Un article publié dans l’hebdomadaire Paris Match (Belgique) le 2 août 2012 à propos de la libération probable de la récidiviste Michelle Martin
Cinq fois.
Cinq fois, cette femme aura demandé sa libération. Pour retrouver un peu du sel de la vie et les rayons de soleil d’une liberté balisée mais réelle, tellement symbolique que sa simple évocation est insupportable.
Cinq fois, Michelle Martin aura plaidé sa cause, dit son désir de recommencer une nouvelle vie. Se livrant ainsi à un exercice que cette menteuse invétérée connaît sur le bout des doigts. En 1986 (déjà), Michelle Martin, complice d’un certain Marc Dutroux dans un premier dossier d’enlèvements d’enfants, de séquestration et de viols, avait plaidé sa cause en arguant du fait qu’elle aurait été emportée, malgré elle, sur le chemin de la criminalité par l’homme de sa vie. Déni complet de responsabilité. Deux ans plus tard, Michelle Martin épousait son pervers idéal, dont elle allait être la complice active, répandant le malheur et la mort jusqu’aux arrestations tardives de l’été 1996.
Elle affecta les mêmes simagrées au procès d’Arlon en 2004, avec un peu plus de mysticisme toutefois, annonçant (déjà) son envie de se retirer plus tard dans un couvent… Maîtrisant surtout l’art de ne pas répondre aux trop rares questions ennuyantes qui lui étaient posées par des magistrats trop peu alertes, et avec le soutien d’avocats qui tentaient (déjà) de faire croire qu’on pouvait lui donner le bon Dieu sans même une vraie confession.
Cinq fois, Michelle Martin a fait valoir ses droits à l’obtention d’une libération sous conditions. Mais combien de fois est-elle passée devant le sinistre réduit construit par son comparse de Marcinelle ? Combien de fois a-t-elle pensé à cette cache sordide où croupissaient des enfants sans se décider à en ouvrir la porte ? Une fois, deux fois, pas du tout ?
Durant toute la période des enlèvements, des viols et des meurtres, Martin a toujours été une partenaire fidèle de Dutroux. Elle l’a encore été après la mise hors d’état de nuire du couple maléfique, démontrant des capacités de dissimulation supérieures à celles du sale type qui éveillait son désir.
Qui se souvient, seize ans après, des premiers jours de l’instruction menée à Neufchâteau ? Effrayante de froideur et manipulatrice à l’envi, Michelle Martin avait été la dernière à lâcher quelques bribes d’aveux aux enquêteurs. Un pas de recul entrepris après Michel Lelièvre, le petit toxicomane qui n’avait pas inventé l’eau chaude, mais aussi après Marc Dutroux. En d’autres termes, lorsqu’il fut impossible de garder la posture du mensonge. Et même là… Alors que le sinistre château d’alibis s’était écroulé, elle avait encore tenté pendant un temps − une période tellement signifiante de sa personnalité − d’y ajouter des couches de mensonges.
Qui a encore connaissance de cette déclaration qu’elle faisait en août 1996 ? «Vous m’informez que, sur indication de mon mari, Marc Dutroux, trois cadavres ont été découverts dans mon jardin à Sars. Selon Marc, il s’agit des corps de Julie et Melissa et de Weinstein Bernard. Je suis consternée. C’est horrible de la part de mon mari. Je ne comprends pas pourquoi il a tué des petites filles comme ça. Je vous certifie que je n’étais pas au courant de la présence de ces corps dans mon jardin. (…) Vous me dites que les enfants enlevés par Marc étaient enfermés dans une pièce cachée dans la maison de mon mari à Marcinelle. Je connais cette maison pour y avoir habité entre 1991 et mi-1994. Je n’ai jamais vu de pièce cachée dans cette maison.»
Confrontée à l’indifférence qu’elle manifesta pour les victimes des enlèvements de 1995 et 1996, mise en balance avec ses mensonges répétés et l’absence d’un souhait de dire aux parents de Julie et Melissa ce qui est vraiment arrivé à leurs enfants, cette remise en liberté sous condition est bien plus que troublante pour l’honnête homme. C’est une libération intolérable, comme un enfant que l’on enlève, que l’on viole, que l’on tue lentement par affamement et que l’on enterre vivant avec une pelleteuse.
Quel mauvais signal donné à la société, à d’autres Martin en puissance ! Oui, messieurs et mesdames les pervers criminels et violeurs, il y a moyen d’aller jusque-là dans l’horreur tout en gardant l’espoir très raisonnable de sortir un jour de prison ! Ceux qui pensent qu’il faut donner une seconde chance à des psychopathes et autres personnages dénués totalement de scrupules sont des naïfs qui ressemblent furieusement à ces hommes politiques des années ‘30 qui croyaient éviter la guerre en négociant avec les nazis. Le problème étant que ces bons sentiments d’aucuns créent un risque dont la société pourrait se passer.
Martin ne commettrait-elle aucun autre délit ou crime à l’avenir, cette décision n’en paraîtrait pas plus juste, car l’intéressée ne s’est jamais amendée réellement par la seule action qui aurait pu lui donner une allure de sincérité : dire enfin toute la vérité. Puisse Sœur Christine, abbesse des clarisses de Malonne, l’y conduire. Mais cela a mal commencé. Par un nouveau mensonge, pas très chrétien. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Interrogées la semaine dernière sur la possible arrivée de Martin dans leur communauté, les sœurs avait totalement démenti l’information, la qualifiant même de «rumeur». Aujourd’hui, elles déclarent : «Notre chemin communautaire a croisé celui de madame Martin à travers la demande de ses avocats. Ce fut un défi pour nous, bouleversées que nous étions par l’horrible souffrance des victimes et de leurs familles qui ont traversé l’enfer que l’on sait. Comment porter ces deux réalités à la fois ? Ce ne fut pas facile… Notre coeur de femmes en a été troublé. Nous avons choisi d’accueillir ces deux souffrances l’une avec l’autre. »
Des paroles qui cadrent mal avec la fange dans laquelle Michelle Martin s’est complu pendant si longtemps, témoignant par là même d’une absence totale de sens moral. Doit-on rappeler ici que celle qui séjournera au couvent se laissait prendre comme une chienne par Dutroux un jour de mars 1996… sur une chaise, dans une maison où, au même moment, dans la cave, Julie et Melissa étaient en train de mourir d’épuisement et de faim ? A moins que ces pauvres victimes ne fussent plus là, déjà enterrées ailleurs ? Où étaient-elles, « madame Martin », où étaient-elles ? Comment sont-elles mortes ? Il est des silences qui ne sauraient être justifiés par aucune prière.
Décidemment, les victimes, leurs parents, la société tout entière auront été désemparés du début à la fin par la gestion judiciaire de ce dossier si noir et si triste qu’un canal s’est pendu. Nous le déplorions déjà en 2011, lorsque la remise en liberté de Martin avait été acceptée une première fois.
Des mots qui peuvent être réimprimés, car rien n’a changé depuis lors : « La libération de Michel Martin est une tache qui salit un système judiciaire belge déjà tellement décrié. Une justice inefficace dans ses recherches : le psychopathe récidiviste Dutroux, avec sa complice de femme et deux bras cassés, a pu enlever six fois des enfants, violer des dizaines de fois, tuer cinq fois… Avant qu’il soit enfin arrêté en août 1996, et que toute la Belgique constate, effarée, les yeux remplis de larmes et d’effroi, que ce tueur aurait dû être empêché de nuire quelques jours après les premiers de ses enlèvements, en juin 1995. Une justice lente à instruire les faits : il a fallu huit ans pour que la cour d’assises d’Arlon entame le procès de Dutroux, Martin et consorts. Sur base d’un dossier gruyère, ne répondant pas à des questions essentielles comme les circonstances de la mort de plusieurs victimes. Ce n’est pas qu’une obstination de bon aloi dans la quête de la vérité ait débouché sur un mur infranchissable. Non, malheureusement, ce n’est même pas l’explication : le mur a été édifié par la justice elle-même, laquelle a totalement éludé des points cruciaux de cette affaire. Le plus symbolique de ces errements a sans aucun doute été accrédité par l’histoire racontée par Dutroux et Martin sur les circonstances de la séquestration de Julie Lejeune et de Melissa Russo dans la sinistre cache de Marcinelle. Et plus particulièrement, le roman impossible que cette même justice a accepté d’accréditer, à savoir le fait que deux petites filles de 8 ans auraient pu survivre dans ce réduit, sans jamais en sortir, sans approvisionnement, pendant plus de trois mois !»
Fin provisoire de «l’affaire Dutroux»… Jusqu’à la prochaine libération choquante, que l’on commentera dans des termes aussi amers.
Morale ? Il n’y en pas.
La vérité ? Si peu. Les parents de Julie, Melissa, An et Eefje ne connaissent toujours pas les circonstances exactes de la séquestration et de la mort de leurs enfants. Rien que pour cela, surtout pour cela, justice n’a pas été rendue.
Un constat évident, tout de même : Dutroux et Martin formeront toujours un couple par les mensonges qu’ils partagent. Toute divorcée qu’elle est, et même en jouant la repentie silencieuse dans un couvent, Michelle Martin est et restera madame Dutroux pour l’éternité.
(1) In extremis, cette libération a été remise en cause par les autorités françaises qui ont refusé que Michelle Martin trouve asile sur leur territoire, comme l’avaient planifié les avocats de cette dernière.
Un article publié dans l’hebdomadaire Paris Match (Belgique) le 2 août 2012 à propos de la libération probable de la récidiviste Michelle Martin
Cinq fois.
Cinq fois, cette femme aura demandé sa libération. Pour retrouver un peu du sel de la vie et les rayons de soleil d’une liberté balisée mais réelle, tellement symbolique que sa simple évocation est insupportable.
Cinq fois, Michelle Martin aura plaidé sa cause, dit son désir de recommencer une nouvelle vie. Se livrant ainsi à un exercice que cette menteuse invétérée connaît sur le bout des doigts. En 1986 (déjà), Michelle Martin, complice d’un certain Marc Dutroux dans un premier dossier d’enlèvements d’enfants, de séquestration et de viols, avait plaidé sa cause en arguant du fait qu’elle aurait été emportée, malgré elle, sur le chemin de la criminalité par l’homme de sa vie. Déni complet de responsabilité. Deux ans plus tard, Michelle Martin épousait son pervers idéal, dont elle allait être la complice active, répandant le malheur et la mort jusqu’aux arrestations tardives de l’été 1996.
Elle affecta les mêmes simagrées au procès d’Arlon en 2004, avec un peu plus de mysticisme toutefois, annonçant (déjà) son envie de se retirer plus tard dans un couvent… Maîtrisant surtout l’art de ne pas répondre aux trop rares questions ennuyantes qui lui étaient posées par des magistrats trop peu alertes, et avec le soutien d’avocats qui tentaient (déjà) de faire croire qu’on pouvait lui donner le bon Dieu sans même une vraie confession.
Cinq fois, Michelle Martin a fait valoir ses droits à l’obtention d’une libération sous conditions. Mais combien de fois est-elle passée devant le sinistre réduit construit par son comparse de Marcinelle ? Combien de fois a-t-elle pensé à cette cache sordide où croupissaient des enfants sans se décider à en ouvrir la porte ? Une fois, deux fois, pas du tout ?
Durant toute la période des enlèvements, des viols et des meurtres, Martin a toujours été une partenaire fidèle de Dutroux. Elle l’a encore été après la mise hors d’état de nuire du couple maléfique, démontrant des capacités de dissimulation supérieures à celles du sale type qui éveillait son désir.
Qui se souvient, seize ans après, des premiers jours de l’instruction menée à Neufchâteau ? Effrayante de froideur et manipulatrice à l’envi, Michelle Martin avait été la dernière à lâcher quelques bribes d’aveux aux enquêteurs. Un pas de recul entrepris après Michel Lelièvre, le petit toxicomane qui n’avait pas inventé l’eau chaude, mais aussi après Marc Dutroux. En d’autres termes, lorsqu’il fut impossible de garder la posture du mensonge. Et même là… Alors que le sinistre château d’alibis s’était écroulé, elle avait encore tenté pendant un temps − une période tellement signifiante de sa personnalité − d’y ajouter des couches de mensonges.
Qui a encore connaissance de cette déclaration qu’elle faisait en août 1996 ? «Vous m’informez que, sur indication de mon mari, Marc Dutroux, trois cadavres ont été découverts dans mon jardin à Sars. Selon Marc, il s’agit des corps de Julie et Melissa et de Weinstein Bernard. Je suis consternée. C’est horrible de la part de mon mari. Je ne comprends pas pourquoi il a tué des petites filles comme ça. Je vous certifie que je n’étais pas au courant de la présence de ces corps dans mon jardin. (…) Vous me dites que les enfants enlevés par Marc étaient enfermés dans une pièce cachée dans la maison de mon mari à Marcinelle. Je connais cette maison pour y avoir habité entre 1991 et mi-1994. Je n’ai jamais vu de pièce cachée dans cette maison.»
Confrontée à l’indifférence qu’elle manifesta pour les victimes des enlèvements de 1995 et 1996, mise en balance avec ses mensonges répétés et l’absence d’un souhait de dire aux parents de Julie et Melissa ce qui est vraiment arrivé à leurs enfants, cette remise en liberté sous condition est bien plus que troublante pour l’honnête homme. C’est une libération intolérable, comme un enfant que l’on enlève, que l’on viole, que l’on tue lentement par affamement et que l’on enterre vivant avec une pelleteuse.
Quel mauvais signal donné à la société, à d’autres Martin en puissance ! Oui, messieurs et mesdames les pervers criminels et violeurs, il y a moyen d’aller jusque-là dans l’horreur tout en gardant l’espoir très raisonnable de sortir un jour de prison ! Ceux qui pensent qu’il faut donner une seconde chance à des psychopathes et autres personnages dénués totalement de scrupules sont des naïfs qui ressemblent furieusement à ces hommes politiques des années ‘30 qui croyaient éviter la guerre en négociant avec les nazis. Le problème étant que ces bons sentiments d’aucuns créent un risque dont la société pourrait se passer.
Martin ne commettrait-elle aucun autre délit ou crime à l’avenir, cette décision n’en paraîtrait pas plus juste, car l’intéressée ne s’est jamais amendée réellement par la seule action qui aurait pu lui donner une allure de sincérité : dire enfin toute la vérité. Puisse Sœur Christine, abbesse des clarisses de Malonne, l’y conduire. Mais cela a mal commencé. Par un nouveau mensonge, pas très chrétien. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Interrogées la semaine dernière sur la possible arrivée de Martin dans leur communauté, les sœurs avait totalement démenti l’information, la qualifiant même de «rumeur». Aujourd’hui, elles déclarent : «Notre chemin communautaire a croisé celui de madame Martin à travers la demande de ses avocats. Ce fut un défi pour nous, bouleversées que nous étions par l’horrible souffrance des victimes et de leurs familles qui ont traversé l’enfer que l’on sait. Comment porter ces deux réalités à la fois ? Ce ne fut pas facile… Notre coeur de femmes en a été troublé. Nous avons choisi d’accueillir ces deux souffrances l’une avec l’autre. »
Des paroles qui cadrent mal avec la fange dans laquelle Michelle Martin s’est complu pendant si longtemps, témoignant par là même d’une absence totale de sens moral. Doit-on rappeler ici que celle qui séjournera au couvent se laissait prendre comme une chienne par Dutroux un jour de mars 1996… sur une chaise, dans une maison où, au même moment, dans la cave, Julie et Melissa étaient en train de mourir d’épuisement et de faim ? A moins que ces pauvres victimes ne fussent plus là, déjà enterrées ailleurs ? Où étaient-elles, « madame Martin », où étaient-elles ? Comment sont-elles mortes ? Il est des silences qui ne sauraient être justifiés par aucune prière.
Décidemment, les victimes, leurs parents, la société tout entière auront été désemparés du début à la fin par la gestion judiciaire de ce dossier si noir et si triste qu’un canal s’est pendu. Nous le déplorions déjà en 2011, lorsque la remise en liberté de Martin avait été acceptée une première fois.
Des mots qui peuvent être réimprimés, car rien n’a changé depuis lors : « La libération de Michel Martin est une tache qui salit un système judiciaire belge déjà tellement décrié. Une justice inefficace dans ses recherches : le psychopathe récidiviste Dutroux, avec sa complice de femme et deux bras cassés, a pu enlever six fois des enfants, violer des dizaines de fois, tuer cinq fois… Avant qu’il soit enfin arrêté en août 1996, et que toute la Belgique constate, effarée, les yeux remplis de larmes et d’effroi, que ce tueur aurait dû être empêché de nuire quelques jours après les premiers de ses enlèvements, en juin 1995. Une justice lente à instruire les faits : il a fallu huit ans pour que la cour d’assises d’Arlon entame le procès de Dutroux, Martin et consorts. Sur base d’un dossier gruyère, ne répondant pas à des questions essentielles comme les circonstances de la mort de plusieurs victimes. Ce n’est pas qu’une obstination de bon aloi dans la quête de la vérité ait débouché sur un mur infranchissable. Non, malheureusement, ce n’est même pas l’explication : le mur a été édifié par la justice elle-même, laquelle a totalement éludé des points cruciaux de cette affaire. Le plus symbolique de ces errements a sans aucun doute été accrédité par l’histoire racontée par Dutroux et Martin sur les circonstances de la séquestration de Julie Lejeune et de Melissa Russo dans la sinistre cache de Marcinelle. Et plus particulièrement, le roman impossible que cette même justice a accepté d’accréditer, à savoir le fait que deux petites filles de 8 ans auraient pu survivre dans ce réduit, sans jamais en sortir, sans approvisionnement, pendant plus de trois mois !»
Fin provisoire de «l’affaire Dutroux»… Jusqu’à la prochaine libération choquante, que l’on commentera dans des termes aussi amers.
Morale ? Il n’y en pas.
La vérité ? Si peu. Les parents de Julie, Melissa, An et Eefje ne connaissent toujours pas les circonstances exactes de la séquestration et de la mort de leurs enfants. Rien que pour cela, surtout pour cela, justice n’a pas été rendue.
Un constat évident, tout de même : Dutroux et Martin formeront toujours un couple par les mensonges qu’ils partagent. Toute divorcée qu’elle est, et même en jouant la repentie silencieuse dans un couvent, Michelle Martin est et restera madame Dutroux pour l’éternité.
(1) In extremis, cette libération a été remise en cause par les autorités françaises qui ont refusé que Michelle Martin trouve asile sur leur territoire, comme l’avaient planifié les avocats de cette dernière.
Un article publié dans l’hebdomadaire Paris Match (Belgique) le 2 août 2012 à propos de la libération probable de la récidiviste Michelle Martin
Cinq fois.
Cinq fois, cette femme aura demandé sa libération. Pour retrouver un peu du sel de la vie et les rayons de soleil d’une liberté balisée mais réelle, tellement symbolique que sa simple évocation est insupportable.
Cinq fois, Michelle Martin aura plaidé sa cause, dit son désir de recommencer une nouvelle vie. Se livrant ainsi à un exercice que cette menteuse invétérée connaît sur le bout des doigts. En 1986 (déjà), Michelle Martin, complice d’un certain Marc Dutroux dans un premier dossier d’enlèvements d’enfants, de séquestration et de viols, avait plaidé sa cause en arguant du fait qu’elle aurait été emportée, malgré elle, sur le chemin de la criminalité par l’homme de sa vie. Déni complet de responsabilité. Deux ans plus tard, Michelle Martin épousait son pervers idéal, dont elle allait être la complice active, répandant le malheur et la mort jusqu’aux arrestations tardives de l’été 1996.
Elle affecta les mêmes simagrées au procès d’Arlon en 2004, avec un peu plus de mysticisme toutefois, annonçant (déjà) son envie de se retirer plus tard dans un couvent… Maîtrisant surtout l’art de ne pas répondre aux trop rares questions ennuyantes qui lui étaient posées par des magistrats trop peu alertes, et avec le soutien d’avocats qui tentaient (déjà) de faire croire qu’on pouvait lui donner le bon Dieu sans même une vraie confession.
Cinq fois, Michelle Martin a fait valoir ses droits à l’obtention d’une libération sous conditions. Mais combien de fois est-elle passée devant le sinistre réduit construit par son comparse de Marcinelle ? Combien de fois a-t-elle pensé à cette cache sordide où croupissaient des enfants sans se décider à en ouvrir la porte ? Une fois, deux fois, pas du tout ?
Durant toute la période des enlèvements, des viols et des meurtres, Martin a toujours été une partenaire fidèle de Dutroux. Elle l’a encore été après la mise hors d’état de nuire du couple maléfique, démontrant des capacités de dissimulation supérieures à celles du sale type qui éveillait son désir.
Qui se souvient, seize ans après, des premiers jours de l’instruction menée à Neufchâteau ? Effrayante de froideur et manipulatrice à l’envi, Michelle Martin avait été la dernière à lâcher quelques bribes d’aveux aux enquêteurs. Un pas de recul entrepris après Michel Lelièvre, le petit toxicomane qui n’avait pas inventé l’eau chaude, mais aussi après Marc Dutroux. En d’autres termes, lorsqu’il fut impossible de garder la posture du mensonge. Et même là… Alors que le sinistre château d’alibis s’était écroulé, elle avait encore tenté pendant un temps − une période tellement signifiante de sa personnalité − d’y ajouter des couches de mensonges.
Qui a encore connaissance de cette déclaration qu’elle faisait en août 1996 ? «Vous m’informez que, sur indication de mon mari, Marc Dutroux, trois cadavres ont été découverts dans mon jardin à Sars. Selon Marc, il s’agit des corps de Julie et Melissa et de Weinstein Bernard. Je suis consternée. C’est horrible de la part de mon mari. Je ne comprends pas pourquoi il a tué des petites filles comme ça. Je vous certifie que je n’étais pas au courant de la présence de ces corps dans mon jardin. (…) Vous me dites que les enfants enlevés par Marc étaient enfermés dans une pièce cachée dans la maison de mon mari à Marcinelle. Je connais cette maison pour y avoir habité entre 1991 et mi-1994. Je n’ai jamais vu de pièce cachée dans cette maison.»
Confrontée à l’indifférence qu’elle manifesta pour les victimes des enlèvements de 1995 et 1996, mise en balance avec ses mensonges répétés et l’absence d’un souhait de dire aux parents de Julie et Melissa ce qui est vraiment arrivé à leurs enfants, cette remise en liberté sous condition est bien plus que troublante pour l’honnête homme. C’est une libération intolérable, comme un enfant que l’on enlève, que l’on viole, que l’on tue lentement par affamement et que l’on enterre vivant avec une pelleteuse.
Quel mauvais signal donné à la société, à d’autres Martin en puissance ! Oui, messieurs et mesdames les pervers criminels et violeurs, il y a moyen d’aller jusque-là dans l’horreur tout en gardant l’espoir très raisonnable de sortir un jour de prison ! Ceux qui pensent qu’il faut donner une seconde chance à des psychopathes et autres personnages dénués totalement de scrupules sont des naïfs qui ressemblent furieusement à ces hommes politiques des années ‘30 qui croyaient éviter la guerre en négociant avec les nazis. Le problème étant que ces bons sentiments d’aucuns créent un risque dont la société pourrait se passer.
Martin ne commettrait-elle aucun autre délit ou crime à l’avenir, cette décision n’en paraîtrait pas plus juste, car l’intéressée ne s’est jamais amendée réellement par la seule action qui aurait pu lui donner une allure de sincérité : dire enfin toute la vérité. Puisse Sœur Christine, abbesse des clarisses de Malonne, l’y conduire. Mais cela a mal commencé. Par un nouveau mensonge, pas très chrétien. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Interrogées la semaine dernière sur la possible arrivée de Martin dans leur communauté, les sœurs avait totalement démenti l’information, la qualifiant même de «rumeur». Aujourd’hui, elles déclarent : «Notre chemin communautaire a croisé celui de madame Martin à travers la demande de ses avocats. Ce fut un défi pour nous, bouleversées que nous étions par l’horrible souffrance des victimes et de leurs familles qui ont traversé l’enfer que l’on sait. Comment porter ces deux réalités à la fois ? Ce ne fut pas facile… Notre coeur de femmes en a été troublé. Nous avons choisi d’accueillir ces deux souffrances l’une avec l’autre. »
Des paroles qui cadrent mal avec la fange dans laquelle Michelle Martin s’est complu pendant si longtemps, témoignant par là même d’une absence totale de sens moral. Doit-on rappeler ici que celle qui séjournera au couvent se laissait prendre comme une chienne par Dutroux un jour de mars 1996… sur une chaise, dans une maison où, au même moment, dans la cave, Julie et Melissa étaient en train de mourir d’épuisement et de faim ? A moins que ces pauvres victimes ne fussent plus là, déjà enterrées ailleurs ? Où étaient-elles, « madame Martin », où étaient-elles ? Comment sont-elles mortes ? Il est des silences qui ne sauraient être justifiés par aucune prière.
Décidemment, les victimes, leurs parents, la société tout entière auront été désemparés du début à la fin par la gestion judiciaire de ce dossier si noir et si triste qu’un canal s’est pendu. Nous le déplorions déjà en 2011, lorsque la remise en liberté de Martin avait été acceptée une première fois.
Des mots qui peuvent être réimprimés, car rien n’a changé depuis lors : « La libération de Michel Martin est une tache qui salit un système judiciaire belge déjà tellement décrié. Une justice inefficace dans ses recherches : le psychopathe récidiviste Dutroux, avec sa complice de femme et deux bras cassés, a pu enlever six fois des enfants, violer des dizaines de fois, tuer cinq fois… Avant qu’il soit enfin arrêté en août 1996, et que toute la Belgique constate, effarée, les yeux remplis de larmes et d’effroi, que ce tueur aurait dû être empêché de nuire quelques jours après les premiers de ses enlèvements, en juin 1995. Une justice lente à instruire les faits : il a fallu huit ans pour que la cour d’assises d’Arlon entame le procès de Dutroux, Martin et consorts. Sur base d’un dossier gruyère, ne répondant pas à des questions essentielles comme les circonstances de la mort de plusieurs victimes. Ce n’est pas qu’une obstination de bon aloi dans la quête de la vérité ait débouché sur un mur infranchissable. Non, malheureusement, ce n’est même pas l’explication : le mur a été édifié par la justice elle-même, laquelle a totalement éludé des points cruciaux de cette affaire. Le plus symbolique de ces errements a sans aucun doute été accrédité par l’histoire racontée par Dutroux et Martin sur les circonstances de la séquestration de Julie Lejeune et de Melissa Russo dans la sinistre cache de Marcinelle. Et plus particulièrement, le roman impossible que cette même justice a accepté d’accréditer, à savoir le fait que deux petites filles de 8 ans auraient pu survivre dans ce réduit, sans jamais en sortir, sans approvisionnement, pendant plus de trois mois !»
Fin provisoire de «l’affaire Dutroux»… Jusqu’à la prochaine libération choquante, que l’on commentera dans des termes aussi amers.
Morale ? Il n’y en pas.
La vérité ? Si peu. Les parents de Julie, Melissa, An et Eefje ne connaissent toujours pas les circonstances exactes de la séquestration et de la mort de leurs enfants. Rien que pour cela, surtout pour cela, justice n’a pas été rendue.
Un constat évident, tout de même : Dutroux et Martin formeront toujours un couple par les mensonges qu’ils partagent. Toute divorcée qu’elle est, et même en jouant la repentie silencieuse dans un couvent, Michelle Martin est et restera madame Dutroux pour l’éternité.
(1) In extremis, cette libération a été remise en cause par les autorités françaises qui ont refusé que Michelle Martin trouve asile sur leur territoire, comme l’avaient planifié les avocats de cette dernière.
Un article publié dans l’hebdomadaire Paris Match (Belgique) le 2 août 2012 à propos de la libération probable de la récidiviste Michelle Martin
Cinq fois.
Cinq fois, cette femme aura demandé sa libération. Pour retrouver un peu du sel de la vie et les rayons de soleil d’une liberté balisée mais réelle, tellement symbolique que sa simple évocation est insupportable.
Cinq fois, Michelle Martin aura plaidé sa cause, dit son désir de recommencer une nouvelle vie. Se livrant ainsi à un exercice que cette menteuse invétérée connaît sur le bout des doigts. En 1986 (déjà), Michelle Martin, complice d’un certain Marc Dutroux dans un premier dossier d’enlèvements d’enfants, de séquestration et de viols, avait plaidé sa cause en arguant du fait qu’elle aurait été emportée, malgré elle, sur le chemin de la criminalité par l’homme de sa vie. Déni complet de responsabilité. Deux ans plus tard, Michelle Martin épousait son pervers idéal, dont elle allait être la complice active, répandant le malheur et la mort jusqu’aux arrestations tardives de l’été 1996.
Elle affecta les mêmes simagrées au procès d’Arlon en 2004, avec un peu plus de mysticisme toutefois, annonçant (déjà) son envie de se retirer plus tard dans un couvent… Maîtrisant surtout l’art de ne pas répondre aux trop rares questions ennuyantes qui lui étaient posées par des magistrats trop peu alertes, et avec le soutien d’avocats qui tentaient (déjà) de faire croire qu’on pouvait lui donner le bon Dieu sans même une vraie confession.
Cinq fois, Michelle Martin a fait valoir ses droits à l’obtention d’une libération sous conditions. Mais combien de fois est-elle passée devant le sinistre réduit construit par son comparse de Marcinelle ? Combien de fois a-t-elle pensé à cette cache sordide où croupissaient des enfants sans se décider à en ouvrir la porte ? Une fois, deux fois, pas du tout ?
Durant toute la période des enlèvements, des viols et des meurtres, Martin a toujours été une partenaire fidèle de Dutroux. Elle l’a encore été après la mise hors d’état de nuire du couple maléfique, démontrant des capacités de dissimulation supérieures à celles du sale type qui éveillait son désir.
Qui se souvient, seize ans après, des premiers jours de l’instruction menée à Neufchâteau ? Effrayante de froideur et manipulatrice à l’envi, Michelle Martin avait été la dernière à lâcher quelques bribes d’aveux aux enquêteurs. Un pas de recul entrepris après Michel Lelièvre, le petit toxicomane qui n’avait pas inventé l’eau chaude, mais aussi après Marc Dutroux. En d’autres termes, lorsqu’il fut impossible de garder la posture du mensonge. Et même là… Alors que le sinistre château d’alibis s’était écroulé, elle avait encore tenté pendant un temps − une période tellement signifiante de sa personnalité − d’y ajouter des couches de mensonges.
Qui a encore connaissance de cette déclaration qu’elle faisait en août 1996 ? «Vous m’informez que, sur indication de mon mari, Marc Dutroux, trois cadavres ont été découverts dans mon jardin à Sars. Selon Marc, il s’agit des corps de Julie et Melissa et de Weinstein Bernard. Je suis consternée. C’est horrible de la part de mon mari. Je ne comprends pas pourquoi il a tué des petites filles comme ça. Je vous certifie que je n’étais pas au courant de la présence de ces corps dans mon jardin. (…) Vous me dites que les enfants enlevés par Marc étaient enfermés dans une pièce cachée dans la maison de mon mari à Marcinelle. Je connais cette maison pour y avoir habité entre 1991 et mi-1994. Je n’ai jamais vu de pièce cachée dans cette maison.»
Confrontée à l’indifférence qu’elle manifesta pour les victimes des enlèvements de 1995 et 1996, mise en balance avec ses mensonges répétés et l’absence d’un souhait de dire aux parents de Julie et Melissa ce qui est vraiment arrivé à leurs enfants, cette remise en liberté sous condition est bien plus que troublante pour l’honnête homme. C’est une libération intolérable, comme un enfant que l’on enlève, que l’on viole, que l’on tue lentement par affamement et que l’on enterre vivant avec une pelleteuse.
Quel mauvais signal donné à la société, à d’autres Martin en puissance ! Oui, messieurs et mesdames les pervers criminels et violeurs, il y a moyen d’aller jusque-là dans l’horreur tout en gardant l’espoir très raisonnable de sortir un jour de prison ! Ceux qui pensent qu’il faut donner une seconde chance à des psychopathes et autres personnages dénués totalement de scrupules sont des naïfs qui ressemblent furieusement à ces hommes politiques des années ‘30 qui croyaient éviter la guerre en négociant avec les nazis. Le problème étant que ces bons sentiments d’aucuns créent un risque dont la société pourrait se passer.
Martin ne commettrait-elle aucun autre délit ou crime à l’avenir, cette décision n’en paraîtrait pas plus juste, car l’intéressée ne s’est jamais amendée réellement par la seule action qui aurait pu lui donner une allure de sincérité : dire enfin toute la vérité. Puisse Sœur Christine, abbesse des clarisses de Malonne, l’y conduire. Mais cela a mal commencé. Par un nouveau mensonge, pas très chrétien. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ?
Interrogées la semaine dernière sur la possible arrivée de Martin dans leur communauté, les sœurs avait totalement démenti l’information, la qualifiant même de «rumeur». Aujourd’hui, elles déclarent : «Notre chemin communautaire a croisé celui de madame Martin à travers la demande de ses avocats. Ce fut un défi pour nous, bouleversées que nous étions par l’horrible souffrance des victimes et de leurs familles qui ont traversé l’enfer que l’on sait. Comment porter ces deux réalités à la fois ? Ce ne fut pas facile… Notre coeur de femmes en a été troublé. Nous avons choisi d’accueillir ces deux souffrances l’une avec l’autre. »
Des paroles qui cadrent mal avec la fange dans laquelle Michelle Martin s’est complu pendant si longtemps, témoignant par là même d’une absence totale de sens moral. Doit-on rappeler ici que celle qui séjournera au couvent se laissait prendre comme une chienne par Dutroux un jour de mars 1996… sur une chaise, dans une maison où, au même moment, dans la cave, Julie et Melissa étaient en train de mourir d’épuisement et de faim ? A moins que ces pauvres victimes ne fussent plus là, déjà enterrées ailleurs ? Où étaient-elles, « madame Martin », où étaient-elles ? Comment sont-elles mortes ? Il est des silences qui ne sauraient être justifiés par aucune prière.
Décidemment, les victimes, leurs parents, la société tout entière auront été désemparés du début à la fin par la gestion judiciaire de ce dossier si noir et si triste qu’un canal s’est pendu. Nous le déplorions déjà en 2011, lorsque la remise en liberté de Martin avait été acceptée une première fois.
Des mots qui peuvent être réimprimés, car rien n’a changé depuis lors : « La libération de Michel Martin est une tache qui salit un système judiciaire belge déjà tellement décrié. Une justice inefficace dans ses recherches : le psychopathe récidiviste Dutroux, avec sa complice de femme et deux bras cassés, a pu enlever six fois des enfants, violer des dizaines de fois, tuer cinq fois… Avant qu’il soit enfin arrêté en août 1996, et que toute la Belgique constate, effarée, les yeux remplis de larmes et d’effroi, que ce tueur aurait dû être empêché de nuire quelques jours après les premiers de ses enlèvements, en juin 1995. Une justice lente à instruire les faits : il a fallu huit ans pour que la cour d’assises d’Arlon entame le procès de Dutroux, Martin et consorts. Sur base d’un dossier gruyère, ne répondant pas à des questions essentielles comme les circonstances de la mort de plusieurs victimes. Ce n’est pas qu’une obstination de bon aloi dans la quête de la vérité ait débouché sur un mur infranchissable. Non, malheureusement, ce n’est même pas l’explication : le mur a été édifié par la justice elle-même, laquelle a totalement éludé des points cruciaux de cette affaire. Le plus symbolique de ces errements a sans aucun doute été accrédité par l’histoire racontée par Dutroux et Martin sur les circonstances de la séquestration de Julie Lejeune et de Melissa Russo dans la sinistre cache de Marcinelle. Et plus particulièrement, le roman impossible que cette même justice a accepté d’accréditer, à savoir le fait que deux petites filles de 8 ans auraient pu survivre dans ce réduit, sans jamais en sortir, sans approvisionnement, pendant plus de trois mois !»
Fin provisoire de «l’affaire Dutroux»… Jusqu’à la prochaine libération choquante, que l’on commentera dans des termes aussi amers.
Morale ? Il n’y en pas.
La vérité ? Si peu. Les parents de Julie, Melissa, An et Eefje ne connaissent toujours pas les circonstances exactes de la séquestration et de la mort de leurs enfants. Rien que pour cela, surtout pour cela, justice n’a pas été rendue.
Un constat évident, tout de même : Dutroux et Martin formeront toujours un couple par les mensonges qu’ils partagent. Toute divorcée qu’elle est, et même en jouant la repentie silencieuse dans un couvent, Michelle Martin est et restera madame Dutroux pour l’éternité.
(1) In extremis, cette libération a été remise en cause par les autorités françaises qui ont refusé que Michelle Martin trouve asile sur leur territoire, comme l’avaient planifié les avocats de cette dernière.
Michel, merci pour ce dévouement et cette lutte auprès des parents qui en 1995 cherchaient désespérément leurs filles, merci de continuer à mettre les mots justes sur cette horrible affaire !
Bien sûr, cela va déplaire à certaine(s) caste(s) qui déteste que l’on sorte le citoyen de la torpeur de l’oubli !
Je suis certains que beaucoup, vraiment beaucoup de personnes sont toujours aussi révoltés que moi !
yvan un citoyen qui n’oubliera jamais !!!
Je viens de lire « Une femme sous influence.Vraiment? » et je voudrais rappeler ce que Xavier Magnée écrit dans « Marc Dutroux, un pervers isolé? » « Juger Ddutroux c’était renoncer à la vérité si on le
jugeait seul » et Je dénonce moins le silence de Marc Dutroux que les forces qui s’en assurent peut-être. p 250 «
Depuis on sait ce qui est arrivé au dossier bis.
Certains s’assurent du silence de Martin comme de celui de son ex-mari.
Plaidoyer pour Michelle Martin, la femme transpercée par la peur.
Paris-Match publie les confessions que M.a faites en 2001. Le texte est bouleversant et les conclusions des journalistes atterrantes.
Je me suis replongée dans les livres achetés dans les années de l’affaire Dutroux et j’ai cherché ce que l’on disait d’elle. On en parle très peu et toujours pour raconter l’épisode de la
nourriture qu’elle ne dépose pas au bon endroit pour nourrir Julie et Melissa.
Seule Carine Hutsebaut, dans Entretiens avec une profileuse (2007)cherche à comprendre. Elle explique qu’une femme comme M.est telle un organisme vidé par un parasite, une femme qui n’existe plus,
il y a encore une enveloppe extérieure mais plus rien à l’intérieur. Marc D. l’a vidée de sa personnalité pour la remplir de ses propres théories et en faire une extension de lui-même. Il a pris
possession d’elle et en a fait sa complice. Hutsebaut raconte toutes les étapes de cette entrepris…e: la séduction, la séparation des amis, de la famille, la dépendance qui s’ensuit, puis les
humiliations et l’entreprise de destruction.(C’est à lire)
M. est une proie intéressante: jeune,jolie, diplomée, sachant conduire et ne demandant qu’à aimer. Rapidement mère et sans revenus professionnels , elle se retrouve piégée
Cette description correspond si bien au récit de M. dans ses confessions que je ne peux qu’y croire.
De toute façon le texte de M. est criant de vérité.
J’ai été frappée par les quelques indications qu’elle donne sur ses grossesses et ce qu’elle dit de sa vie matérielle.
Les grossesses: juin 84: naissance de Frédéric, M. a des contractions prématurées, son mari refuse l’hospitalisation.
Avril 86, en prison,fausse couche et curetage dus aux choc psychologique. Septembre 93 naissance d’ Andy, pendant sa grossesse elle travaille comme manoeuvre pour son mari et s ans rémunérationan.
Novembre 95, naissance de Céline (dont elle est enceinte de force, son mari ayant une arme) problèmes de santé et risque d’accouchement prématuré.
Le stress permanent qui est le lot de M.apparaît clairement à travers ses grossesses.
Financièrement, elle vit de ses indemnités de mutuelle et de des allocations familiales.
Une autre chose m’ a frappée: D. voulait une fille en 95 et son astucieuse méthode a marché (voir LES DOSSIERS X). Et pourtant il ne manifestera qu’indifférence à la naissance de Céline. M.
accouchera seule ce dont elle est contente car son mari lui aurait refusé la péridurale s’il avait été present (!)
En fait, Michelle Martin s’est opposée de toutes ses forces aux projets de son mari et il lui a fait payer trés cher sa résistance. Sa personnalité vivait toujours mais elle était trop seule face à
lui, trop seule avec trop d’enfants et pas assez d’ argent.
Elle est innocente des crimes de son mari et elle a été la seule à oser l’affronter.
Hélène ARETZ