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Les vautours et les pigeons (25/05/2004)

 

Chronique "Si on me laisse dire", publiée dans le quotidien belge "La Dernière Heure" en marge du procès de Marc Dutroux et consorts

  

Les vautours et les pigeons (55 - Le 25 mai 2004)

 

Les-vautours-et-les-pigeons.jpg

 

Les plaidoiries ont commencé au procès d’Arlon. En de telles circonstances, la formule consacrée est la suivante : «Nous sommes dans la dernière ligne droite». C’est sans doute vrai en termes de calendrier, mais il n’est pas certain que les jurés ressentent les choses comme cela. Au bout de cette marche, pourtant très longue, voilà qu’ils arrivent non pas dans un havre qu’il leur permettrait de juger en toute sérénité mais dans une véritable jungle. Après avoir entendu 569 témoins, les voilà donc confrontés à un nouvel exercice. Peut-être, le plus difficile : décoder les messages nourris et surtout très contradictoires de ces prix d’éloquence qui se succèdent à la barre.

 

 

 

  

On ne plaindra pas qu’il y ait opposition entre des thèses au cours d’un procès. Bien au contraire. C’est là, justement, le privilège de notre système démocratique. Il va de soi, par exemple, que les avocats des accusés et des victimes tiennent des discours qui se confrontent. Toutefois, dans ce procès d’Arlon, la donne s’avère assez particulière alors que l’on constate, d’une manière plus aigue que jamais, les divergences radicales qui séparent les parties civiles.    

A tel point que les jurés pourraient en arriver à douter : tout le monde parle du même dossier, des mêmes faits, des mêmes témoignages? Pour l’avocat de la famille Marchal, ce procès ne peut se terminer que par les condamnations des quatre accusés et il ne fait aucun doute qu’ils font partie de la même association de malfaiteurs. Les avocats de la famille Lambrecks, eux, sortent carrément de l’acte d’accusation en donnant leur bénédiction à Michel Nihoul dont ils ne se disent pas «convaincu» de la culpabilité. Me Rivière et Parisse leur ont emboîté le pas sans le dire : pas un mot de l’accusé bruxellois dans leurs plaidoiries : il n’y a que Dutroux-le-pervers-isolé et ses deux acolytes.

 

Il y a tout de même –ouf !- un point sur lequel toutes les parties s’accordent : Dutroux, Martin et Lelièvre devraient prendre le maximum. Pour ces deux derniers accusés, la stratégie de la «femme soumise» et du «toxicomane manipulé ayant commis des erreurs de jeunesse» n’a impressionné aucune partie civile. Au contraire. Elle a même irrité les victimes et leurs familles qui y ont surtout vu une manière de diminuer leurs responsabilités –pourtant accablantes- dans le chef de Martin et de Lelièvre.  

 

Cette journée s’est terminée sur une plaidoirie enflammée de Me Rivière qui s’est pêle-mêle attaqué aux «vautours» du barreau, du monde politique, etc. De qui parlait l’avocat tournaisien? De tous ceux qui, ces dernières années, ont posé des questions sur les dysfonctionnements dans l’affaire Dutroux! Il y a ces méchants commissaires du parlement et «ces avocats» qui se seraient rendus sur des plateaux de télévision, après août 1996. Il y a aussi ceux qui ont dit que le procès d’Arlon risquait d’être un «cirque». Un blasphème semble-t-il inacceptable pour cet avocat. Parlait-il des parents de Julie et Melissa (!?). Félicitant par contre Jean Lambreckx de s’être tu pendant l’instruction, Me Rivière s’en est également pris à ces «vautours» de la presse qui ont émis des doutes sur la qualité de l’instruction Langlois. Au travers de ce réquisitoire qui aurait pu se terminer par une morale fort peu démocratique –«si tout le monde fermait sa g…, cela irait mieux»- j’ai cru comprendre que l’avocat me verrait bien avec des ailes. Celles d’un vautour, bien entendu. Sans doute préfère-t-il les pigeons?  

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Michel Bouffioux


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