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Torturé sur son lieu de travail (18/11/2010)

CELA SE PASSE EN BELGIQUE

 

- Article publié dans l'hebdomadaire "Paris Match Belgique", le 18 novembre 2010.

 

michel-mactac1.JPGUn homme ligoté sur une palette que des individus s’apprêtent à humilier de la pire des façons. Cette scène se déroule en Belgique, dans une usine, et illustre l'un des maux cachés de notre société : le harcèlement moral et physique au travail. Des études européennes le confirment: même si, trop souvent, la plupart des entreprises ou des administrations ne sont guère disposées à admettre l'existence du problème, près d'un travailleur sur dix a déjà subi, dans le cadre professionnel, des actes d'intimidation et des brimades. Sur l'ensemble des Etats membres de l'Union européenne, douze millions de travailleurs sont concernés (*). Et le nombre de plaintes ne cesse d'augmenter, selon le Service externe pour la prévention et la protection au travail (IDEWE). Ces plaintes se rapportent à des cas de harcèlement moral (68%), de violence psychique (21%), de harcèlement sexuel (10%) et de violence physique (3,5%). L'enquête effectuée par le journaliste Michel Bouffioux que publie Paris Match cette semaine dépasse tout ce qu'on, pouvait imaginer. Oui, ça s'est passé près de chez vous.

 

(*) Source : Européan Foudation for the improvement of working and living conditions (1996). Enquête conduite auprès de 15.800 personnes. Chiffres publiés par le site de la FGTB

 

Légende de la photo : "Guantanamo !" : Des rires, des cris d'excitation. Un ouvrier par terre qui souffre, qui est humilié. L'un de ses bourreaux mime une fellation.  Un autre crie : "Guantanamo !" L'une des images extraite de la séquence filmée accablante dévoilée par Paris Match…

 

ILS SONT PLUSIEURS A LIGOTER DANIEL CERTAINS TEMOINS SONT UN PEU GÊNÉS MAIS NE ROUGENT PAS. ILS SONT COMPLICES. 

 

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Ils appellent cela le «break de minuit», une récréation, en quelque sorte. Où des lâches, regroupés en meute (évidemment) s'amusent à torturer Daniel. Au-delà des images, il y a le son. Des rires, des cris d'excitations, ceux des bourreaux de Daniel. L'un de ces Dupont-Lajoie lançant même «Guantanamo !» à un moment du supplice de la palette, ce qui prouve que les acteurs de cette triste scène ont conscience qu'ils se livraient à bien plus qu'un petit jeu. Sur ces images, on voit tout le processus de cette incroyable violence : immobilisée, emballée avec du tape, «cerclée» sur une palette d'expédition, barbouillée à la tête avec un marqueur indélébile, la victime se voit ensuite infliger un simulacre de fellation. Daniel est ensuite libéré grâce à l'arrivée de deux brigadiers (on ne les voit pas dans cette sélection de photos, mais ils apparaissent bien dans le film). Ces derniers ne feront aucun rapport à leur direction.

 

CE SOIR-LA, DANIEL RENTRE CHEZ LUI AVEC L'INTENTION DE SE PENDRE DANS SON GRENIER

 

L'homme qui se trouve devant nous s'exprime très lentement. Il a les yeux mouillés et il bégaie. Il souffre d'un syndrome post-traumatique diagnostiqué par un neuropsychiatre requis par la justice. Ce père de famille n'est pas un soldat revenu du front, mais est-ce fort différent ? C'est un ouvrier quia été plongé pendant des années dans l'enfer du harcèlement sur son lieu de travail. Il témoigne pour la première fois. Les faits décrits par Daniel M. sont terribles. Invraisemblables de cruauté. Ils confinent à la torture. Les faits les plus graves relatés dans ce témoignage effrayant ont été recoupés dans le cadre d'une instruction judiciaire menée à Mons. Vingtcinq des anciens collègues de la victime, de même que son employeur (en tant que personne morale) ont été inculpés. Les uns pour attentat à la pudeur avec violence, les autres pour harcèlement et non-assistance à personne en danger... Pourtant, il se pourrait qu'aucune des horreurs ici décrites ne soient pénalement sanctionnées, car le parquet de Mons estime, contrairement aux avocats de Daniel M., que les faits sont prescrits.

 

Daniel ne sort presque plus de chez lui. Une peur, qu'il sait pourtant irraisonnée, l'habite en permanence. Avec des pics d'angoisse qui le font transpirer, paniquer. Qui lui donnent des envies de fuite. Ou carrément le désir de disparaître définitivement, comme ce soir de 2007 où il était rentré à la maison avec l'intention de se pendre dans le grenier. Daniel a 54 ans, mais c'est un homme bien plus âgé qui se confie à nous. Un homme blessé, détruit. Une ombre de celui qu'il fut autrefois, selon Chantal, son épouse, et Sandrine, sa fille, qui l'aident à témoigner. Ce qu'il nous raconte dépasse l'entendement. Cette histoire est d'abord celle d'un type comme tout le monde. Daniel entre dans la vie active dès l'âge de 15 ans, avec un statut d'apprenti. Quatre ans plus tard, sa qualification obtenue, il décroche son premier job: carrossier chez Leyland. Il travaille ensuite chez Matermaco et pour divers employeurs à Bruxelles. Ayant toujours donné satisfaction, Daniel cherche ensuite du boulot dans la région de Soignies. «Je voulais un job plus proche de mon domicile pour améliorer mon confort de vie. J'ai d'abord été polisseur-soudeur chez Don-Bar et puis, en 1996, j'ai été embauché comme "emballeur" chez Mactac Europe, une multinationale de renommée mondiale qui propose toutes sortes de solutions adhésives pour étiqueter les produits, fixer, isoler et protéger».

 

A 40 ans, surqualifié pour le poste qu'il vient de décrocher – mais la perte salariale est compensée par le fait qu'il travaille à pause -, Daniel entame une nouvelle aventure professionnelle. Il est alors enthousiaste et motivé. Tout va pour le mieux. Mais les ennuis vont bientôt commencer. «Chez Mactac, j'ai été placé sous la responsabilité de Sebastiano, lequel était opérateur. Après quelques jours, cet homme bourru a commencé à me faire diverses "blagues" qui étaient supposées être amusantes : mettre du papier entre mes tartines, couvrir les boutons de ma machine de graisse noire... Plus tard, il s'est mis à me manifester une affection toute particulière. Il me sautait sur le dos par surprise et me ceinturait afin de m'immobiliser. Cette force de la nature voulait montrer aux autres qu'il me dominait. Son attitude était primaire, bestiale. A cette époque, j'avais du bagout et du caractère.  J'étais bien décidé à ne pas me laisser faire. Je répliquais, je gardais la tête haute. Moralement, je gérais l'histoire en essayant d'y voir une forme d'humour bête. N'empêche. La répétition des mêmes "gags" me minait. Physiquement, les "attaques surprises" de Sebastiano étaient très pénibles. Souffrant de problèmes cervicaux, je n'avais pas la possibilité de beaucoup me débattre. Les "ceinturages" et "immobilisations" quotidiens aggravaient mes douleurs».

 

Au bout de quelques mois, Daniel sent la colère monter en lui. Au péril de sa santé, il résiste de plus en plus aux agressions. Du coup, il devient le souffre-douleur de son supérieur direct. «C'est ainsi que j'ai eu des montres cassées, des vêtements déchirés, des chaînes en or arrachées, des griffes sur le corps... Mais quand je rentrais chez moi, je ne parlais pas de tout cela. Question de dignité. Je croyais encore que je surmonterais, que c'était le prix à payer pour conserver cet emploi... Quand on est ouvrier d'usine et qu'on a plus de 40 ans, on fait gaffe à garder sa place. Je ne me plaignais donc pas plus à la direction de l'entreprise, de peur d'être catalogué comme une source de problèmes».

 

En 1998, la situation se dégrade un peu plus encore. «Un certain Mickaël a été engagé. Dans les années qui précédaient, il avait déjà obtenu un job d'étudiant chez Mactac et son père était aussi employé par cette société. Mickaël se sentait donc chez lui et a décidé de marquer son territoire en s'attaquant à ma personne, vu que j'étais le maillon faible. La tête de Turc toute désignée par le comportement dénigrant de Sebastiano à mon égard. Il y eut d'abord les petites attaques classiques : boire dans ma bouteille, mordre dans mes tartines, la graisse sur les boutons de ma machine... Je suis incapable d'énumérer toutes les "blagues" de ce genre, étant donné leur profusion. Et puis c'est devenu plus hard. Par exemple, quand j'étais accroupi en train de coller des étiquettes d'expédition sur les bobines et que j'étais concentré sur ma tâche, il arrivait que Mickaël surgisse par surprise pour me coller son sexe sorti du pantalon sur le visage. Cela faisait bien marrer. Sebastiano et l'opérateur de Mickaël, un certain Jean-Michel. Une autre fois, Mickaël a rabattu volontairement un élément de ma machine sur ma main droite. Mon pouce fut cassé et j'ai fait passer cela pour un accident de travail parce que je ne voulais pas avoir plus d'ennuis. Plus tard, j'ai eu aussi les ligaments du pied droit déchirés à la suite d'une "erreur" de manipulation d'un transpalette commise par ce même Mickaël. Un autre "accident de travail".» Interrogé dans le cadre de l'enquête judiciaire, Mickaël a contesté ces deux derniers faits.

 

A partir du début 2000 et jusqu'en novembre 2002, le cercle des bourreaux de Daniel ne fait que s'agrandir. «Samuel, le frère cadet de Sebastiano, a été embauché. Ce véritable colosse était aussi un adepte des "étreintes" et autres "ceinturages". Sauf qu'avec lui, il était totalement impossible de se libérer. Durant cette période, quatre ouvriers m'ont immobilisé et plaqué au sol. Laurent a dégrafé sa salopette et l'a baissée. Ensuite, il m'a collé son postérieur en plein visage. Cela les faisait marrer. Lorsqu'ils se sont enfuis, je me sentais souillé. Je suis allé me laver et c'est tout. Je ne savais comment réagir. Encore une fois, je n'ai rien dit à personne. J'étais anéanti».

 

Vient ensuite ce que Daniel appelle «l'épisode de la cage». «Je revenais d'un break avec un collègue. Laurent, Jean-Paul et Benoît m'ont sauté dessus et, de force, ils m'ont fait rentrer dans une "cage à trimes". Il s'agit d'une cage qui accueille des déchets et des chutes de papier. Elle fait 80 cm de large, 1,5 mètre de long et 1,5 mètre de hauteur. Impossible de s'y tenir debout. On ne peut pas l'ouvrir de l'intérieur. J'étais donc réduit à l'état d'un animal captif. Tout habillé, recroquevillé, j'attendais le sort qui me serait réservé. J'avais très peur. Finalement, ils m'ont couvert de talc qu'ils ont introduit par un orifice de 40 cm de diamètre qui se trouve dans la partie supérieure de la cage. J'ai reçu plusieurs kilos de poudre sur la tête. J'ai toussé. J'ai cru que j'allais mourir étouffé. Ensuite, Jean-Paul a utilisé un clark pour porter la cage où j'étais prisonnier jusqu'à un parking extérieur. C'était l'hiver. Il faisait très froid. J'ai compris que ces actes de tortures étaient prémédités, car Mickaël nous attendait avec une lance de Kârcher dans la main. Dès que la cage a été déposée, ce dernier a dirigé le jet d'eau ultrapuissant vers moi. Cela m'a terrorisé. J'ai commencé à crier. J'implorais que cela s'arrête en hurlant. Je crois avoir eu le bon réflexe en mettant en boule pour éviter d'être blessé. Je ne sais combien de temps cette horreur a duré. Certainement plus de cinq minutes. Plusieurs hommes se sont relayés pour me "nettoyer". Le supplice terminé, je me souviens d'avoir constaté que j'étais tout rouge. Ma peau avait été irritée par ce traitement inhumain. Finalement, quelqu'un a ouvert la cage. Je ne saurais même plus dire qui. Les cris d'excitation des nombreux spectateurs se sont tus. Ils étaient rassasiés. Dans le silence revenu, j'étais hébété. Perdu. Encore ce sentiment d'être un animal pris au piège. Un état de choc. Alors, je suis resté un moment sans plusbouger. Le temps de recouvrer mes esprits. C'est alors seulement que je me suis rendu compte que j'avais froid. Trempé jusqu'à l'os, je grelottais. J'ai trouvé la force de retourner vers l'usine. J'étais sale. En marchant, je laissais des traces. Sur ce chemin de croix, une main compatissante, la seule que je rencontrai cette nuit-là, s'est tendue. Etait-ce Ronald ou Serge, je ne sais plus. Cet homme m'a donné un essuie et du gel douche. Il m'a fait un signe de dépit de la tête. Sans lui, j'aurais été seul au monde. Après m'être lavé, tel un automate, j'ai enfilé la salopette de réserve que je conservais dans mon casier. Et je suis retourné à mon poste de travail comme si de rien n'était. Encore une fois, je n'ai rien dit à personne. J'ai encaissé. C'est tout».

 

Comme si cela n'était pas suffisant, Daniel se fait ensuite tancer par un supérieur. «L'épisode de la cage s'était déroulé en fin de semaine. Le lundi qui a suivi, j'ai été convoqué chez le chef de la sécurité. Quand je suis rentré dans son bureau, il m'a dit: "Tu vas prendre une bonne engueulade ! " En fait, il en avait après moi parce que le talc avait laissé des traces dans l'usine. Un bref instant, j'ai ressenti le besoin d'expliquer ce qui s'était passé, de lui dire que ce n'était pas un jeu. Mais il m'a coupé la parole: "Surtout, je ne veux pas de noms ! Tu iras dire à tes copains de se calmer." De victime, j'étais devenu l'un des coupables. Alors, je me suis dit qu'il savait déjà tout ou qu'il ne voulait rien savoir. De toute manière, j'étais perdant. Il ne me restait plus qu'à me taire. Quand je suis rentré à la maison, j'ai demandé à Chantai de laverla serviette de Ronald. Et, bien entendu, sans lui dire ce qui s'était vraiment passé».

 

Daniel évoque encore des «sabotages de sa machine», des «séances d'arrosage ciblées» et d'autres «humiliations». Un jour qu'il se trouve attablé avec des collègues dans le réfectoire de l'usine, Mickaël se dirige vers lui avec un cutter. «D'autres gars l'accompagnaient et il m'ont ceinturé. Mickaël s'est mis à me lacérer la salopette, au risque de me blesser. Le "jeu" consistait à me dénuder devant les femmes qui se trouvaient dans le réfectoire. Une autre fois, ce sont Samuel et des comparses qui s'en sont pris à moi dans ce même local : je me suis retrouvé avec un cendrier plein de crasses fixé sur la tête avec du tape autocollant. Le "jeu" de ce jour-là consistait à me donner l'allure d'un fou. Quelque temps plus tard, ils m'ont sauté dessus à plusieurs alors que je me trouvais à mon poste de travail. D'abord, ils m'ont saucissonné de haut en bas avec du tape. Parmi les auteurs, il y avait de nouveau Samuel, Mickaël, Jean-Paul et Laurent. J'ai été amené sur une palette où ils m'ont attaché avec des bandes de cerclages malgré le fait que j'essayais de résister. Deux d'entre eux m'ont alors barbouillé la tête à l'aide de marqueurs indélébiles, un autre encore s'est approché de mon visage pour mimer une fellation... Ce ne devait être sans doute que le début de quelque chose de plus horrible mais, heureusement, deux contremaîtres sont arrivés sur le lieu des faits et ils ont ordonné que cela cesse. Pour autant, aucun des deux supérieurs qui ont vu la fin de cette scène n'en ont fait rapport à la direction. Lors de ces attentats, qui se passaient la nuit puisque je travaillais à pause, personne ne m'a aidé. Ceux qui regardaient étaient complaisants 01 avaient peur. Quelque temps après, un type qui avait filmé les sévices d la palette m'a donné une copie du film en me disant: «Tiens, tu regarderas cela en famille. » J'ai encore ces images mais je suis incapable de les regarder. (NDLR: L'épouse de Daniel nous montre alors ces images filmées sur la télé de son salon pendant que la victime qui n'a pas la force de les regarder, passe dans une autre pièce. C'est de ce film que sont extraites les photos publiées dans les pages précédentes.) En novembre 2002, après un énième sabotage de sa machine, Daniel se confie au directeur du responsable de la sécurité, Patrick «C'est la première fois que j'ai évoqué le harcèlement dont j'étais l'objet. J'ai parlé de l'affaire de la cage, de la palette et j'ai même dit que j'avais une cassette filmée de ce dernier fait. Il m'a répondu quelque chose du genre : "Cette cassette, tu la gardes au frais." Et suite à cela, j'ai été régulièrement mis au travail avec deux de mes harceleurs les plus actifs ! Toutefois, à partir de là, le harcèlement physique s'est arrêté. C'était alors uniquement du harcèlement moral. On se contentait de me saboter, de me railler. Fin novembre 2003, étant donné que la direction me maintenait dans des postes où j'étais en contact direct avec des collègues qui m'avaient agressé, j'ai tout dénoncé à la médecine du travail. A ce moment, j'étais envahi par le stress, celui-ci agissant comme une bombe à retardement. Je commençais à perdre les pédale; car j'avais le sentiment que tout était fait pour que je démissionne ou que je commette une faute permettant de me virer. Mes démarches n'ont débouché sur aucune sanction. Il y a seulement eu une tentative de conciliation avec l'un de mes tortionnaires, Sebastiano. Sans résultat. La conseillère en prévention qui s'est occupée de moi dans cette affaire s'est surtout montrée fort soucieuse de récupérer la cassette VHS, le film du supplice de la palette, au motif, disait-elle, qu'il fallait "la conserver dans un endroit neutre"».

 

En décembre 2007, Daniel craque. «En une fois, la coupe a été pleine. Je n'aurais plus pu supporter une remarque désobligeante, une insulte, un regard moqueur ou ces rumeurs qu'on entretenait sur la perte de mon poste. J'allais imploser. Après une énième altercation, j'ai tout raconté à ma femme et à ma fille. Je ne voyais plus qu'une seule solution pour sortir de cet enfer : mettre fin à mes jours. Mes proches m'ont défendu de leur mieux. Et moi, je n'avais plus la force de faire quoique ce soit. Ma femme a appelé le syndicat. Quelques jours plus tard, le responsable de la sécurité auprès duquel j'avais témoigné en novembre 2002 est venu à la maison pour voir le film de la palette. En entrant chez moi, le 7 janvier 2008, il disait que j'exagérais, que tout ce dont je parlais, ce n'était que des blagues, de l'enfantillage. Après la vision du film, il a changé sa position. Il disait alors se rendre compte de la gravité des faits, mais il me reprochait de ne pas lui avoir montré ce document plus tôt. Je maintiens que je lui en avais parlé six ans plus tôt et qu'il n'avait pas manifesté l'envie de visionner la cassette. Le 8 janvier 2008, j'ai été reçu par la direction. On m'a surtout demandé à récupérer la cassette et, pour le reste, on m'a dit ne rien pouvoir faire pour moi. On me conseillait de déposer plainte en justice contre les gens qui m'avaient agressé. C'est tout. Je l'ai donc fait. Plus tard, une autre victime des mêmes personnes a aussi déposé plainte et son dossier a été joint au mien.".

 

Récemment, Daniel a appris avec stupeur qu'en ce qui concerne les faits dont il a été victime, le parquet estimait l'action publique éteinte pour cause de prescription. «Vingt-cinq collègues ont été inculpés durant l'instruction, de même que la société. Mais le parquet n'a pris en compte que les images qui apparaissent sur la VHS. En conséquence de quoi, les derniers faits retenus par le ministère public remontent à fin 2002. La prescription étant de cinq ans, ma plainte déposée début 2008 ne peut déboucher sur aucune poursuite. Sauf que pour moi, le processus de harcèlement ne s'est jamais arrêté avant que je quitte cette société pour maladie en 2007 Je vous rappelle le maintien en contact avec des personnes qui m'avait agressé physiquement et q continuaient à le faire verbalement. C'est une évidence, pourtant ! Je ru comprends pas l'attitude de la justice à mon endroit. » 

 

Cette douloureuse affaire sera examinée par la Chambre du conseil du tribunal de Mons le 10 janvier 2011.

 

DES LACHES ET DES BALANCES (1er encadré)

Selon les informations de Paris Match, tous les ouvriers impliqués dans ces faits de harcèlement et de torture ont été interrogés dans le cadre de l'instruction menée à Mons par la juge Dutillieux. Les faits, ceux de la palette bien sûr, mais aussi les autres, comme ceux de la « cage à trimes », ont fait l'objet d'aveux complets de la part de tous les ouvriers interrogés. Il semblerait, d'après tous ces témoignages, que Daniel se soit seulement trompé dans l'ordre chronologique de certains événements (par exemple, la mise en cage aurait suivi les faits de la palette). Après ces actes d'une grande lâcheté, la plupart des acteurs interrogés dans l'enquête ont « balancé » sur certains de leurs semblables, qualifiés de « meneurs ». D'autres ont tenté de relativiser les faits en parlant de « blagues » ou en décrivant la victime sous les traits d'un « provocateur ». Une défense très faible. Heureusement pas générale. La majorité des acteurs de ces tristes faits confrontés aux images et à leur mémoire ont admis leur caractère inadmissible et barbare. Certains, parmi les plus éveillés de la meute, se sont grandi en admettant leur couardise, en reconnaissant qu'ils avaient été les témoins passifs de faits qu'ils réprouvaient sans oser intervenir. Parce qu'ils avaient peur. Qu'ils craignaient de se retrouver à la place de Daniel... 

 

INSUPPORTABLE

 

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La douleur se lit sur le visage de cet homme ligoté comme une bête. A ce moment, le supplice est en train de prendre fin en raison de l'intervention de contremaîtres. Deux des tortionnaires utilisent des cutters pour libérer leur victime.

 

 

 

TRISTESSE

 

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On ne peut que compatir avec la tristesse de cet homme blessé dont tout le désespoir apparait sur le visage à l'issur de ce nouvel épisode de maltraitance sur sur son lieu de travail.

 

 

 

 

GUIDO ALVINO, PRESIDENT DE MACTAC EUROPE :  «DES FAITS GRAVES ET INADMISSIBLES» (2ème encadré)

Paris Match a bien  entendu écouté les arguments de la direction de Mactac dans ce dossier délicat. A l'adresse internet suivante, michelbouffioux.overblog. com, on trouvera l'intégralité de l'interview que nous a accordée le président de Mactac Europe, M. Guido Alvino. Ce dernier a insisté pour que nous notions qu'il n'a nullement l'intention de minimiser ces « faits graves, évidents, inadmissibles ». Il dit aussi qu'il a pris les mesures qui s'imposaient en janvier 2008, lorsque le film de l'horreur lui a été montrées. En substance, le directeur explique que trois membres du personnel ont été licenciés dans les 72 heures de sa prise de connaissance des images. Il s'agissait de personnes qui apparaissaient sur le film comme étant des acteurs de ce qui s'y passait. Deux autres personnes impliquées activement dans ces faits avaient déjà été licenciées précédemment. Toutefois, des documents internes de la société démontrent que l'existence des horreurs qui apparaissent aujourd'hui au grand jour étaient déjà connue de la direction opérationnelle de Mactac Europe en décembre 2002. C'était, il est vrai, à une époque où M. Alvino ne dirigeait pas encore cette société. Le président de Mactac Europe évoque aussi le délai qu'a mis Daniel à tomber en dépression et à décider de d< poser plainte en justice. Mais dans l'entretien tout en nuan qui nous avons eu avec ce de nier, il a bien dû aussi prendre en compte que la victime, traumatisée, avait pu être pa: lysée par la peur. La vérité se trouvant souvent dans les dé tails, on ne saurait trop conse 1er à nos lecteurs de lire la ve sion intégrale de cet entretie sur le Net. On y découvrira aussi les propos de l'avocat Christophe Marchand, qui di fend Daniel et explique pourquoi, à son sens, l'affaire ne peut être atteinte par la prescription, comme l'a requis le parquet de Mons.

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J
Je hais les gens qui ont des pareils agissements.<br /> <br /> De véritables animaux empreints de sadisme.<br /> <br /> C'est l'un des mals qui ronge la Wallonie.
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I
<br /> Mais !! "juste"...<br /> Quand en auront-ils enfin fini avec cette PRESCRIPTION ridicule car il n'y a pas prescription sur l'infamie que je sache !! Il est grand temps d'en finir avec cette ignominie de PRESCRIPTION<br /> RIDICULE !!!<br /> <br /> <br />
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