« C’est une épidémie silencieuse. La sédentarité engourdit nos corps et nos esprits », alerte le journaliste Victor Fersing, co-auteur du livre « La chaise tue ». Se remettre en marche et briser le règne de la chaise à l’ère de l’économie de l’attention est bel et bien devenu une question de survie.
Un entretien publié par l’hebdomadaire Paris Match Belgique, le 16 octobre 2025 et repris par le site Paris Match.be, le 19 octobre 2025.
« La chaise tue », tel est le titre de l’ouvrage que vous signez avec Alexandre Dana pour alerter sur la sédentarité croissante de nos contemporains. On pourrait y voir une accroche provocatrice. Est-ce le cas ?
Victor Fersing. Certainement pas. La sédentarité tue littéralement des millions de personnes chaque année. À l’échelle mondiale, elle constitue la quatrième cause de mortalité. En France, comme en Belgique très certainement, les gens restent assis en moyenne 7 h 30 par jour, et 15 % de la population dépasse les dix heures de chaise quotidienne. De nombreuses études scientifiques documentent les effets délétères de cette inactivité généralisée, qu’il s’agisse de la santé physique ou de la santé mentale des individus. Sans parler de l’impact social de l’immobilité, de l’isolement croissant et de la solitude qu’engendre la vie assise sur nos chaises de bureau, dans nos sièges de voiture, sur nos canapés de salon. En France, 95 % de la population a une activité physique insuffisante. Cela se traduit par des problèmes de santé individuels, mais aussi par un coût collectif considérable, car cette inaction pèse lourd sur la sécurité sociale. Selon l’OMS, la facture mondiale de la sédentarité pour la décennie en cours dépassera les 300 milliards de dollars.
Quelles sont les principales maladies liées à la sédentarité ?
Le manque de mouvement est vraiment néfaste pour l’ensemble du corps humain. Quand nous restons trop longtemps assis, nos organes fonctionnent moins bien, notre métabolisme se dérègle. L’immobilité prolongée ralentit la circulation sanguine et affaiblit le cœur. Selon l’OMS, le risque de mortalité cardiovasculaire augmente de 30 % chez les personnes sédentaires. Ces dernières voient aussi diminuer leur capacité à réguler le taux de sucre dans le sang. La véritable épidémie de diabète de type 2 qu’on observe aujourd’hui est directement liée à la sédentarité grandissante de nos sociétés. Longtemps cantonnée aux plus de 40 ans, cette maladie touche désormais, en lien notamment avec le temps passé devant les écrans, des jeunes de moins de 20 ans. Il faut mesurer les conséquences de cette catastrophe sanitaire : le diabète est le vecteur de nombreuses pathologies secondaires pouvant affecter les nerfs, les yeux, les reins. Il peut aussi déboucher sur des amputations, des infarctus, des AVC ou encore des troubles sexuels. De plus en plus d’études établissent par ailleurs des liens entre sédentarité et cancers – notamment le cancer du sein –, troubles digestifs, inflammations et fatigue chroniques, maladies neurodégénératives ou auto-immunes, etc.
En sus, les chiffres de l’obésité n’explosent-ils pas ?
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