La passion du microbiologiste Philippe Sansonetti pour les microbes : « Sans eux, nous ne serions pas là »
Un article publié le 28 mars 2024 par l'hebdomadaire Paris Match Belgique et le 30 mars 2024 par le site Paris Match.be
« Les microbes ont mauvaise presse et c’est fort injuste : 1 % d’entre eux seulement sont pathogènes », explique ce professeur émérite à l’Institut Pasteur et au Collège de France. On connaît de mieux en mieux notre interdépendance avec ces innombrables amis/ennemis invisibles qu’il faut tantôt combattre, tantôt préserver. « Ils invitent les humains à être solidaires », souligne l’auteur de « Microbes sans frontières » (Odile Jacob).
Bactéries, champignons, parasites… Vous avez consacré votre carrière à l’étude de ces micro-organismes, qu'on désigne sous le terme générique de « microbes ». Avec quelles convictions revenez-vous de vos nombreuses explorations de ce monde de l’infiniment petit ?
Philippe Sansonetti. Ma vision des choses a évolué avec le temps. Disons qu’elle s’est élargie. Pendant de nombreuses années, je me suis intéressé aux interactions entre les microbes et les humains sous l’angle étroit de la médecine, de l’élaboration de remèdes ciblés à des pathologies infectieuses. Mon pain et mon beurre, comme disent les Américains, furent les infections bactériennes entériques, la génétique microbienne, la biologie cellulaire, l’immunologie. J’ai fait de la recherche, souvent fondamentale, qui a parfois préparé le chemin conduisant au développement de nouveaux vaccins. Mais, au tournant des années 2000, comme bien d’autres microbiologistes, j’ai commencé à envisager le monde microbien sous un angle plus écologique, celui de notre interdépendance avec lui. J’ai compris l’importance cruciale du concept One Health — une seule santé, en français —, c’est-à-dire de réviser notre rapport à la nature en tenant compte des liens complexes qui existent entre tous les écosystèmes.
Est-ce l’idée que la santé des animaux — dont les humains —, celle des végétaux, mais aussi la préservation du monde microbien, sont des enjeux étroitement liés ?
Lire la suite ici :