier sera également rendu aux lanceurs de tartes. Et puis, surtout, pour les inconditionnels d’Etaix, on proposera ce soir-là de nombreux extraits de ses cinq films. Un événement, quand on sait que plus aucune image n’est actuellement disponible, ni sur grand ni sur petit écran. « Cette soirée n’est pas qu’une déclaration d’amour au cinéma d’Etaix. Ce sera une fête, placée sous un slogan résolument optimiste : Pierre Etaix et Pierre Serax ! », nous dit Nicolas Crousse. 15 euros. Réservations : 02 / 510.05.10.

 

Vers une médiation ?


Me Francine Wagner, l’ex-avocate de Pierre Etaix, n’est évidemment pas d’accord avec l’artiste. Voici ce qu’elle nous a déclaré.

 

« Il est tout à fait faux de prétendre que rien n’était prévu pour procéder à la restauration et à la diffusion des films. Gavroche Productions, qui n’a rien d’une “société fantôme” comme le prétendent Etaix et Carrière, a vraiment cherché à faire avancer les choses. Mais ce n’était pas si simple. Il y avait des obstacles juridiques, des négociations à mener pour arriver aux buts que nous partagions tous. Pour des raisons qui restent en partie mystérieuses, Pierre a tout remis en cause en octobre 2007, soit deux mois à peine avant la date que nous avions prévue pour les débuts de travaux de restauration des films. Et je précise que lui, comme Carrière, avaient connaissance de ce calendrier. »

 

« En manquant de patience, les auteurs se sont eux-mêmes mis des bâtons dans les roues. Désormais, c’est une affaire juridiquement complexe, mais il y aurait moyen d’en sortir rapidement en revenant au dialogue. Gavroche Productions est demandeuse d’une médiation avec Pierre Etaix, Jean-Paul Carrière et la Fondation Gan qui est une autre partie à la cause. Dans un délai très court, peut-être en moins de trois mois, je suis certaine qu’une solution équilibrée pourrait être trouvée. Si les auteurs ne veulent plus de Gavroche, cette société acceptera de résilier le contrat pour autant que cela se fasse dans des conditions équitables. »

 

« Il y a eu beaucoup d’accusations gratuites et infondées dans le cadre de cette affaire et cela a certainement créé un préjudice pour tout le monde… Car ce climat délétère est néfaste aussi pour la ressortie des films de Pierre Etaix. Son œuvre devrait être évoquée dans la presse en raison de sa grande qualité, pas dans ce cadre conflictuel. Certaines accusations sont vraiment basses, comme celle qui voudrait que l’on ait ajouté une clause après signature dans le contrat. Il y a eu bien d’autres énormités dites par Pierre dans ses déclarations à la presse en France. Je suis d’avis de le laisser faire, de ne pas demander réparation. Parce que je respecte la liberté d’expression de Pierre et que je garde une fidélité pour la partie positive de son personnage. Il a été un ami et je conserve toute mon admiration pour le travail qu’il a réalisé. » Me Wagner ne conteste pas avoir eu des parts dans la société de son frère mais, selon elle, « cela n’a jamais été caché à MM. Etaix et Carrière ».

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