Un entretien publié le 19 septembre 2024 par l'hebdomadaire Paris Match Belgique et le 23 septembre 2024 par le site Paris Match.be
Voltaire affirmait : "J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé." Il avait tout compris ! De plus en plus de preuves scientifiques montrent que l'apaisement de l'esprit, la régulation des émotions et la santé du corps forment un tout. Entretien avec Nathalie Rapoport-Hubschman, psychothérapeute et auteure du livre "Vivre en accord avec soi", qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob.
L'écrivain américain Mark Twain se moquait un peu de lui-même en disant : "J'ai rencontré beaucoup de problèmes dans ma vie, dont la plupart ne se sont jamais produits." Ce propos que vous citez dans votre dernier ouvrage pourrait être revendiqué par beaucoup d'entre nous. L'humain aurait-il une fâcheuse tendance à se laisser dominer par ses pensées négatives ? Notre espèce manque-t-elle d'optimisme ?
Nathalie Rapoport-Hubschman. Oui, nous manquons souvent d'optimisme. Cette phrase de Mark Twain met en perspective une part importante du fonctionnement humain, ce biais de négativité qui est présent chez chacun d'entre nous. Par habitude, par automatisme, nous avons une tendance naturelle à nous laisser absorber par des pensées négatives et, finalement, nous perdons de vue ce qui va bien. Par ces mots que j'aime beaucoup, l'écrivain voulait dire – avec raison – que nous devons élargir notre vision, en n'étant pas uniquement fixés sur ce qui pourrait aller mal. Changer de perspective demande évidemment un effort. Le premier pas pourrait être une simple réflexion : se rappeler de quelques-unes de nos pensées négatives récentes, par exemple à propos de tâches à réaliser ou de personnes à rencontrer… Ne constatez-vous pas que, très souvent, ce que vous aviez redouté s'est bien mieux passé que vous ne l'aviez anticipé ?
"Être optimiste peut s'apprendre, je n'ai aucun doute là-dessus", écrivez-vous. Adopter une vision plus confiante du monde et des autres, mais aussi de soi-même, est-ce possible pour la plupart d'entre nous, à tout âge ?
J'en ai la conviction. Bien sûr, nous ne sommes pas tous identiques, mais il est toujours possible de muscler nos capacités d'optimisme. La bonne nouvelle, c'est que cela crée un cercle vertueux, un effet d'entraînement : plus vous êtes optimiste, plus votre cerveau s'habitue à l'être. Les connexions cérébrales qui sont activées par cet état d'esprit ressemblent aux chemins de campagne qui sont plus ou moins utilisés. Sur les sentiers les plus empruntés par les randonneurs, les hautes herbes ont été écrasées, elles ne repoussent plus, la voie est dégagée, on avance plus facilement. De même, quand on utilise souvent les mêmes systèmes neuronaux, l'information y circule avec plus de fluidité.
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