7 Décembre 2023
Un entretien publié par l'hebdomadaire Paris Match Belgique, le 7 décembre 2023 et par le site Paris Match.be, le 9 décembre 2023.
Si nous n’agissons pas assez fortement, pas assez vite, la crise climatique pourrait mener à l’avènement de dictatures qui organiseront le rationnement et fermeront les frontières aux réfugiés climatiques dans un monde en voie d’effondrement… Le remède : booster la transition. Pour y arriver, « il faut sortir l’écologie du champ des politiques parlementaires ordinaires, en faisant d'elle un enjeu de démocratie directe », estime l’essayiste français Antoine Buéno.
Les experts du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) soulignent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) continuent à progresser, nous nous dirigeons vers un réchauffement climatique de près de 3 °C. Par ailleurs, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a eu récemment des mots très forts : "L'ère du réchauffement climatique est terminée, laissant place à l'ère de l'ébullition mondiale." N'y a-t-il pas de quoi désespérer ?
Antoine Buéno. Les déclarations d'António Guterres et le rapport du PNUE ne doivent pas être mis sur le même plan. Le Secrétaire général de l'ONU est une personnalité politique qui a fait le choix d'une communication alarmiste. "L'ère de l'ébullition", c'est une formule qui marque les esprits, mais, du point de vue de la physique, elle ne veut rien dire : les océans ne vont pas commencer à bouillir. J'accorde plus d'importance aux observations des scientifiques du PNUE. À juste titre, ils soulignent que nous ne sommes pas dans la trajectoire fixée par le GIEC (1,5 à 2 °C à l'horizon 2100). Nous nous dirigeons, prévoient-ils, vers 2,5 à 2,9 °C. Cela ne peut être pris à la légère, avec cette forme de déni stupide qui est celui des climatosceptiques. En même temps, cette information préoccupante a été répercutée par nombre de médias sur un ton catastrophiste, alors qu'une analyse plus nuancée était incluse dans le rapport des experts. Ils soulignaient aussi que, sans les actions mises en œuvre à la suite de l'Accord de Paris et des Conférences internationales sur le climat (COP), l'augmentation des GES aurait été de 16 % en 2030. Or, grâce aux efforts faits depuis 2015, elle ne sera "que" de 3 % à la fin de cette décennie. C'est trop, nous sommes toujours dans le rouge, mais si nous avions maintenu la mauvaise trajectoire qui était celle dans laquelle le monde était encore engagé en 2015, nous aurions été promis à un réchauffement de 4 °C. en 2100. En huit ans, nous avons gagné plus d'un degré de trajectoire moyenne. C'est vraiment colossal.
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Antoine Buéno : "Lutter contre le réchauffement, c'est aussi sauver nos libertés"
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