Chronique « Si on me laisse dire » publiée dans le quotidien belge « La Dernière Heure » en marge du procès de Marc Dutroux et consorts
Ici et maintenant (25 – Le 5 avril 2004)
Ces derniers jours, plusieurs ex-gendarmes sont venus «témoigner» dans le volet «Julie et Melissa» du dossier Dutroux. En entendant la plupart d’entre eux, on a pu vérifier que le nouvel uniforme de la police fédérale n’a absolument rien changé à certaines mentalités. On pense notamment à l’arrogance d’un Lesage, à la désinvolture d’un Gilot et bien entendu aux récits abscons et imprécis auxquels nous ont habitués des subordonnés tels Valéry Martin ou René Michaux. Que ressort-il de tout cela ? Un sentiment de malaise que certains voudraient vite oublier en affirmant que poser des questions sur le rôle pour le moins bizarre d’un service de police… ferait le jeu de Dutroux.
Ceux qui relayent ce type d’analyse sont pourtant bien incapables de donner une explication cohérente à l’accumulation d’erreurs et d’omissions de l’ex-gendarmerie. Ils sont tout aussi incapable d’expliquer les choix d’enquête catastrophiques et illégaux posés en 1995 par l’état-major de ce corps. La guerre des polices ? Foutaise! Si les rétentions d’information constatées dans le dossier Julie et Melissa avaient eu pour vocation de gagner une course de vitesse pour libérer ces enfants, croyez-moi, les choses auraient été vite. Très vite! En outre, s’il s’agissait de chercher la gloire de l’ex-gendarmerie, les officiers responsables auraient-ils confié l’enquête à un René Michaux ?
Les dernières journées d’audience nous ont permis d’entendre dans la bouche de plusieurs ex-pandores des explications périmées de longue date. Lesage et Gilot ont notamment ressorti que la juge d’instruction Doutrèwe avait été informée «verbalement» des soupçons qui pesaient, dès juillet 1995, sur Marc Dutroux. Comme si cela les aurait dispensé à l’époque de dire tout ce qu’ils savaient sur le suspect et de rédiger un procès-verbal! Ce débat-là avait pourtant été clos par la commission d’enquête et c’est marquer bien peu de respect pour la Cour et les jurés que de feindre de l’ignorer.
Désormais, on est bien plus loin dans la réflexion : la question qui se pose avec une acuité plus prégnante que jamais est celle du «pourquoi». Pourquoi ont-ils décidé de ne pas sauver Julie, Melissa, An et Eefje alors qu’ils en avaient les moyens ? Poussé dans les cordes, parce qu’on en sait beaucoup plus aujourd’hui sur les «dysfonctionnements» qu’en 1996 –par exemple, en ce qui concerne la disparition de cassettes vidéo saisies chez Dutroux-, le gendarme Michaux renvoie désormais à sa hiérarchie de l’époque. Pour une fois, je crois que cet homme tient là une bonne piste!
C’est d’ailleurs celle qu’ont décidé de suivre les conseils de Laetitia Delhez. Me Beauthier et Fermont l’ont annoncé : ils commenceront cette nouvelle semaine en demandant à la Cour de faire comparaître l’ancien patron du BCR de la gendarmerie, Guido Van Rillaer. Je souhaite bien du plaisir à ces avocats. Dans les jours à venir, ils seront certainement affublés des étiquettes réservées à ceux qui refusent de fermer le livre avant d’en avoir lu toutes les pages. Dans le désordre, il y a «poujadiste», «obsédé du complot», «croyant», «allié objectif de Dutroux». Bienvenue au club!
Quand certains comprendront-ils que c’est la transparence qui nourrit la démocratie; Que la politique de l’autruche ne fait qu’alimenter les rumeurs nauséabondes. C’est ici et maintenant que l’on dispose d’une petite chance de voir plus clair quant au rôle de l’ex-gendarmerie. Ici, maintenant… Ou jamais! Et cela ne changera rien pour Dutroux : on connaît déjà par avance la condamnation qui sera la sienne. Par contre, cela pourrait permettre aux parents de victimes de comprendre -enfin!- un aspect de ce drame qui reste indéchiffrable à ce jour.
Chronique « Si on me laisse dire » publiée dans le quotidien belge « La Dernière Heure » en marge du procès de Marc Dutroux et consorts
Ici et maintenant (25 – Le 5 avril 2004)
Ces derniers jours, plusieurs ex-gendarmes sont venus «témoigner» dans le volet «Julie et Melissa» du dossier Dutroux. En entendant la plupart d’entre eux, on a pu vérifier que le nouvel uniforme de la police fédérale n’a absolument rien changé à certaines mentalités. On pense notamment à l’arrogance d’un Lesage, à la désinvolture d’un Gilot et bien entendu aux récits abscons et imprécis auxquels nous ont habitués des subordonnés tels Valéry Martin ou René Michaux. Que ressort-il de tout cela ? Un sentiment de malaise que certains voudraient vite oublier en affirmant que poser des questions sur le rôle pour le moins bizarre d’un service de police… ferait le jeu de Dutroux.
Ceux qui relayent ce type d’analyse sont pourtant bien incapables de donner une explication cohérente à l’accumulation d’erreurs et d’omissions de l’ex-gendarmerie. Ils sont tout aussi incapable d’expliquer les choix d’enquête catastrophiques et illégaux posés en 1995 par l’état-major de ce corps. La guerre des polices ? Foutaise! Si les rétentions d’information constatées dans le dossier Julie et Melissa avaient eu pour vocation de gagner une course de vitesse pour libérer ces enfants, croyez-moi, les choses auraient été vite. Très vite! En outre, s’il s’agissait de chercher la gloire de l’ex-gendarmerie, les officiers responsables auraient-ils confié l’enquête à un René Michaux ?
Les dernières journées d’audience nous ont permis d’entendre dans la bouche de plusieurs ex-pandores des explications périmées de longue date. Lesage et Gilot ont notamment ressorti que la juge d’instruction Doutrèwe avait été informée «verbalement» des soupçons qui pesaient, dès juillet 1995, sur Marc Dutroux. Comme si cela les aurait dispensé à l’époque de dire tout ce qu’ils savaient sur le suspect et de rédiger un procès-verbal! Ce débat-là avait pourtant été clos par la commission d’enquête et c’est marquer bien peu de respect pour la Cour et les jurés que de feindre de l’ignorer.
Désormais, on est bien plus loin dans la réflexion : la question qui se pose avec une acuité plus prégnante que jamais est celle du «pourquoi». Pourquoi ont-ils décidé de ne pas sauver Julie, Melissa, An et Eefje alors qu’ils en avaient les moyens ? Poussé dans les cordes, parce qu’on en sait beaucoup plus aujourd’hui sur les «dysfonctionnements» qu’en 1996 –par exemple, en ce qui concerne la disparition de cassettes vidéo saisies chez Dutroux-, le gendarme Michaux renvoie désormais à sa hiérarchie de l’époque. Pour une fois, je crois que cet homme tient là une bonne piste!
C’est d’ailleurs celle qu’ont décidé de suivre les conseils de Laetitia Delhez. Me Beauthier et Fermont l’ont annoncé : ils commenceront cette nouvelle semaine en demandant à la Cour de faire comparaître l’ancien patron du BCR de la gendarmerie, Guido Van Rillaer. Je souhaite bien du plaisir à ces avocats. Dans les jours à venir, ils seront certainement affublés des étiquettes réservées à ceux qui refusent de fermer le livre avant d’en avoir lu toutes les pages. Dans le désordre, il y a «poujadiste», «obsédé du complot», «croyant», «allié objectif de Dutroux». Bienvenue au club!
Quand certains comprendront-ils que c’est la transparence qui nourrit la démocratie; Que la politique de l’autruche ne fait qu’alimenter les rumeurs nauséabondes. C’est ici et maintenant que l’on dispose d’une petite chance de voir plus clair quant au rôle de l’ex-gendarmerie. Ici, maintenant… Ou jamais! Et cela ne changera rien pour Dutroux : on connaît déjà par avance la condamnation qui sera la sienne. Par contre, cela pourrait permettre aux parents de victimes de comprendre -enfin!- un aspect de ce drame qui reste indéchiffrable à ce jour.
Chronique « Si on me laisse dire » publiée dans le quotidien belge « La Dernière Heure » en marge du procès de Marc Dutroux et consorts
Ici et maintenant (25 – Le 5 avril 2004)
Ces derniers jours, plusieurs ex-gendarmes sont venus «témoigner» dans le volet «Julie et Melissa» du dossier Dutroux. En entendant la plupart d’entre eux, on a pu vérifier que le nouvel uniforme de la police fédérale n’a absolument rien changé à certaines mentalités. On pense notamment à l’arrogance d’un Lesage, à la désinvolture d’un Gilot et bien entendu aux récits abscons et imprécis auxquels nous ont habitués des subordonnés tels Valéry Martin ou René Michaux. Que ressort-il de tout cela ? Un sentiment de malaise que certains voudraient vite oublier en affirmant que poser des questions sur le rôle pour le moins bizarre d’un service de police… ferait le jeu de Dutroux.
Ceux qui relayent ce type d’analyse sont pourtant bien incapables de donner une explication cohérente à l’accumulation d’erreurs et d’omissions de l’ex-gendarmerie. Ils sont tout aussi incapable d’expliquer les choix d’enquête catastrophiques et illégaux posés en 1995 par l’état-major de ce corps. La guerre des polices ? Foutaise! Si les rétentions d’information constatées dans le dossier Julie et Melissa avaient eu pour vocation de gagner une course de vitesse pour libérer ces enfants, croyez-moi, les choses auraient été vite. Très vite! En outre, s’il s’agissait de chercher la gloire de l’ex-gendarmerie, les officiers responsables auraient-ils confié l’enquête à un René Michaux ?
Les dernières journées d’audience nous ont permis d’entendre dans la bouche de plusieurs ex-pandores des explications périmées de longue date. Lesage et Gilot ont notamment ressorti que la juge d’instruction Doutrèwe avait été informée «verbalement» des soupçons qui pesaient, dès juillet 1995, sur Marc Dutroux. Comme si cela les aurait dispensé à l’époque de dire tout ce qu’ils savaient sur le suspect et de rédiger un procès-verbal! Ce débat-là avait pourtant été clos par la commission d’enquête et c’est marquer bien peu de respect pour la Cour et les jurés que de feindre de l’ignorer.
Désormais, on est bien plus loin dans la réflexion : la question qui se pose avec une acuité plus prégnante que jamais est celle du «pourquoi». Pourquoi ont-ils décidé de ne pas sauver Julie, Melissa, An et Eefje alors qu’ils en avaient les moyens ? Poussé dans les cordes, parce qu’on en sait beaucoup plus aujourd’hui sur les «dysfonctionnements» qu’en 1996 –par exemple, en ce qui concerne la disparition de cassettes vidéo saisies chez Dutroux-, le gendarme Michaux renvoie désormais à sa hiérarchie de l’époque. Pour une fois, je crois que cet homme tient là une bonne piste!
C’est d’ailleurs celle qu’ont décidé de suivre les conseils de Laetitia Delhez. Me Beauthier et Fermont l’ont annoncé : ils commenceront cette nouvelle semaine en demandant à la Cour de faire comparaître l’ancien patron du BCR de la gendarmerie, Guido Van Rillaer. Je souhaite bien du plaisir à ces avocats. Dans les jours à venir, ils seront certainement affublés des étiquettes réservées à ceux qui refusent de fermer le livre avant d’en avoir lu toutes les pages. Dans le désordre, il y a «poujadiste», «obsédé du complot», «croyant», «allié objectif de Dutroux». Bienvenue au club!
Quand certains comprendront-ils que c’est la transparence qui nourrit la démocratie; Que la politique de l’autruche ne fait qu’alimenter les rumeurs nauséabondes. C’est ici et maintenant que l’on dispose d’une petite chance de voir plus clair quant au rôle de l’ex-gendarmerie. Ici, maintenant… Ou jamais! Et cela ne changera rien pour Dutroux : on connaît déjà par avance la condamnation qui sera la sienne. Par contre, cela pourrait permettre aux parents de victimes de comprendre -enfin!- un aspect de ce drame qui reste indéchiffrable à ce jour.
Chronique « Si on me laisse dire » publiée dans le quotidien belge « La Dernière Heure » en marge du procès de Marc Dutroux et consorts
Ici et maintenant (25 – Le 5 avril 2004)
Ces derniers jours, plusieurs ex-gendarmes sont venus «témoigner» dans le volet «Julie et Melissa» du dossier Dutroux. En entendant la plupart d’entre eux, on a pu vérifier que le nouvel uniforme de la police fédérale n’a absolument rien changé à certaines mentalités. On pense notamment à l’arrogance d’un Lesage, à la désinvolture d’un Gilot et bien entendu aux récits abscons et imprécis auxquels nous ont habitués des subordonnés tels Valéry Martin ou René Michaux. Que ressort-il de tout cela ? Un sentiment de malaise que certains voudraient vite oublier en affirmant que poser des questions sur le rôle pour le moins bizarre d’un service de police… ferait le jeu de Dutroux.
Ceux qui relayent ce type d’analyse sont pourtant bien incapables de donner une explication cohérente à l’accumulation d’erreurs et d’omissions de l’ex-gendarmerie. Ils sont tout aussi incapable d’expliquer les choix d’enquête catastrophiques et illégaux posés en 1995 par l’état-major de ce corps. La guerre des polices ? Foutaise! Si les rétentions d’information constatées dans le dossier Julie et Melissa avaient eu pour vocation de gagner une course de vitesse pour libérer ces enfants, croyez-moi, les choses auraient été vite. Très vite! En outre, s’il s’agissait de chercher la gloire de l’ex-gendarmerie, les officiers responsables auraient-ils confié l’enquête à un René Michaux ?
Les dernières journées d’audience nous ont permis d’entendre dans la bouche de plusieurs ex-pandores des explications périmées de longue date. Lesage et Gilot ont notamment ressorti que la juge d’instruction Doutrèwe avait été informée «verbalement» des soupçons qui pesaient, dès juillet 1995, sur Marc Dutroux. Comme si cela les aurait dispensé à l’époque de dire tout ce qu’ils savaient sur le suspect et de rédiger un procès-verbal! Ce débat-là avait pourtant été clos par la commission d’enquête et c’est marquer bien peu de respect pour la Cour et les jurés que de feindre de l’ignorer.
Désormais, on est bien plus loin dans la réflexion : la question qui se pose avec une acuité plus prégnante que jamais est celle du «pourquoi». Pourquoi ont-ils décidé de ne pas sauver Julie, Melissa, An et Eefje alors qu’ils en avaient les moyens ? Poussé dans les cordes, parce qu’on en sait beaucoup plus aujourd’hui sur les «dysfonctionnements» qu’en 1996 –par exemple, en ce qui concerne la disparition de cassettes vidéo saisies chez Dutroux-, le gendarme Michaux renvoie désormais à sa hiérarchie de l’époque. Pour une fois, je crois que cet homme tient là une bonne piste!
C’est d’ailleurs celle qu’ont décidé de suivre les conseils de Laetitia Delhez. Me Beauthier et Fermont l’ont annoncé : ils commenceront cette nouvelle semaine en demandant à la Cour de faire comparaître l’ancien patron du BCR de la gendarmerie, Guido Van Rillaer. Je souhaite bien du plaisir à ces avocats. Dans les jours à venir, ils seront certainement affublés des étiquettes réservées à ceux qui refusent de fermer le livre avant d’en avoir lu toutes les pages. Dans le désordre, il y a «poujadiste», «obsédé du complot», «croyant», «allié objectif de Dutroux». Bienvenue au club!
Quand certains comprendront-ils que c’est la transparence qui nourrit la démocratie; Que la politique de l’autruche ne fait qu’alimenter les rumeurs nauséabondes. C’est ici et maintenant que l’on dispose d’une petite chance de voir plus clair quant au rôle de l’ex-gendarmerie. Ici, maintenant… Ou jamais! Et cela ne changera rien pour Dutroux : on connaît déjà par avance la condamnation qui sera la sienne. Par contre, cela pourrait permettre aux parents de victimes de comprendre -enfin!- un aspect de ce drame qui reste indéchiffrable à ce jour.